Jokkmokk, 9 fevrier 2009
It's a long long road...
Il y a la Road 66, la Mother Road, qui traverse les Etats-Unis de Chicago a Los Angeles, la route du Rock 'Roll et des motels; il y a la RN 7, la Route bleue, qui démarre a Paris pour terminer a Menton, la route populaire des congés payés et il y a l'E4, une route verticale Sud-Nord de la Suède, qui part d'Helsingborg pour aller vers...!??! :-?.
Helsingborg, 0km : 15h00 on décolle. Apres une nuit dans un chalet au bord d'un lac, on reprend la route. Quelques flocons de neige sur la route, quelques embouteillages autour de Stockholm, une route des vacances au ski ordinaire.
Gävle, 725 km, 14h00: On s'arrête dans un café au bord de la route. Un air de déjà vu dans un road-movie américain : La cafetière pleine et réchauffée depuis des heures est bien présente et Le géant blond commandant ses meatballs avec sa purée est bien la aussi. L'ambiance est calme, il y a juste une télé et son feuilleton de l'après midi en fond sonore.
Iggesund, 836 km 15h30 : Premier incident: le lave glace nous lâche. Le liquide commence a geler et a chaque giclée, de la givre sort pour salir le pare-brise. On le perdra définitivement pendant tout le voyage pour ne le retrouver qu’au sud de Stockholm. Première incident mécanique, premier congélation en espérant que l’essence, les freins, les durites et nos pieds ne suivront pas.
Sundsvall, 930 km, 2 heures plus tard : Plus on s'avançait vers cette ville sans intérêt mineur, plus la visibilité diminuait. Le mercure s'abaissait aussi et nous et bien nous on a suivit tout le monde et notre programme a été révisé a la baisse. Notre nuit sera a Umeå et non Piteå. Sundsvall était un Check point important puisque cette ville au milieu de nulle part était a mi-chemin de notre étape.
Högakustenbron, 984 km, 18h30 : On passe sur un pont. En dessous une rivière enneigée, au dessus un ciel enneigé, a droite des forets enneigés, a gauche, un paysage plat et.... enneigé. Nous pensons immédiatement au Canada alors que l’on n’y a jamais mis les pieds... Puis on s'imagine rapidement en Sibérie une fois que l’on y a mis les pieds....... Finalement la carte nous indique que nous sommes en Laponie et il faut le dire, c'est le pied !
Umeå, 1192 km, 8h du mat': la réceptionniste de l'hôtel m'informe sur la météo des prochains jours: "Vous en avez de la chance ! - Ah bon!" fis-je avec un étonnement qui la fait sortir de son hibernation et de sa poitrine abondante. Il est vrai que j'avais oublié de lire mon horoscope ce matin. "Oui, reprend-elle avec un sourire qui en dit long sur l'étranger que je suis, il va s'arrêter de neiger! - Diriez-vous que ma journée va être ensoleillée ? - Oh, vous savez ca fait depuis novembre que je ne l'ai pas vu.... perdu dans cette conversation et son décolleté hors-saison, je lui sors dans un ton laponique "Que voulez vous, y'a plus de saison, ma m'selle! "
Skellefteå, 1330 km: Et ensuite ca sera Piteå, Luleå, des noms de ville qui rappellent davantage la Costa, les iles, le soleil, les vahinés. Mais c'est tout simplement pour vous faire perdre le nord. Ici, le brouillard s'épaissit, les habitations se raréfient, la neige se multiplie et le Celsius chute!
Quant à la route, elle ne le perd pas, le Nord. Glacée, droite et verticale, elle continue toujours à longer la cote.
Piteå, 1400km, 14h30: le soleil fait enfin une apparition dans notre dos. Ah! Il fait peine voir! Il est rouge, il est bas, il est faible face au froid. Honteux d'être si impuissant, il se cache derrière ses nuages et attend patiemment la fin de la rotation de la terre. Lui aussi, il hiberne comme le reste de la faune... De temps en temps, il resurgit, par sursaut d'orgueil certainement, en pleine nuit déserte et glaciale pour lancer des lumières oranges, rouges.
Luleå, 1459 km: a la station service Statoil, nous faisons la queue derrière un snowmobile, l'homme accompagné de son fils sont en mode Momie: combinaison, bonnet, masque. Au loin, un défilé de vieillards traversent la route avec un traîneau comme déambulatoire. Ils reviennent du statoil qui fait office de centre commercial de a région pour collecter courriers, colis VPC, et bouteilles d'aquavit. Dernière présence humaine avant de pénétrer dans le cercle polaire.
Cercle polaire, 1600 km: la route toujours aussi droite et aussi blanche s'enfonce de plus en plus dans Rien. Un Rien blanc, un Rien hostile, un Rien pure,............... un Rien angoissant. Proche de l'infini, nous entrons dans le cercle polaire. Rien a l'horizon. Le blanc de la route se perd alors.............dans le silence.
Ultime étape de notre road-trip, nous laissons Rien derrière nous; un Rien qui ne restera qu'un souvenir. Rien qu'un souvenir...