À partir de 1967, la saveur de l’attente s’est gâtée
comme un vin trop vieux. De ce bonheur d’antan,
il ne me reste que le souvenir. Douceur enfouie,
brûlure profonde, avivée par l’exil qui transforme
la mémoire en glace.
Liana Badr, Etoiles sur Jéricho.
Depuis la Nakba (catastrophe de 1948), les Palestinien·nes ont compris que désormais leur destin ne sera plus celui de leurs parents ou de leurs grands-parents qui sont partis de Palestine pour ne pas mourir, mais dans l’espoir de revenir. Aujourd’hui, après 470 jours de guerre israélienne meurtrière contre Gaza et dès le début du cessez-le-feu, presque un million de Gazaoui·es, après avoir fui le nord, sont en train de le regagner, même si ils et elles étaient sûr·es de ne trouver que des décombres, même si ils ou elles ne pouvaient même pas espérer avoir des tentes qui les protègeraient d’un climat froid et pluvieux, mais de toute façon plus clément que les bombes, dont l’armée israélienne s’est employée à arroser indistinctement maisons, arbres, récoltes, hôpitaux, écoles, universités, églises, mosquées, personnes âgées, femmes, jeunes et enfants. Il nous était devenu insoutenable de regarder des jeunes gens tirer des cadavres de sous les décombres lorsqu’ils en avaient la possibilité ou le temps, pour les ranger auprès d’autres cadavres, faire une petite prière, puis les enterrer n’importe où, n’importe comment.
En regardant ces images, une seule interrogation nous taraude : que s’est-il passé pour que nous en soyons là ? Une réponse unique s’impose : les choses n’arrivent jamais subitement et sans antécédent, car l’indifférence, la lâcheté, le cynisme, le pouvoir de l’argent, la perte des repères, la spoliation des valeurs auxquelles nous avons toujours cru et que nous avons toujours défendu ne sont-ils pas les conséquences d’une démission et d’un sentiment général d’impuissance ? Que s’est-il donc passé pour que Trump soit réélu une seconde fois dans les conditions que nous connaissons ? Pour que la gauche soit aussi démantelée en France, en Europe et dans le monde et que les extrêmes-droites y gagnent du terrain d’une manière si inquiétante ? La liste pourrait être encore beaucoup plus longue, mais aujourd’hui nos yeux sont braqués sur les Gazaoui·es qui reviennent vers le nord pour vivre sur les décombres. Braqués également sur Israël qui continue d’interdire la livraison promise des tentes, des médicaments et des vivres, et sur Donald Trump qui propose d’acheter Gaza et d’en faire un lieu de rêve. Quant aux Palestinien·nes de Gaza, il les invite à aller vivre en Jordanie et en Egypte, puisque les Etats-Unis donnent des milliards à ces deux pays. Netanyahou surenchérit : et pourquoi n’iront-ils pas s’installer dans le vaste désert d’Arabie ? Et si les élucubrations de Trump et de Netanyahou devenaient réalité, la réponse de l’Europe refusant fermement le départ de leur pays des deux millions et demi de Palestinien·nes est-elle assez claire, assez engagée ? Qu’attendent les pays arabes du Golfe pour dire à Trump : « Ne donnez plus de milliards à la Jordanie et à l’Egypte, nous nous en chargerons » ? A quel moment les régimes arabes vont-ils cesser de trahir la cause palestinienne en l’instrumentalisant ? Pour quelle raison les peuples arabes ne descendent-ils pas dans les rues pour soutenir leurs frères et sœurs palestinien·nes ? Ont-il encore quelque chose à perdre ? N’auront-ils pas plutôt tout à gagner s’ils se révoltent contre le silence coupable, les manœuvres et la démagogie éhontée de leurs dirigeants ? Qu’attendent l’autorité palestinienne et Hamas pour construire une unité nationale vivement souhaitée par tout le peuple palestinien ? Est-il difficile de comprendre aujourd’hui que le gouvernement Netanyahou ne cessera plus jamais ses agressions multiples et diversifiées parce qu’il considère que tou·te Palestinien·ne qui demeure sur la terre de Palestine est considéré par Israël comme un ou une potentiel·le ennemi·e ?
