RÉACTION D’UN ADHERENT
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"J’ai pris connaissance par le N° 41 de « l’Ancien d’Algérie » du rapport introductif présenté par Michel Huet au 18ème congrès national de laFNACA. Le chapitre qui a pour intertitre « dégoûtrancœurs » m’amène à réagir.
Je me suis intéressé depuis un an à tout ce qui a eu trait à la Guerre d’Algérie et à la question de la pratique de la torture pendant celle-ci. Emissions de télévision, articles dans la presse, réunions /débats… A aucun moment je ne me suis senti mis en cause en tant qu’ancien du contingent dans les accusations portées contre l’armée française et sescommanditaires, les hommes politiques de l’époque.
A juste titre Michel Huet indique qu’on ne nous a pas laissé le choix : nous avons dû partir en Algérie quand on nous a appelés pour aller y faire la guerre. Toutefois certains, les déserteurs, les insoumis…ont décidé de ne pas partir. Etait-ce la voie la plus simple, la plus facile ? Il ne me semble pas. Il me semble au contraire que si nous avions eu leur courage, nous aurions évité les misères, les drames, les deuils… qui ont ponctué les huit ans d’une guerre qui ne voulait pas dire son nom.
Michel Huet parle des porteurs de valises. Il fait référence ici aux Français qui soutenaient le combat des Algériens luttant pour leur indépendance. L’Histoire a tranché et, à suivre Michel Huet, De Gaulle et plus largement ceux qui ont signé les Accords d’Evian en 1962, ont fini par devenir les porteurs de valises qu’il dénonce !
Le secrétaire national regrette la médiatisation de l’Appel des Douze qui a été relayé par Le Monde et L’Humanité. Pendant 40années il y a eu un silence pesant sur cette période, peu glorieuse, de notre République. Depuis un an, grâce à ces personnalités, qualifiées de manière bien légère de « pseudo-intellectuels », les langues se sont déliées,libérant le besoin de parole pour les anciens d’Algérie qui sont en droit de demander des comptes sur ce qu’on a fait de leur jeunesse.
La torture était-elle oui ou non une réalité ? Les aveux du Général Aussaresses sont suffisamment éloquents pour qu’il ne soit pas nécessaire de développer. Les appelés du contingent ont-ils participé aux exactions ? Dans le temps et suivant les individus il y a sans doute eu tous les cas de figure. De toute façon ils étaient dans l’engrenage d’une guerre colonialiste et on peut estimer qu’ils étaient plus victimes que coupables.Comme l’a écrit un philosophe du XIXème « Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être un peuple libre » !
Les droits des anciens d’Algérie ? Oui, ils sont légitimes et la FNACA a mille fois raison d’agir pour les satisfaire, mais de grâce ne nous laissons pas aller à refuser l’analyse de ce qu’a été la guerre d’Algérie. Quelle était sa nature ? Etait-ce oui ou non une guerre de type colonialiste ? Il serait temps que la FNACA complète son engagement en répondant à ces questions. Cela,contribuerait à faire reculer le racisme et à promouvoir la Paix, une dimension du combat de la Fédération qui avait été prise en compte au moment de sa création."
Je m'associe pleinement à ce texte, par lequel on comprend mieux les réticences (voir le refus) des responsables de la Fédération de prendre en compte la réalité des troubles psychiques persistants chez les anciens appelés et rappelés du contingent.
Gilbert ARGELES