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Billet de blog 2 juin 2025

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Peut-on psychanalyser l'inconscient d'un leader politique ?

Depuis Freud, la psychanalyse explore les figures de pouvoir comme autant de miroirs des désirs collectifs. Elle interroge les discours, les postures, les fantasmes qui traversent les chefs d’État et ceux qui les suivent. Cette approche dérange, car elle révèle ce que les analyses politiques laissent dans l’ombre : la part inconsciente du pouvoir, ses pulsions, ses fragilités.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis ses débuts, la psychanalyse s’adresse aux figures du pouvoir. Elle ne s’est jamais confinée aux névroses intimes. Dès 1911, Freud traverse la frontière entre clinique et politique avec Le cas Schreber, révélant qu’un président en proie au délire peut devenir miroir d’un désordre plus vaste. En 1932, Le président Wilson, coécrit avec William Bullitt, dresse le portrait d’un dirigeant prisonnier de ses contradictions narcissiques. En 1943, Walter C. Langer, missionné par les services américains, rédige une analyse d’Adolf Hitler, qu'il voit comme un homme traversé par des pulsions infantiles, hanté par la figure paternelle, mû par un besoin de domination absolue. Plus tard, Paul Fuks dira de Staline : « Il n’avait même pas l’excuse du délire. » L’horreur nue, consciente, sans refuge psychiatrique. C’est cela qui glace.

À notre époque aussi, des voix se sont levées. En 2017, The Dangerous Case of Donald Trump rassemble vingt-sept cliniciens inquiets. En 2024, ils reviennent avec The More Dangerous Case of Donald Trump, diagnostiquant une psychopathie ouverte, capable d’ébranler une démocratie. Bandy Lee, psychiatre et lanceuse d’alerte, prolonge cette lignée : faire entendre, face au bruit politique, la langue du symptôme. Mais chaque fois, le même réflexe. Accusation d’illégitimité. Soupçon d’incompétence. On laisse les éditorialistes parler en boucle, les humoristes railler sans fin.Ce que la psychanalyse dévoile, c’est ce que les discours maquillent : le pouvoir ne se tient pas hors des pulsions. Il en vit. Derrière le chef, il peut y avoir un père cruel, un enfant mégalo, un paranoïaque stratégique. Les institutions préfèrent détourner le regard. Le psychanalyste, lui, regarde encore. Et parle. Parce que se taire, c’est laisser le masque devenir visage.

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