Parmi les Arabes ou Franco-arabes, nous avions été nombreux·ses pour dire et écrire que le 7 octobre, Hamas a commis un crime de guerre contre Israël et les Israélien·nes. Mais qui oserait aujourd’hui faire le bilan de tous les crimes perpétrés par Israël contre le peuple palestinien depuis 1948 ? Qui va pouvoir briser le mur de silence construit par Israël autour de la Palestine et des Palestinien·nes ? Depuis le cessez-le-feu à Gaza, Israël s’acharne à nouveau, mais cette fois-ci avec une violence sans précédent, contre les Territoires Occupés. La presse française et internationale garde le silence sur cette autre tragédie qui vient s’ajouter à celle de Gaza. Cette situation qui dure depuis bien longtemps nous fait penser aux paroles de Malcolm X : « Si vous n’êtes pas vigilants, les journaux vous apprennent à détester les opprimés et à aimer ceux qui les oppriment. »
L’ennemi utile
Ariel Sharon était encore au pouvoir lorsque Pascal Boniface en 2003 formule quelques critiques à l’encontre de l’Etat d’Israël. Les attaques virulentes dont il fut l’objet le poussèrent à écrire ceci : « Les Juifs de France sont divers, beaucoup d’entre eux critiquent le gouvernement d’Israël et se rattachent au parti de la paix, tandis que la droite et l’extrême-droite ont lancé sur la « communauté » une OPA intolérante, visant à rallier tous les Juifs français à un soutien inconditionnel envers la politique de la droite israélienne. Dès lors, toute critique de la politique israélienne, toute tentative de traiter du conflit israélo-palestinien est assimilée à une volonté de détruire Israël et à une position antisémite. » [1]
Par ailleurs, en 2020, dans son livre « l’Etat d’Israël contre les Juifs » [2], Sylvain Cypel dénonce la politique au double visage de Netanyahou. Après la victoire de Hamas aux élections en 2006, Benjamin Netanyahou, écrit-il, a ensuite tout fait pour préserver le pouvoir de Hamas sur Gaza ! L’historien israélien Adam Raz a amplement documenté cette stratégie de l’ennemi utile. Lors d’une réunion de son parti en mars 2019, Netanyahou déclarait : « Ceux qui veulent empêcher la création d’un Etat palestinien doivent soutenir le renforcement du Hamas (…) cela fait partie de notre stratégie : séparer les Palestiniens de Gaza de ceux de Judée-Samarie (Cisjordanie) [3]. » Son conseiller, le général Hacohen, enfonçait le clou : « Disons la vérité. La stratégie de Netanyahou est d’empêcher l’option à deux Etats. Il fait donc du Hamas son partenaire le plus proche. Le Hamas est ouvertement un ennemi. Secrètement, c’est un allié. »[4]
Plus loin, Sylvain Cypel critique la démocratie israélienne en déliquescence. Il cite Gidéon Levy qui est, selon lui, une « figure médiatique de la dissidence ». Celui-ci écrit : « Les Israéliens ne voient pas en face d’eux des êtres humains. A Gaza, des tireurs d’élite abattent des manifestants « comme s’ils étaient au stand de foire » et la plupart des médias applaudissent. Si des Israéliens s’élèvent contre ce mal, c’est parce qu’ils appartiennent encore à la « gauche morale », mais, ajoute-t-il, il s’agit là « d’une espèce en voie de disparition »[5].
Enfin, Sylvain Cypel insiste beaucoup sur le danger de la propagation du « racisme antimusulman » qui tôt ou tard, débouchera sur un « racisme antisémite » : « C’est que les institutions juives françaises et leurs partisans refusent de considérer, sans comprendre que l’islamophobie constitue une composante de plus en plus centrale de la vulgate pro-israélienne et que, ce faisant les Juifs qui y adhèrent se tirent une balle dans le pied. »[6]
Sans aucune prétention exhaustive, nous souhaitons par solidarité et fidélité à la cause palestinienne, faire entendre les voix de quelques Palestinien·nes qui par leurs paroles, leurs écrits et leurs analyses ont toujours reflété avec force, déchirement et dignité l’actualité qu’ils et elles traversent ou celle qu’ils ou elles augurent.
Etranger·es sur leur propre terre
Des Palestinien·nes bien avisé·es, ont rapidement compris les intentions du colonisateur sioniste formulées depuis le 19ème siècle et qui consistent non seulement à occuper la Palestine, mais à la vider de tous ses habitants. Nous pouvons dire que cette idée est le leitmotiv et le cœur du livre passionnant d’Elias Sanbar « Figures du Palestinien » [7], car les trois figures que l’auteur dégage pour nous de cette œuvre foisonnante d’informations et d’analyses historiques éclairantes, nous mènent toujours à ce destin tragique vécu par les Palestinien·nes. La première figure est celle des gens de la Terre Sainte. Cette terre unie dans sa diversité favorisait « une symbiose dont on chercherait vainement les équivalents en d’autres sociétés », atteste l’historien Claude Cahen, lorsqu’il dresse un état des lieux de la Palestine du Moyen-âge. La deuxième figure est celle des Arabes de Palestine, du temps du mandat britannique, lorsque se bâtit le « foyer sioniste », ils sont pris dans la double tourmente des colonialismes britannique et juif et deviennent, malgré résistance et révolte, des étrangers sur leur propre terre. L’idée du « transfert des Palestiniens ne naîtra donc pas d’un néant ». L’Angleterre en sera la championne. Elias Sanbar nous rappelle que l’opposition palestinienne au mouvement sioniste naît bien avant la publication en 1896 de l’Etat des Juifs, de Théodore Herzl. « En fait, écrit Elias Sanbar, les Palestiniens pressentent dès les premières vagues de colonisation et la fondation des premières colonies la nature spécifique du danger qui les guette, celui de leur remplacement sur leur terre. »[8]
