Chacun de nous est "un organisme" : un tout composé de parties hétérogènes, dont chacune a ses lois d'existence et de fonctionnement, mais interconnectés afin de coopérer à un seul but :maintenir la vie de l'individu.
Nos sociétés ont été souvent comparées à des organismes, et même on les appelle parfois "des organisations". Mais l'humanité, ou même un pays comme le nôtre, c'est bien plus compliqué qu'un organisme. Parce qu'ils sont composées d'individus à part entière, qui ne savent pas, ne veulent pas, devenir des "organes" d'unités supérieures. Parce qu'une "personne" est une unité particulière, qui poursuit ses propres buts. