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Billet de blog 27 décembre 2024

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Quand les calculs stratégiques des puissants occultent la cause des peuples

Le régime syrien, totalitaire, confessionnel, criminel et corrompu, est enfin tombé après 54 ans de pouvoir absolu. Pour montrer son vrai visage, il n’a pas attendu le déferlement des révolutions arabes, dont la première étincelle en 2009 est tunisienne. Il n’a guère attendu non plus l’explosion de la révolution syrienne en 2011 pour utiliser sa stratégie criminelle. 

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le régime syrien, totalitaire, confessionnel, criminel et corrompu, est enfin tombé après 54 ans de pouvoir absolu. Pour montrer son vrai visage, il n’a pas attendu le déferlement des révolutions arabes, dont la première étincelle en 2009 est tunisienne. Il n’a guère attendu non plus l’explosion de la révolution syrienne en 2011 pour utiliser sa stratégie criminelle qui consiste à éliminer sauvagement toutes celles et tous ceux qui osent le contester en dénonçant ses agissements. Le massacre commis en 1982 à Hama (entre 20 000 et 30 000 morts) sous le pouvoir du père Assad, aussi bien que la destruction de la partie la plus belle et la plus ancienne de la ville (quatrième ville de Syrie), n’étaient qu’un avant-goût de ce qu’allait subir le peuple syrien suite à ses manifestations pacifiques en 2011.

Aujourd’hui, beaucoup de gens regardent effarés les horreurs découvertes après la chute de Bachar Al Assad. En écoutant les jeunes réfugié·es syrien·nes scander jusqu’à nous faire pleurer leurs slogans : « Lève ta tête, tu es un Syrien libre » ou « Un, un, un, le peuple syrien est un », nous ne pouvons nous empêcher de penser aux 11 millions de refugié·es, aux 10 millions de déplacé·es, au 1 million de mort·es, de disparu·es, d’arrêté·es, de torturé·es, de rançonné·es… Après tout cela, que reste-t-il d’une population syrienne qui comptait à peine 24 millions d’habitants ? Mais comment tout cela a-t-il été possible ? Comment se fait-il qu’un pays puisse être ainsi détruit et son peuple décimé sans qu’une seule main se tende pour le sauver ? Et pourtant, comment se fait-il qu’en 2014, à la sortie d’une salle de concert, un couple brésilien, venu passer les fêtes de fin d’année à Paris, nous dise qu’ « au Brésil, tous les jours, nous pleurons la Syrie et les Syriens » ? Le monde entier ne nous a donc pas oubliés.

Mais que s’est-il donc passé, pour qu’en 2011, le peuple syrien, aussi bien que son pays, soit livré à toute sorte de prédateurs ?

A Paris, le lundi 10 octobre 2011, à l’Odéon – théâtre de l’Europe – se réunissent des personnalités françaises, franco-syriennes, franco-palestiniennes… Afin d’alerter l’opinion publique en l’avertissant des massacres perpétrés par le régime syrien contre son peuple depuis les premières manifestations pacifiques pour la liberté et la dignité. Ces soulèvements, nous l’avons appris rapidement, ont traversé toutes les villes, y compris la capitale[1] et tous les villages du pays. Nous avons choisi de ne citer ici que certains passages significatifs de l’allocution de l’ancien ministre Jack Ralite : « Aujourd’hui, 82 jours plus tard après le début des manifestations en Syrie, vous emplissez et même débordez cette magnifique salle, parce que ce qui nous as conduits ici est une tragédie que vit le peuple syrien, depuis mars dernier. Il vivait sous la dictature. Depuis qu’il a osé s’exprimer massivement pour la liberté, la démocratie, la revendication sociale, le dictateur est devenu un assassin quotidien et s’étend la longue liste des hommes et des femmes, parmi eux beaucoup de jeunes qui pacifiquement exigent le changement et à qui le pouvoir dictatorial répond en tirant. Tirant au révolver, tirant au fusil, tirant à la mitrailleuse, tirant au canon, tirant à partir de char […] tirant d’hélicoptères, tirant de navires, sans oublier l’arme blanche. Tout le monde est visé, hommes, femmes, jusqu’aux enfants. L’arithmétique de la mort dépasse les 3000 personnes, l’arithmétique des arrestations atteint les 26 000 citoyens, dont beaucoup sont torturés ou portés disparus. La population syrienne est assiégée dans son pays par le pouvoir de Bachar Al Assad. C’est comme une guerre, une horrible tempête inhumaine déferle dans l’espace public et dans l’espace privé, jusque dans les maisons. Le peuple syrien, véritable souffleur de conscience « montreur de conduite » selon l’expression de Samir Kassir, grand journaliste, libano-palestinien-syrien, assassiné le 2 juin 2005 par les services spéciaux de Bachar Al Assad. Oui, le peuple syrien s’affronte à l’ensauvagement de sa vie par un bourreau haineux et dominateur qui n’hésite pas à recourir aux crimes contre l’humanité. Parler du droit de vivre en Syrie est un devoir d’humanité pour chacune, chacun, quelque soit son lieu de vie. Là-bas, c’est ici, là-bas agissent des compagnons simples et lumineux et la moindre des politesses humaines est ici de clamer notre colère, d’enrager comme disent des personnages de Molière. »

Que s’est-il donc passé en France pour oublier ces paroles chaleureuses et solidaires de Jack Ralite ? Que s’est-il passé pour que les régimes successifs français, les médias de tous bords, aussi bien que l’opinion publique, puissent ainsi tourner le dos à la Syrie et au peuple syrien, alors que les chiffres donnés scrupuleusement par Jack Ralite se sont gravement multipliés entre 2011 et 2024 ?

Quelques jours après la chute du régime de Bachar Al Assad, le peuple syrien tétanisé par cet horrible cauchemar dont il vient de sortir, est incapable de comprendre :

  • Pourquoi parle-t-on de « guerre civile » à l’étranger dès qu’il a commencé à se soulever et à manifester pacifiquement ? 
  • Pourquoi et comment des têtes de l’Armée Syrienne Libre qui avaient déserté pour ne pas tirer sur leurs concitoyens, pourquoi ces hommes qui inspiraient confiance et respect et qui avaient le pouvoir de renverser en quelques mois le régime de Bachar Al Assad, ont-ils été tous tués, comment ont-ils disparu si rapidement et si dramatiquement de la scène de la révolution syrienne ?
  • Est incapable de s’expliquer, encore aujourd’hui la naissance brutale de l’Etat Islamique qui semblait débarquer pour lui d’une autre planète – ni son extension – ni sa neutralisation si soudaine et rapide… Comment l’Etat Islamique a-t-il occupé si rapidement une grande partie de la Syrie et comment en a-t-il été aussi facilement délogé, c'est-à-dire en 48 heures ?

Pour se maintenir au pouvoir, Bachar Al Assad fait appel aux mollahs de l’Iran qui mobilisent rapidement des éléments « expérimentés » de leur garde nationale, aussi bien que leurs milices irakiennes et libanaises. Seuls les Syrien·nes pourraient témoigner de la peur au ventre qu’elles et ils ressentaient à l’approche de ces milices. Elles et eux seul.es pourraient parler des crimes et des exactions perpétrés par ces milices. L’Iran fait appel à la Russie en lui demandant de lui prêter main-forte en Syrie. La Russie arrive, elle aussi avec ses milices (les soldats Wagner) non seulement pour chasser l’Etat islamique – mission accomplie d’ailleurs en quelques heures – mais surtout pour bombarder villes et villages avec leurs marchés, leurs hôpitaux et leurs écoles.

Dans un documentaire sur les destructions commises pendant les deux guerres mondiales, le réalisateur clôt son film par un spectacle poignant de la Syrie détruite et ravagée pour nous dire que c’est l’exemple le plus parlant qui rappelle les dégâts et les destructions des deux guerres mondiales.

Les réfugiés syriens en France ne comprendraient jamais pourquoi les fonctionnaires de l’OFPRA, en les interrogeant, après avoir regardé leurs dossiers et leurs récits de vies, leur répétaient obsessionnellement : « N’êtes-vous pas venus en France pour fuir l’Etat islamique ? » Lorsque les réfugiés répondaient « non, nous n’avons jamais rencontré un islamiste dans notre région, mais c’est Bachar Al Assad avec ses barils de feux, ses milices et ses alliés qui nous ont fait fuir la Syrie. » Perplexes, les fonctionnaires de l’OFPRA n’insistaient plus, car ils avaient surtout en face d’eux des êtres humains meurtris et désespérés.

L’horrible attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo qui bouleversa toute la France inspira à notre Président François Hollande des paroles démesurées et un projet dangereux pour la France parce que anticonstitutionnel. Il déclara « la guerre totale »  à l’Etat islamique et annonça son projet de déchoir de leur nationalité ceux qui commettent un acte terroriste. Projet qui resta lettre morte car nous avons heureusement encore des institutions vigilantes qui fonctionnent. Mais seule une conscience française, un ami de longue date parvint à nous sortir de notre grand désarroi lorsqu’il s’écria : « Mais ceux qui ont commis cet acte qui nous a tous et toutes traumatisé.es sont aussi nos enfants. »

A la tragédie de Charlie Hebdo vient s’ajouter celle du Bataclan : les témoignages insoutenables de cette jeunesse traumatisée et blessée dans sa chair nous interdisent encore aujourd’hui d’avoir la nostalgie de ce lieu qui nous a souvent accueillis après nos manifestations féministes afin de discourir et de discuter.

Tout cela a participé à faire oublier à la France et aux Français.es la Syrie et le peuple syrien. Tout cela a provoqué des durcissements, a permis des manipulations et a ancré des préjugés en banalisant un racisme anti-arabe et anti-musulman. Tout cela et tant d’autres raisons ont fait payer au peuple syrien le prix le plus cher qui allait de l’indifférence à la stigmatisation. Ainsi, après la chute de Bachar Al Assad, au lieu de s’attarder quelque peu sur les horreurs subies par le peuple syrien, au lieu d’avoir la décence de formuler quelques regrets, quelques indignations ou quelques critiques concernant le silence coupable des grandes nations occidentales, démocratiques et prétendument vigilantes quant au respect des droits humains, les instances politiques, nationales et internationales, de gauche et de droite, aussi bien que les médias, continuent encore aujourd’hui, après la chute du tyran, à formuler les mêmes recommandations et à répéter les mêmes litanies :

  • Vigilance contre les Islamistes qui pourraient toujours s’emparer du pouvoir,
  • Vigilance qu’il faudrait réserver à toutes les minorités, particulièrement la chrétienne.

Or, comme le dit si bien Hannah Arendt dans son livre sur le colonialisme, si le colonisateur découvre que le schéma qu’il s’était fait du colonisé ne correspond pas à la réalité, au lieu de corriger son schéma ou de carrément le changer, il s’emploie à forcer le colonisé à entrer dans un cadre étriqué où celui-ci ne se reconnaîtra jamais.

Le peuple syrien est fatigué de ces mises en garde dont il n’a pas besoin. Il est fatigué d’entendre toujours les mêmes rengaines. Car si après toutes ces épreuves subies, il a encore de la force et de la vigilance, il combattra certes l’éventuel « danger islamiste », comme le disent presque tous les détracteurs des révolutions ou des soulèvements arabes, sinon, il sera hélas le premier à en pâtir.

Cela fait très longtemps que le peuple syrien ne croit plus aux mythes du « Front de refus », dont les composantes sont l’Iran des mollahs, la Russie de Poutine et le régime des Assad (père et fils). Ce prétendu « Front de refus », toujours aveuglement défendu par une « gauche pavlovienne »[2] arabe et française d’ailleurs, continue à répéter les mêmes slogans et à user de la même démagogie, même après la chute de Bachar Al Assad. Enfin, cette « gauche pavlovienne » qui croit à l’indispensable nécessité d’un rapport de force, oublie toujours que l’impérialisme hélas ! n’est pas seulement américain. Elle refuse de voir que la Russie, comme jadis l’Union Soviétique, fermera toujours les yeux sur tous les crimes d’Israël contre les Palestiniens. Enfin, elle occulte surtout les accointances multiples que Poutine a avec la droite et l’extrême-droite européenne, sans oublier sa complicité non avouée avec Trump.