« Dans le projet sioniste, ajoute-t-il, les Palestiniens n’apparaissent jamais en tant que peuple détenant des droits sur sa terre. Tandis que le texte de la promesse Balfour fixe le statut des Palestiniens : ils seront désormais définis comme les communautés non-juives présentes en Palestine. [9] Ben Gourion accepte le plan de partage de l’ONU, mais avec toujours « un double langage » : « Tel sera, explique Elias Sanbar, la différence fondamentale entre sa tactique d’étapes et la cible stratégique entre un foyer national né du partage et le foyer national à naître de l’expulsion, entre un Etat à majorité juive et l’Etat exclusivement juif d’où les autochtones auront disparu. » [10]
La troisième figure du Palestinien est la plus poignante parce qu’elle est définie par l’auteur comme celle de l’absent : « La conclusion est dès lors absolue : la Palestine a été « bradée » à l’ennemi et toute la planète a trempé dans le « vol ». [11] Cette figure a plusieurs déclinaisons dont la plus frappante est « la disparition des lieux et des noms de lieux. » Cette disparition est perçue par les Palestiniens comme le plus grand des périls (…) la lutte pour la survie, c’est « préserver le nom dans son temps historique et à venir. Préserver le nom dans son lieu (…) une évidence en somme : la Palestine ne peut être sauvée qu’en Palestine. » Ainsi, la Nakba revêt tout son sens car elle a été l’occasion idéale pour Israël d’enterrer le vocable palestinien : la disparition des noms et des lieux va permettre la disparition, voire l’oubli de tout un peuple. « Les expulsés de 1948 seront des « réfugiés arabes », les Palestiniens demeurés en Israël seront des « Arabes d’Israël » et ceux de Cisjordanie et de la bande de Gaza, rattrapés 20 ans plus tard en juin 1967, par la machine de guerre et d’occupation, deviendront des « Arabes de Territoires ». [12]
Souviens-toi, mon fils
La dernière guerre débute du côté israélien le 9 octobre, au lendemain d’un crime de guerre commis par Hamas. [13]
Si Elias Sanbar tient à souligner dans son tract la responsabilité de Hamas, il ne le fait qu’après avoir, quelques pages auparavant, précisé que cette « guerre qui culmine aujourd’hui à Gaza est aussi une guerre contre la Palestine, toute la Palestine. Le fait que ces terrains soient d’inégale intensité ne changent rien à la finalité d’une entreprise d’annihilation, de destruction des Arabes de Palestine. » [14] Il est convaincu « que le nettoyage ethnique des Palestiniens par les Israéliens est « en cours ». C’est pourquoi il tient à revenir aux origines, c’est-à-dire à la Nakba de 1948, quand sa mère le porta vers un exil que ses parents pensaient de courte durée. C’était un matin d’avril 1948, il avait 14 mois, 76 ans déjà : « J’étais parti dans les bras de ma mère, à bord d’un convoi de véhicules escortés de blindés anglais, qui déchargea au poste frontière de Naqoura, au sud-Liban, « l’excédent de sa cargaison » de femmes et d’enfants. » [15] Mais la dernière guerre aura-t-elle une fin ? Le narrateur nous confie son désir de revenir à Gaza : « J’ai besoin de revenir à Gaza, dans la bande de terre étroite et pauvre, peuplée par ses hommes, ses femmes et ses enfants martyrs. Ce peuple, le mien, je l’appelle depuis des années « les Peaux Rouges de Palestine » et je suis atterré de voir comment Gaza subit le sort autrefois réservé aux « réserves indiennes ». Cette tragédie palestinienne qu’Elias Sanbar a vécue dans sa chair d’enfant qui ne cesse d’interroger, trouve un écho non moins déchirant dans la voix du père dans « Le bien des absents » [16] : « Souviens-toi, mon fils, souviens-toi que nous n’avons jamais vendu nos terres. » Cette phrase, mon père me l’a répétée mot pour mot, mon enfance durant ! En un éclair, une question s’impose à moi, nous avions l’habitude de dire : « les Palestiniens sont les Juifs des Israéliens et s’ils étaient en réalité leurs « Peaux-Rouges » ? [17]
La défaite de 1967
Lorsque nous sommes originaires du Proche-Orient et que nous pensons à la guerre de 1967, une seule idée nous obsède. Comment a-t-on pu perdre à la fois Jérusalem et les Territoires en Palestine, le Golan en Syrie et le Sinaï en Egypte ? Que fabriquaient les dirigeants de nos pays pour que le résultat de cette guerre soit aussi désastreux, aussi humiliant ? Comment ont-ils échoué encore une fois à défendre nos frères et nos sœurs palestinien·nes ? Les conséquences ont pétrifié les peuples syrien, égyptien et jordanien, mais nous étions loin de deviner les ravages subis par les Palestinien·nes avant d’en parler avec eux et elles ou avant d’en découvrir les échos dans leurs poèmes et leurs récits : « En 1967, une nouvelle ère s’ouvrait pour Jéricho, l’ère du calvaire. Nous sommes devenus vents, comme avant la Genèse », écrit Liana Badr dans son récit « Etoiles sur Jéricho », puis elle ajoute « Comment oublier les corps gisant au bord des routes, les milliers de personnes qui les piétinent, la ruée vers un abri. Cadavres de femmes, d’enfants et d’hommes nus dans la poussière, les buissons, les pierres. Jamais je n’aurais pensé qu’en courant pour échapper aux bombardements aériens, j’emprunterai une route ensanglantée, jonchée de lambeaux humains calcinés. Irréelle, cette odeur de chair humaine carbonisée qui régnait autour de nous quand nous nous jetions sur la chaussée, cherchant quelques pierres pour nous protéger des cyclopes de l’air qui nous pourchassaient en rugissant. » [18] Puis, dit la narratrice un peu plus loin, comme pour nous rappeler que les soucis d’une Palestinienne ne s’arrêtent pas avec la guerre : « Lorsque je fus convoquée au poste de police au sujet des manifestations, je m’attendais à des gifles, à des coups de pieds. Rien de tout cela. Mais je leur dois d’avoir passé la moitié de ma vie à pleurer, après la défaite. » [19]
