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Billet de blog 16 avril 2017

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Cher Joann Sfar

Mon droit (ou devoir) de réponse à Joann Sfar, suite à son "coup de gueule"

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Cher monsieur Sfar,

Je ne suis personne en particulier, juste un citoyen, sympathisant de la France Insoumise, même un peu militant à mes heures et un de vos lecteurs. Je suis conscient que, bien que mon vote vaille le vôtre, mon adresse ne fera pas partie des unes de la presse nationale comme le nouvelobs. Je souhaite pourtant vous écrire ce droit de réponse car votre réaction m'a touchée.

Je pense très sincèrement que vous avez été blessé de cette malheureuse histoire. J'imagine que vous savez que, dans cette campagne, une part non négligeable du travail réalisé par les militants repose sur la bonne volonté et la liberté d'agir de chacun. C'est même un état d'esprit pour beaucoup d'entre nous. Cela n'excuse en rien les comportements excessifs mais vous devez comprendre qu'ils ne sauraient engager l'ensemble des femmes et des hommes qui se saignent aujourd'hui pour faire avancer des sujets qui leur tiennent à coeur.

Pour autant, je suis choqué par votre texte pour bien des raisons : tout d'abord, je conviens que vous avez le droit, très légitime, de trouver des points de désaccord programmatiques avec la France Insoumise. Je trouve cependant injuste de juger si sèchement l'ensemble du programme et des nombreux contributeurs, et avec tant de mépris, alors que je vous sais capable de tant de nuance dans votre oeuvre.

Il ne vous aura pas échappé, tout sympathisant que vous puissiez être du PCF, qu'un parti ne gagne pas une élection avec ses seuls adhérents. Nous avons besoin de convaincre et de tirer vers nous toutes les bonnes volontés, fussent-elles imparfaites. Il y a donc de tout parmi les "mélenchonistes", je vous le concède, et ne me sens pas de proximité particulière avec tous. Je m'en sens encore moins, je dois l'avouer, avec les sympathisants de la droite macron ou fillon, ou de l'extrême droite. Vous devez savoir que, sur les réseaux sociaux, cette campagne est particulièrement saignante, hélas, et que les militants, quel que soient le bord, et y compris ceux du PS, dont j'ai fait un jour partie et que j'ai cru bien connaître, en sont également partie prenante. Ils m'ont déçu. Libre à vous toutefois de rejoindre leurs rangs. Vous serez déçu aussi, je le crains.

Ensuite, vous avez une réaction de passion, de colère. Si celle-ci est bien compréhensible, elle vous amène à convenir que votre intention initiale de vote pour le 1er tour, si celle-ci était sincère, reposait également sur un élan passionnel, la bonne tête et la confiance innée portée au candidat. Je pense sincèrement que si telles étaient vos raisons pour soutenir Jean-Luc Mélenchon, vous avez effectivement raison de porter votre vote ailleurs car cela n'aurait pas fait honneur à l'immense travail effectué pour défendre, convaincre, élever, tant par le candidat que par les militants. Vous n'avez peut-être pas rencontré les plus habiles, mais, quoiqu'il en soit, voter pour une personne et non pour un programme est un comportement auquel nous ne tenons pas, trop 5ème république. D'autres candidats vous donneront probablement satisfaction.

Enfin, mon point de vue est que vous cédez bien facilement aux sirènes de la propagande ordinaire d'un système organisé qui se défend avec rage depuis plus d'une semaine. Je vous conseille un peu de recul sur le tir nourri de la presse et des éditorialistes, si soudain et brutal que je ne peux m'empêcher de penser qu'après avoir utilisé "l'idiot utile" Mélenchon pour assassiner le PS, les patrons de presse, ceux qui se partagent à si peu la quasi-totalité des organes de presse tout en ayant une idéologie néo-libérale si extrémiste, ont estimé que la France Insoumise ne les amusait plus et faisait courir un risque plus grand pour leurs privilèges que le Parti socialiste. Je pense que votre sympathie pour le combat que nous menons devait être bien légère.

Pour ces raisons, je suis déçu car je connais votre talent. Je continuerais à vous lire, bien sûr, car, si je suis passionnément blessé, je tente raisonnablement de ne pas faire de mauvaises généralités et de réagir avec sens. Faire des généralités n'aide personne. C'est un comportement nauséabond et vain.

Bien à vous.

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