Ce prétendu souci concernant les minorités chrétiennes en Orient et qui préoccupe soi-disant les Occidentaux depuis les Croisades aurait-il jamais une fin ? Les Chrétiens syriens ne sont pas considérés par le peuple syrien comme une minorité mais comme des citoyens à part entière. Ils l’ont toujours prouvé par leurs actes et leurs engagements. Le regretté Michel Kilo et le militant George Sabra n’ont-ils pas connu arrestations et tortures sous les deux régimes du père et du fils Assad ? Les régimes Assad ont pris les Chrétiens en otage en leur donnant l’illusion de les protéger d’un éventuel islamisme qui n’a jamais sévi en Syrie.  En les coupant de leur propre histoire, les deux tyrans ont réussi à ancrer dans la tête et le cœur de certains Chrétiens une peur irrationnelle. Dans son article intitulé « les Chrétiens et la Révolution syrienne : nous sommes des citoyens et non une minorité », George Sabra écrit : « Les minorités ne sont pas en danger aujourd’hui, car la pression colonisatrice dans la région a pris la majorité comme cible dès le départ dans le but de l’affaiblir, de briser sa résistance sur le terrain et de lui faire subir l’émiettement afin d’accomplir le projet de la partition.[3] […] Les Chrétiens se trompent lorsqu’ils transforment la chrétienté (volontaire ou involontairement) en confession. Ils se trompent non seulement à l’égard du Christ et de son message, mais aussi à l’égard de l’Eglise orientale dont l’histoire nationale est inattaquable en effet. En faisant cela, ils permettent ainsi au tyran de l’intérieur et aux forces extérieures de les utiliser comme monture afin de réaliser leurs propres intérêts et ambitions.»[4]

Pour avoir accès à un territoire syrien riche en eau et en pétrole, les Etats-Unis décident dès 2011 de mettre la main sur une région de la Syrie au bord de l’Euphrate qu’ils offrent comme cadeau aux Kurdes. Cette région était habitée par des Syriens arabes, des Syriens turkmans et circassiens et par très peu de Kurdes. Comme la France pendant le mandat offrit un morceau de la Syrie (Alexandrette) à la Turquie, les USA agissent de la sorte avec les Kurdes dont beaucoup auraient souhaité régler leur problème territorial et linguistique avec un régime syrien démocratiquement élu. Comment ne pas avoir une pensée émue pour les Kurdes syriens qui ont donné leur vie à la révolution de 2011 ? Ecoutons à ce propos ce qu’en dit Jack Ralite : « Le groupe terrorisant de Bachar Al Assad a perdu sa légitimité politique mais persiste dans la répression. Il fait tirer à Quamishli sur l’enterrement de Mechal Tamo, chef de l’opposition kurde, membre du Conseil national syrien, après l’avoir assassiné. »

Le peuple syrien, encore sous le choc de ce qu’il a vécu et de ce qu’il a peur de découvrir comme horreur dont les multiples charniers qui existent probablement dans plusieurs coins de Syrie, n’a pas besoin de regards suspicieux toujours posés sur lui par la gauche et la droite arabe, française ou internationale. Il a seulement soif d’un peu de justice et de solidarité. Il a hâte de voir ses bourreaux interrogés, jugés et punis par des tribunaux nationaux et internationaux.

Comment les Syriens pourraient-ils un jour pardonner à Obama la honteuse légèreté avec laquelle il a traité la question de l’utilisation des armes chimiques par Bachar Al Assad contre son propre peuple ? Obama avait certes compris que la médiation de la Russie, de la Grande Bretagne et d’Israël signifiait avant tout que ces trois pays tenaient à ce que Bachar Al Assad reste au pouvoir et qu’il ne présentait pour eux aucun danger. Obama a-t-il eu le moindre regret en réalisant que Bachar Al Assad n’avait livré qu’une partie de ces armes chimiques pour rééutiliser à maintes reprises ce qu’il a gardé en sa possession ?

Enfin, comment le peuple syrien va-t-il reprendre confiance en des journalistes arabes et occidentaux qui ont traité sa révolution de 2011 avec une grande légèreté pour lui tourner carrément le dos par la suite ?

Il a besoin surtout de panser ses blessures, mais il n’a certes pas besoin d’armes, ni de munitions pour faire entendre à Trump et Netanyahou que le Golan est un territoire syrien occupé et que c’est avec un régime syrien élu démocratiquement que l’avenir du Golan sera négocié.

Le 18 décembre 2024, les femmes syriennes publient un manifeste rédigé par des associations et des personnalités syriennes qui défendent les droits des femmes. Leur vigilance nous a réconfortés. En voici quelques extraits :

« Les femmes syriennes ont participé dès le départ à la révolution de 2011 en Syrie pour la liberté et la dignité. Elles ont marché côte à côte avec les hommes pour affronter le régime criminel. Elles ont subi elles aussi toutes sortes d’injustices et de répressions exercées par le pouvoir dictatorial. Elles ont vécu les arrestations, les tortures, aussi bien que le départ forcé de leur pays, mais en exil, elles n’ont jamais cessé de plaider la cause du peuple syrien auprès de toutes les instances internationales.