Jérusalem, Haïfa, Tibériade, Nazareth et Saint-Jean d’Acre…, cités à jamais perdues
L’exil, la nostalgie, la colonisation, le déracinement… jalonnent la vie d’Edouard Saïd : « Je me suis donc vu raconter, écrit-il, l’histoire de ma vie, avec en toile de fond, la seconde guerre mondiale, la perte de la Palestine, la création d’Israël, la fin de la monarchie en Egypte, les années Nasser, la guerre de 1967, la naissance du mouvement palestinien, la guerre civile du Liban et le processus de paix d’Oslo. » [20] Son récit personnel traversé par une relation complexe et riche avec sa mère, difficile avec son père, il nous le confie avec une profonde sincérité qui lui permet de communiquer non seulement ses émotions mais aussi ses agacements, ses frustrations et ses révoltes. Néanmoins, c’est son rejet de la colonisation qui assombrit souvent son existence : « J’ai découvert une fois encore que le réseau de villes et de villages où habitaient autrefois tous les membres de ma famille, au sens large du terme, était devenu un ensemble de localités israéliennes – Jérusalem, Haïfa, Tibériade, Nazareth et Saint-Jean d’Acre – dans lesquelles les minorités palestiniennes vivent sous la souveraineté d’Israël. (…) Vers le début du printemps 1948, toute ma famille avait été balayée de cette région, contrainte depuis lors à vivre en exil. Pourtant, en 1992, et pour la première fois depuis notre départ en 1947, j’avais pu visiter la maison de ma famille où je suis né dans Jérusalem-Ouest, la maison d’enfance de ma mère à Nazareth, la maison de mes oncles à Safad et ainsi de suite. Toutes étaient maintenant occupées par de nouveaux habitants et une émotion indéfinissable m’a littéralement paralysé, m’empêchant d’y entrer une fois encore, même pour jeter un simple coup d’œil. » [21] Vient par la suite l’expression de la douleur provoquée par le déracinement et l’exil. « J’ai encore du mal à accepter le fait que ces quartiers même de la ville où je suis né, où j’ai vécu et où je me suis senti chez moi aient été colonisés et conquis par des émigrés polonais, allemands et américains, pour faire de cette cité le symbole unique de leur souveraineté, sans laisser la moindre place à la vie palestinienne qui semble avoir été confinée dans la partie orientale de la ville que j’ai à peine connue, Jérusalem-Ouest est devenue entièrement juive, ces habitants d’origine expulsés à jamais, dès mi-1948. » [22]
« Nous n’avions jamais imaginé que nous finirions par en payer le prix »
En évoquant la période d’entre-deux guerres, Sirine Husseini-Shahid exprime sa tristesse et son attachement douloureux à Jérusalem qu’elle va finir par perdre définitivement : « Nous étions informés, bien sûr, de ce qui se passait en Allemagne, mais nous n’avions jamais établi le lien entre ces événements et notre existence personnelle, et n’avions jamais imaginé que nous finirions par en payer le prix. » [23]
En 1948, la guerre de Palestine éclata et la majeure partie du pays fut occupée par « la nouvelle entité juive, Israël », le quartier de Jérusalem où se trouvait la maison de Sirine tomba aux mains des Israéliens. Le cyclone qui s’était abattu sur la Palestine avait dispersé ses habitants de par le monde, le père de Sirine littéralement hébété, ne fut plus jamais le même par la suite. Depuis 1947, les Israéliens occupent l’intégralité de la ville, mais les yeux de Sirine restent toujours rivés sur son ancienne maison. « Nous entendîmes mère demander poliment mais fermement : « M’autorisez-vous à voir l’intérieur de ma maison ? » – « Votre maison ? » suffoqua la femme. « Mais nous l’avions achetée. » – « Je ne l’ai pas vendue », lui répondit mère. [24] (…) « A chaque coin de rue, écrit Sirine, des images de l’occupation militaire israélienne nous sautaient au visage, à chaque coin de rue, c’était le passé qui ressurgissait, notre émotion était si vive que c’est à peine si nous échangions quelques paroles. Si nous avions essayé de parler, nous aurions eu de la peine à maîtriser notre chagrin, le silence était notre meilleure défense. » Enfin, l’exil n’est pas évident même dans un pays frère. En 1975, Sirine raconte son exil libanais : « Cela faisait plus de 40 ans que je vivais au Liban, j’avais un passeport libanais, j’avais appris à apprécier la générosité et l’amitié de ce peuple, mais je restais Palestinienne de cœur, non seulement parce que la Palestine était mon pays d’origine, mais parce qu’elle avait disparu et que j’espérais de toute mon âme la voir renaître un jour. » [25]
L’intifada vient secouer la terre et dépoussiérer les âmes
