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Germain Filoche Le Toullec

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Billet de blog 18 octobre 2022

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5 bonnes raisons de soutenir la grève des lycées professionnels ce 18 octobre

Quand Emmanuel Macron dit : « On a un tiers de nos lycéens qui passent par le lycée professionnel, notre devoir c’est de le rendre plus fort », il soulève l’unanimité des syndicats contre sa réforme. Pourquoi?

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Les axes de la réforme de la voie professionnelle sont : 
- augmentation de 50% des périodes de stages en entreprise
- adéquation des formations aux besoins locaux des entreprises
- gratification des stages de 200 euros pour les mineurs et 500 pour les majeurs

Si ces mesures peuvent paraître sensées de prime abord, on peut identifier au moins 5 raisons de soutenir le mouvement initié par l'intersyndical de la voie professionnelle ce 18 octobre.  

1. Un enjeu de service public.

Les CFA sont des organismes privés. Un rapprochement lycée professionnel et CFA mettrait à mal le statut même des établissements publics et celui des agents également. A l’heure actuelle, il y a déjà 30% des professeurs de lycée pro contractuels, cela ne favorise ni la stabilité des équipes pédagogiques ni le bien-être des agents. Le rectorat de Paris vient d’annoncer la fermeture de plusieurs établissements professionnels dès 2023. En parallèle, les CFA poussent comme des champignons. 

2. Un enjeu de qualité des diplômes.

Une diminution des enseignements généraux et professionnels reviendrait à diminuer les exigences lors des épreuves du bac et la chances de poursuite d’études. Les connaissances générales font partie des compétences professionnelles. Les lycées pro sont d’abord des lycées de remobilisation et l’exigence est un élément de motivation. Baisser la qualité des diplômes, c’est aussi diminuer le niveau de motivation des élèves. 

3. Un enjeu d’insertion professionnelle.

Une adéquation entre formation et bassin d’emploi limite les mobilités et assigne les jeunes à certaines tâches. Les mutations permanentes du monde du travail nécessitent une polyvalence qu’il faut prévoir. S’il est nécessaire de revoir la carte des formations pour la faire évoluer, cela doit se faire de manière concertée avec les syndicats.

Illustration 1
Rassemblement lors des Etats Généraux de la Voie Professionnelle en avril 2018 © anonyme

4. Un enjeu de citoyenneté.

Diminuer le temps d’enseignement en lycée pro revient à diminuer les projets pédagogiques, les cours d’éducation civique, l’impact de la démocratie lycéenne. Il faut savoir que les disciplines essentielles à la citoyenneté comme l’histoire, la littérature, les sciences ont des programmes déjà bien minces depuis la dernière réforme Blanquer de 2018.

5. Un enjeu social.

On sait que la reproduction sociale bat son plein en lycée professionnel. Quand on est issu de milieux défavorisés, on a 93% de chances de plus d’aller en lycée pro. Pour revaloriser la filière professionnelle, il faudrait une formation de qualité et des enseignements méthodiques et complets. Il faudrait également revaloriser les métiers qui en sont les débouchés et cela nécessite de préserver le droit à la retraite et d'augmenter les salaires. Aucune des propositions du gouvernement ne semble lutter contre la reproduction sociale. 

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