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Recomposition des familles des métiers, diminution des volumes horaires, réduction des marges de manœuvres pédagogiques, les axes de la réforme ont été nombreux. La réforme Blanquer dite "TVP" a contraint les établissements à accueillir divers publics, notamment les apprentis dans les classes. Les épreuves ont également été modifiées et le niveau attendu n'est pas forcément celui de l'excellence. Tour d'horizons des partisans et des détracteurs de la réforme.
Les syndicats mitigés.
>> Le SNUEP-FSU a réalisé un grand travail d'analyse de la réforme auprès des enseignants. L'enquête pilotée par Harris Interractive est passionnante. On apprend notamment que "trois quarts d’entre eux dénoncent la perte d’heures allouées ainsi que la qualité des programmes et des référentiels".
>> L'UNSA déplore la baisse des effectifs des élèves, soit 11 000 en moins à la rentrée 2021. Le syndicat regrette également la rigidité exigée au niveau du calendrier des stages (PFMP). Elle confie aussi le fait que le chef d’œuvre n'a pas pour l'instant accompli ses objectifs de revalorisation de la voie professionnelle. Chiffre intéressant, l'UNSA précise que "80 % des élèves se retrouvent dans 10 formations que ce soit en bac pro ou en CAP". La question de l'orientation et du choix de l'élève peut ainsi être posée. Cependant l'UNSA défend certains points de la réforme.
>> La CGT dénonce la manière dont les épreuves sont conduites, notamment celles qui ont lieu en cours de formation. Il est vrai que les oraux du chef d’œuvre sont organisés par les enseignants sans qu'ils aient de rémunération en contrepartie de ce travail supplémentaire comme le rappelle l'intersyndicale.
>> Le SNETAA-FO qui avait pourtant soutenu la réforme Blanquer dénonce aujourd'hui un tout-apprentissage illusoire et demande à revoir l'ensemble de la politique de formation professionnelle.
Les think-tank haussent le ton.
>> La fondation Jean Jaurès publie une tribune du collectif "Une voie pour tous" qui décrit très précisément le processus de relégation de la voie professionnelle et conclut sa démonstration en exigeant "de faire du bac professionnel une chance".
>> Daniel Bloch, le "père du bac professionnel", explique sur le site Terra Nova qu'il faut "un nouveau souffle pour le lycée professionnel" et avance d'ores et déjà plusieurs pistes à ce sujet.
Les députés pour l'instant silencieux.
Enfin, qu'en est-il du côté des élus? La réponse n'est bien sûr pas figée et il faudra attendre que les députés se mettent au travail dans cette nouvelle législature. Notons tout de même qu'est parue une tribune en novembre dernier signée de plusieurs élus de l'Assemblée nationale dont certains issus de la majorité présidentielle. Et cette tribune était sans équivoque : il faut réformer le lycée professionnel. Ce mot d'ordre a d'ailleurs été repris par plusieurs candidats lors de l'élection présidentielle, au point d'en faire un sujet de campagne comme le soulignait un article du Monde.
Manifestement, quatre ans après, la réforme Blanquer ne semble toujours pas convaincre.