Dans son roman l’impasse de Bab Essaha, [26] Sahar Khalifa fait exploser la révolte des femmes contre leur destin doublement tragique parce que Palestiniennes vivant dans un pays colonisé et parce que femmes devant subir le poids d’une tradition patriarcale ancestrale : « Elle comprit qu’elle était encore empêtrée dans un cercle fermé de nœuds et de relations complexes. Ici, dans cette maison elle n’était pas plus qu’un insecte dans une toile d’araignée. Où passaient alors ses idées et ses théories ? (…) Contrairement à la morale, la religion ou l’esthétique, les questions politiques peuvent être tranchées. Pas celles des traditions et de la femme. » [27]
Il est interdit de manifester, disaient les frères à leurs sœurs, avant de se raviser, surpris que les manifestations parviennent aux femmes jusqu’au fond des maisons, mais grâce à l’intifada, la narratrice comprend qu’« elle avait un monde que personne ne pouvait lui ravir. Elle avait sa conscience, ses fardeaux, une patience de chameau, une peau de reptile et de tortue (…) Dans une révolution, on naît cent fois et on meurt des milliers de fois. La révolution n’est pas une fusée, mais un fleuve qui coule. » [28]
L’intifada est rattrapée par la « peur », nous confie la narratrice : « J’ai peur de rester, de fuir, je crains que la nuit m’emporte, que j’oublie mes promesses. » [29] Une prise de conscience aigüe de la réalité ne se contente pas de révéler un seul visage de la répression, celle du colonisateur sur la colonisée, mais aussi celle de l’homme sur la femme et parfois même celle de la femme sur sa propre fille : « Nous constatons que la répression ne provient pas seulement de l’homme, mais aussi des femmes qui dévorent leur propre chair et jettent les os aux chiens des rues. » [30] La peur est un bouclier qui « ne protège même pas les sages, c’est ça la solution, le bouclier : mourir vivante, cesser de vivre, marcher les yeux bandés, fermer ta porte, vivre ta ruine et t’envelopper dans les couvertures de la mort. » [31]
Mais si la peur s’installe, elle engendre le désespoir : C’est sur le cri de révolte de Nouzha, un personnage de femme central et éblouissant, que se ferme le roman de Sahar Khalifa. « Où est l’issue, Miséricordieux ? Où est l’issue, ô Puissant ? A chaque journée, sa blessure nouvelle et la roue tourne et se complique. Où est la sortie ? Hier, nous étions dans la maison de Sakina, aujourd’hui nous supplions la Tunisie, avant c’était Beyrouth, et demain ce sera le désert de la Mecque et ses flots de pétrole. Préparez-vous pour la virée, que les pur-sang arabes soient bien dressés ! Ah, je crains que notre humiliation soit pire que dans les rêves. (…) Maudit soit ton père, Palestine ! Maudit celui qui t’a donné la vie ! Maudit soit ta poussière, ta terre, ton ciel et quiconque se dit Palestinien ! Tu m’as pris la mère, le père, le frère, la terre, l’honneur. Tu ne m’as rien laissé, Palestine. Que me reste-t-il, ô Palestine, ni parents, ni proches en vie. Ils sont tous partis, tous morts, tous malheureux, écartelés. Allez loin de moi, débarrassez le plancher ! (…) Assez de Dieu, de Mohamed, de Jésus, de Moïse, de la Croix-Rouge, de l’ONU. Personne ne veut voir ni entendre. Depuis quand le monde nous considère-t-il comme des humains ? Et celui qui est Assis là-haut sur son Trône, tu ne le vois pas ? Appelle-le, dis-lui : pourquoi Seigneur n’as-tu d’yeux que pour les salauds, qu’avons-nous fait ? Pourquoi nous regardes-tu de biais ? Nous sommes des pauvres sans soutien. Elle fixa Samar des yeux et la secoua : il n’y a pas que moi, toi aussi, méfie-toi pauvre débile, ne t’attache pas à l’absent. Tu crois qu’il va revenir (…) Comment peut-il marcher alors qu’il est estropié ? Comment peut-il s’envoler sans ailes ? » [32]
Presque toutes les informations historiques ou politiques sur la Palestine nous sont communiquées par des Palestinien·nes qui, avec volonté, obstination et grande précision, essaient ainsi de sauver la mémoire de la Palestine. L’historienne Sandrine Mansour-Mérien nous renseigne sur cette grande et interminable entreprise de sauvetage : « Un lieu symbolise et rassemble toute cette entreprise de sauvetage du passé : l’Institut des études palestiniennes fondé à Beyrouth en 1963 qui compile l’intégralité de ce qui touche à l’histoire de la Palestine en général, aux réfugiés palestiniens et à la Nakba en particulier, et en constitue en quelque sorte la mémoire. » Elle ajoute aussi que : « Cinq millions de Palestiniens sont éparpillés à travers la planète, principalement dans les pays arabes, mais aussi aux Etats-Unis, en Amérique latine, en Europe et en Afrique, sans oublier ceux qui ne se réclament pas du statut de réfugié mais qui, en tant que Palestiniens, ont perdu leur pays. La population palestinienne entière est estimée à plus de 10 millions d’habitants aujourd’hui. Malgré les innombrables processus et tentatives pour permettre aux Palestiniens d’obtenir un Etat sur 22 % de leur terre historique, aucun Etat libre et indépendant n’est constitué à ce jour. » [33]
Femmes palestiniennes