Les femmes doivent accéder à tous les droits, assumer tous les devoirs et bénéficier des mêmes chances que les hommes, afin qu’elles puissent construire à leurs côtés la Syrie de l’avenir.

Il est interdit de pratiquer la moindre discrimination ou violence contre les femmes, comme il est urgent d’annuler toute loi ou tout texte qui permettent de les discriminer.

Nous exigeons une égalité totale et parfaite entre les femmes et les hommes, car une véritable citoyenneté leur donnera les droits d’accéder à la vie civile, politique, sociale, économique, intellectuelle, culturelle et artistique. » 

Ces revendications sont d’autant plus indispensables qu’elles reconstruisent un pont non seulement entre les femmes d’aujourd’hui et celles qui ont participé à la révolution de 2011, mais aussi entre celles-ci et nos mères qui se sont soulevées dans les années 1920-1930 pour revendiquer une égalité de droits avec les hommes. C’est ce pont reconstruit entre les femmes syriennes d’aujourd’hui libérées d’une longue tyrannie et celles d’hier qui avaient participé à la construction de la démocratie en Syrie après l’indépendance, qui nous permet de nourrir nos espoirs et nous interdit de baisser les bras et de douter de tout ce que fait ou dit Ahmad El Charaa (jadis surnommé Al Joulani). Comme ces femmes qui ont rédigé le manifeste, nous le jugerons sur ses faits. Nous pensons que tous ceux qui ont cru à la révolution syrienne en 2011 ont pris la même décision.

Enfin, le peuple syrien, encore meurtri par la sauvagerie de Bachar Al Assad est certainement triste de voir ses frères et sœurs palestinien·nes subir une autre sauvagerie colonisatrice inqualifiable toujours perpétrée par Netanyahou, son gouvernement et son armée à Gaza et dans les territoires occupés.

Si Israël ne cesse pas ses crimes à Gaza et en Cisjordanie, s’il n’arrête de décimer le peuple palestinien, s’il ne renonce pas à son fantasme meurtrier, celui d’occuper toute la Palestine, si les dirigeants palestiniens ne trouvent pas le moyen de sauver son peuple incroyablement courageux de cet interminable cauchemar, si l’Autorité Palestinienne et Hamas ne prennent pas le chemin de la réconciliation, si tou.tes les Palestinien·nes de Gaza, des Territoires Occupés, d’Israël et de la diaspora ne se lèvent pas toutes et tous pour dire d’une seule voix « nous ne renoncerons jamais à notre droit à l’autodétermination », si la Palestine et Israël ne trouvent pas ensemble la voie de la justice et de la paix, si tous les peuples arabes, malgré les tyrans et les potentats qui les dominent, ne descendent pas dans les rues pour dire « nous n’oublierons jamais la Palestine et les Palestinien·nes », si les régimes occidentaux démocratiques et « civilisés » ne cessent pas de spéculer sur le Proche-Orient, les Arabes, les Musulmans, les Kurdes, les Chrétiens et les autres minorités, sur leur avenir, leur présent et leur passé, s’ils comprennent enfin que ces peuples, comme tous les autres peuples de la terre n’ont besoin ni d’armes, ni de conseils, mais seulement de bienveillance et de solidarité…, si tout cela n’arrive pas, aucune paix ne pourrait se construire au Proche ou au Moyen-Orient et la Syrie peinera encore très longtemps avant de retrouver sa paix, sa sérénité et son éclat.

[1] Le régime syrien, aussi bien que les diplomates français à Damas ont prétendu que rien ne s’y passait. Voir un témoignage dans la partie annexe de mon livre « Pour que le Moyen-Orient retrouve la paix », qui prouve le contraire.

[2] Des Franco-Syriens ont adopté cette formule pour critiquer la cécité de cette gauche dont les refus ne sont que démagogiques.

[3] Il s’agit des accords Sykes-Picot (1916) qui prévoyaient la création d’Israël en considérant la région comme une mosaïque de peuples et de religions.

[4] In « Nous sommes des citoyens et non une minorité », ed. Centre Omaya de Recherches et des Etudes Stratégiques, Jordanie, 2015. Traduit de l’arabe par nous-mêmes

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