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Billet de blog 7 septembre 2025

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L'inaction face au harcèlement de Caroline Grandjean : un cri du cœur.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mon cœur de Cantalou est lourd. L'histoire de Caroline Grandjean, cette enseignante dont la vie a été fauchée par le harcèlement homophobe, me bouleverse et me met en colère. J'ai le sentiment qu'une chape de plomb est tombée sur notre région, et je me sens obligé de briser ce silence. J'ai d'ailleurs écrit deux articles sur Mediapart pour tenter de comprendre et de dénoncer cette situation, ainsi qu'un autre sur le groupe Facebook "Mauriac et sa région" pour partager ma peine et mes interrogations avec mes concitoyens.

Je ne peux m'empêcher de me questionner sur la passivité qui a entouré cette affaire. Comment est-il possible que dans un département comme le nôtre, où le lien social est si fort, personne n'ait rien vu, rien entendu ? Le harcèlement qui ciblait Caroline était connu. Un corbeau sévissait depuis des années, multipliant les courriers anonymes et les menaces. Et pourtant, un silence assourdissant a prévalu. Cette passivité locale est une blessure supplémentaire, car elle a pu laisser Caroline se sentir seule et abandonnée face à son calvaire.


Le rôle de la gendarmerie et de la justice

Et que dire de la gendarmerie locale ? On nous vante sans cesse les moyens d'investigation modernes. Une simple analyse graphologique ou des recherches poussées sur le papier, la police scientifique, la balistique... La gendarmerie dispose d'une myriade de technologies pour remonter à une source, même anonyme. Et pourtant, après des années de plaintes répétées de la part de Caroline, on nous explique qu'il était impossible de trouver ce corbeau. J'ai du mal à le croire, et cette impuissance supposée laisse un goût amer. On a l'impression que la volonté d'aboutir n'était pas là, que l'on n'a pas pris la situation au sérieux dès le début.

Quant à la justice, le sentiment d'abandon est encore plus fort. Caroline a porté plainte à plusieurs reprises, mais ses dossiers ont toujours été classés sans suite. C'est une humiliation de plus pour une victime qui cherche désespérément de l'aide auprès des institutions censées la protéger. Comment la justice peut-elle ignorer à ce point les appels au secours répétés d'une personne en détresse ? Cette passivité de l'appareil judiciaire a, je le pense, joué un rôle tragique dans la décision de Caroline de mettre fin à ses jours. On ne peut pas demander à des victimes de faire confiance en la justice quand celle-ci les abandonne ainsi.

Et puis, il y a ce délai incroyablement court entre son décès et son incinération. Trois jours seulement. Après une autopsie, la restitution du corps pour l'incinération a eu lieu le 4 septembre. Ce n'est pas illégal, je le sais, mais ça me questionne profondément. Ai-je tort de penser que ce court délai a quelque chose de troublant, comme si la justice avait voulu se débarrasser du dossier rapidement pour l'étouffer ? C'est le sentiment que j'ai, et c'est une pensée qui me hante, comme si on voulait effacer les traces d'un drame bien trop dérangeant pour notre tranquillité.


Un adieu et un espoir

Dans ces moments de douleur et de colère, les mots me manquent. Je me sens démuni, comme si tout notre système avait failli à protéger une des nôtres.

Je souhaite adresser mes plus sincères condoléances à son épouse et à toute sa famille. Que votre courage soit votre plus grande force dans cette épreuve. Je vous assure que pour certains d'entre nous, son combat ne sera pas oublié. Il nous incombe de faire en sorte que plus jamais une personne ne soit poussée à une telle extrémité.

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