C’est autour du rôle incontestable des femmes palestiniennes dans l’histoire récente de la Palestine – de 1920 à nos jours – que Norma Marcos construit son livre « Le désespoir voilé » où elle brosse des portraits de femmes actives et témoins de différentes périodes : « Sans l’avoir délibérément cherché, le mouvement des femmes allait désormais constituer une part active de l’histoire du peuple palestinien. 1929, 1936, 1948, 1967 et 1987… Autant de dates – symboles de l’histoire de la Palestine – qui sont aussi celles qui ont vu les femmes palestiniennes affirmer leur rôle et pris conscience de leur capacité à participer directement aux activités économiques, politiques et sociales du pays. » [34] Grâce à son talent de cinéaste, l’auteure de ce livre réussit à tisser avec le fil de l’histoire, les souvenirs, les anecdotes et les impressions évoquées par ces personnages :
- Samiha Khalil, témoin depuis les années 1920, fondatrice de l’association caritative Renaissance de la famille, ne laisse personne indifférent. La presse locale parle constamment d’elle et elle n’hésite pas exprimer son opinion sur les événements politiques majeurs qui traversent le pays. [35]
- Rima Nasir, témoin depuis les années 30. Un demi-siècle d’expérience d’une artiste au service de son pays : « Je suis consciente, dit-elle, que le désespoir mine le moral de mon peuple. C’est pourquoi mes chansons ont depuis toujours été porteuses d’un message d’espoir. » [36]
- May Sayyegh, témoin des années 70, poétesse engagée et femme d’action politique. Elle espère que d’autres femmes pourront devenir plus tard des porte-paroles non seulement de la cause palestinienne, mais aussi et en même temps de la cause des Palestiniennes. [37]
- Zahira Kamal, témoin des années 1980-1990, mène un double combat pour la Palestine et pour les droits des femmes. Zahira est parmi les personnalités les plus actives et politiquement les plus remarquées dans les Territoires Occupés. Après l’intifada et les punitions collectives infligées par le gouvernement israélien à la population, Zahira témoigne : « Aucune famille n’a été épargnée par la répression et la vague d’arrestations, c’est pourquoi l’organisation de la désobéissance civile, visant à couper tout lien avec l’administration israélienne et à réclamer l’indépendance est devenue très difficile. Cependant, l’intifada permet que l’autorité palestinienne apprécie et reconnaisse l’importance de l’engagement politique et social de l’Union des Femmes. » [38]
- Souad Amiry, témoin des années 1980-1990, intellectuelle politisée investie dans la préservation et le progrès culturel de son pays. « Jamais dans l’histoire, on n’a vu un peuple devoir mettre en place sa propre infrastructure avec autant d’obstacles de la part d’un Etat voisin obstiné à nier son existence. Il ne serait pas juste de blâmer uniquement les dirigeants palestiniens (…), j’ai consacré 5 ans de ma vie à faire progresser le dialogue avec les Israéliens, et je suis très déçue par la gauche israélienne et les Israéliens tout court. Je croyais vraiment que nous pourrions arriver à une entente (…) notre problème avec les Israéliens est celui de la terre… mais si la terre disparaît, nous ne pouvons rien espérer. » [39]
« Dans les coulisses du Mouvement National Palestinien »
C’est grâce à son histoire familiale et à son engagement politique que Hassan Balawi nous permet d’entrer « dans les coulisses du Mouvement National Palestinien » : « A Gaza, le passé et le présent ne cessent de se répondre. Les mythes rejoignent la réalité et l’histoire la plus ancienne éclaire l’actualité. » [40]
Après nous avoir décrit les raisons multiples de la tension entre l’OLP et Hamas, il tient à ajouter : « Comme les Américains ont soutenu ceux qui allaient devenir les Talibans contre les Soviétiques en Afghanistan, Israël a utilisé Hamas contre l’OLP qui appelait à la lutte armée. » [41] Il témoigne de la diversité des Gazaoui·es qui explique à la fois selon lui, leur ouverture et leur force. Après avoir parlé de l’épanouissement de la communauté chrétienne à Gaza, il nous précise par exemple que la majorité des gens qui y fêtent Noël ne sont pas chrétiens mais musulmans. Enfin, il nous éclaire sur la nature propre de Gaza rétive à tous les pouvoirs qui ont voulu y établir leur domination : « Au cours des croisades, la ville fut la dernière de Palestine à tomber aux mains des croisés. En 1917, les Anglais mirent 8 longs mois pour la conquérir. Et dans l’histoire la plus récente, on notera que les deux intifadas y éclatèrent, qu’elle fut le théâtre des plus violents affrontements et qu’elle demeure le cœur de la résistance palestinienne. » [42]
Après avoir souligné les « erreurs d’Arafat » et les « graves erreurs de Hamas », Balawi pense qu’aujourd’hui, il est impossible d’exclure celui-ci du jeu politique. Il pense que : « Seul une OLP forte, unifiée, ayant intégré toutes les composantes politiques palestiniennes (…) pourra reprendre et faire revivre un processus de paix agonisant. Nous devons la remettre sur les rails du projet national palestinien qui défend d’une part la création d’un Etat palestinien souverain, avec Jérusalem-Est pour capitale et d’autre part, la résolution de la question des réfugiés. Il est du devoir moral humain et politique de la communauté internationale d’intervenir pour sauver Gaza, pour que cette ville, « porte de l’Asie », « pont vers l’Afrique », comme l’a qualifiée Napoléon, redevienne un carrefour de civilisation et de paix et non plus ce chaudron de tous les dangers. » [43]
« L’industrie de la cause »
La première œuvre littéraire de Azmi Bishara, « Checkpoint », raconte une Palestine désarticulée par les colonies de peuplement, les routes de contournement et le mur de séparation. Dans cette œuvre originale et singulière, l’auteur alterne des épisodes de la vie quotidienne, des portraits, des souvenirs de jeunesse, des récits absurdes, des dialogues, des méditations… Il en profite pour dénoncer avec un humour décapant le sort réservé aux Palestiniens par les « maîtres du checkpoint ». Mais il n’épargne guère son propre camp avec ses politiciens opportunistes, ses idéologues obtus et tous les autres profiteurs de « l’industrie de la cause ». [44]
L’œuvre foisonne de passages qui nous font penser aussi bien à Kafka, qu’à René Crevel ou Antonin Artaud. Mais il s’en dégage surtout une Palestine démantelée et des Palestinien·nes fièr·es mais brisé·es. Nous nous contenterons de citer un seul passage : « De nos jours, beaucoup de gens errent au pays des checkpoints à la recherche de quelqu’un qui puisse le comprendre (…) Il s’agit tout simplement de crises émotionnelles. Le matin, tout un chacun se demande s’il n’a pas perdu son humanité, chacun cherche du sens : pourquoi se lève-t-il ? Pourquoi travaille-t-il ? Quel est le but de tout cela ? (…) Tel individu dira par exemple aux médias que personne ne le comprend et qu’il vit une crise identitaire grave, ne sachant pas s’il est arabe avant tout, s’il est israélien et arabe ensuite, puis s’il est un homme ou une femme, s’il est chrétien ou musulman d’abord ou ensuite… Il affirmera que cela entrave son intégration, que les Arabes le traitent comme un Juif et les Juifs comme un Arabe. »[45]
Epouser la mémoire de l’Autre
Ilan Halevi trouve qu’à « la faveur des événements sanglants de Palestine, une idée fausse est en train de gagner du terrain jusqu’au ventre mou de l’intelligentsia française et européenne. » Comme Sylvain Cypel, il met en cause cette idée qui « prétend que toute critique de la politique israélienne renforce l’antisémitisme. Elle fait écho aux accusations classiquement lancées par le gouvernement israélien dès que ses pratiques sont contestées. » [46]
Ilan Halevi développe un chapitre sur la « formation et la déformation de la mémoire », car il s’agit pour lui de sauver la mémoire de la Palestine et des Palestinien·nes qu’Israël déforme sans cesse. Il y a, selon lui, des « démarches politiques conçues pour organiser l’oubli. » Car, ajoute-t-il « entre la mémoire et l’oubli, il y a le mensonge : la propagande et la falsification historique. » [47]
Ilan Halevi se souvient du film d’Eyal Sivan, « Izkor » (rappelles-toi), où le réalisateur nous fait assister à travers un cycle de fêtes et commémorations, comment est structurée l’année scolaire en Israël dès la crèche. C’est, ajoute l’auteur, « la fabrication d’une mémoire collective unique et standardisée, amalgamant les faits, les mythes et les prismes idéologiques permettant de les décliner en un discours unique. » [48] Halevi ajoute « Ce dont les Israéliens ont peur, n’est pas la démographie, mais la morale de l’histoire : la reconnaissance du crime, la fin de la prétention d’innocence, la fin de la bonne conscience, la fin de cette certitude du bon droit. » [49]
Avec une démarche non utopique mais généreuse, ouverte et qui ne peut s’inscrire que dans la reconnaissance de l’Autre, il nous invite à « aspirer individuellement et collectivement, à ce qu’on pourrait appeler la mémoire globale – c’est-à-dire celle qui contient aussi la mémoire reconstituée de l’Autre. Assumer la mémoire de l’Autre, en tant que sienne, c’est donner naissance au concept d’une histoire commune, où la violence subie et dispensée apparaîtrait rétrospectivement comme l’une des figures de l’interdépendance et du déchirement, c’est-à-dire à terme, comme une souffrance commune partagée. » [50]
Il est enfin intéressant de découvrir les mots que choisit l’éditeur Farouk Mardan-Bey pour parler d’Ilan Halevi : « Quand on lui demandait qui il était exactement, lui qui a tant changé de nom et de prénom, il répondait : « Je suis 100 % juif et 100 % arabe. » En fait, il n’était ni juif, ni arabe, le monde entier était sa patrie et il rêvait d’une citoyenneté universelle, libre de toute sorte de discrimination. S’il a choisi d’être Palestinien, c’est parce qu’il était convaincu que la cause palestinienne était une partie intégrante de la cause de l’émancipation humaine. » [51]
Sans aucun état d’âme, Israël continue le massacre dans les Territoires Occupés, comme il l’a déjà fait – peut-être il continuera à le faire – à Gaza. Ce qui est inquiétant, ce ne sont pas seulement les agissements d’Israël, mais aussi le silence coupable et complice de ses amis inconditionnels. Ce qui encore plus inquiétant, c’est l’apathie et la lâcheté des amis de la Palestine et des Palestinien·nes. Comment allons-nous sortir de cette impasse qui bloque nos indignations, nos clairvoyances, nos intelligences et nos solidarités ? Nous sommes Arabes et Français, mais nous sommes aussi citoyen·nes de ce monde qui vacille sous nos pas et où tout ce à quoi nous avons cru et défendu depuis notre adolescence est en train de s’effondrer. Les guerres meurtrières sont-elles vraiment les seules issues de nos dérives ? N’y a-t-il vraiment plus une solution pour la paix que des hommes et des femmes de bonne volonté vont réussir à construire ? Notre devoir de citoyen·nes est de continuer à croire à ce qui nous a toujours réuni, contre toute discrimination, toute injustice et pour la liberté et la dignité.
Ghaïss Jasser
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Notes
[1] Pascal Boniface, Est-il permis de critiquer Israël ? Ed. Robert Laffont, 2003, 4ème de couverture.
[2] Sylvain Cypel, l’Etat d’Israël contre les Juifs, après Gaza. Nouvelle édition augmentée, Ed. la Découverte, 2020, 2024.
[3] Adam Raz, A brief history if Netanyahou-Hamas alliance, Haaretz, 20/10/2023, in L’Etat d’Israël contre les Juifs, op. cité, p. 20.
[4] Dimitry Shumsky, Why did Netanyahou want to strengthen Hamas ? Haaretz, 11/10/2023, in L’Etat d’Israël contre les Juifs, p. 21.
[5] Gidéon Levy, It is not Netanyahou, it is the nation, Haaretz, 5/05/2018, in L’Etat d’Israël contre les Juifs, p. 199.
[6] Sylvain Cypel, op. cité, p. 324.
[7] Elias Sanbar, Ed. Gallimard, 2004.
[8] Op.cité, p. 91. C’est nous qui soulignons.
[9] Op. cité, p. 101. C’est nous qui soulignons.
[10] Op. cité, p. 143. C’est nous qui soulignons.
[11] Op. cité, p. 218.
[12] Op. cité, p. 220.
[13] Elias Sanbar, la dernière guerre, « Tract Gallimard n° 56 », 1956, Palestine 7 oct. 2023-2 avril 2024, Ed. Gallimard, p. 16.
[14] Op. cité, p. 5.
[15] Op. cité, p. 4.
[16] Elias Sanbar, le bien des absents, récit, Actes Sud, 2001.
[17] Le bien des absents, p. 95.
[18] Liana Badr, Etoiles sur Jéricho, Ed. Cambourakis, 1993, pour la traduction française 2024, p. 173.
[19] Liana Badr, op. cité, p. 228-229.
[20] Edouard W. Saïd, A contre-voie, Ed. le Serpent à plumes, 2002 pour la traduction française, p. 18.
[21] Edouard Saïd, op. cité, p. 16-17.
[22] Op. cité, p. 172-173.
[23] Sirine Husseini-Shahid, Souvenirs de Jérusalem, Ed Arthèm Fayard, 1999, 2005 pour la traduction française, p. 136.
[24] Op. cité, p. 194-195, 198.
[25] Op. cité, p. 251.
[26] Sahar Khalifa, l’impasse de Bab Essaha, mai 1990, pour la traduction française, Ed. Flammarion, 1997.
[27] Op. cité, p. 103.
[28] Op. cité, p. 104-105.
[29] Op. cité, p. 142.
[30] Op. cité, p. 145.
[31] Op. cité, p. 146.
[32] Op. cité, p. 161.
[33] Sandrine Mansour-Mérien, L’histoire occultée des Palestiniens, 1947-1953, Ed. Privat, 2013, p. 223.
[34] Norma Marcos, Le désespoir voilé : femmes et féminisme de Palestine, Riveneuve Editions, 2013, p. 15. Un compte-rendu détaillé de ce livre et fait par Ghaïss Jasser a paru dans Nouvelles Questions Féministes, Féminismes dans les pays arabes, Ed. Antipodes, vol. 35, n° 2, 2016.
[35] Id. p. 77.
[36] N. Marcos, op. cité, p.116-117.
[37] N. Marcos, op. cité, p. 170.
[38] N. Marcos, op. cité, p. 194.
[39] N. Marcos, op. cité, p. 234.
[40] Hassan Balawi, Gaza : dans les coulisses du Mouvement National Palestinien, Ed. Denoël, 2008, p. 14.
[41] Hassan Balawi, op. cité, p. 18.
[42] Op. cité, p. 25.
[43] Op. cité, p. 201-202.
[44] Azmi Bichara, Checkpoint, Ed. Actes Sud, 2004 pour la traduction française, 4è de couverture.
[45] Azmi Bichara, op. cité, p. 268-269.
[46] Ilan Halevi, Du souvenir, du mensonge et de l’oubli, chroniques palestiniennes, Actes Sud, 2016, p. 151.
[47] Ilan Halevi, op. cité, p. 270-278.
[48] Ilan Halevi, op. cité, p. 280.
[49] Op. cité, p. 281.
[50] Op. cité, p. 283-284.
[51] Op. cité, p. 292.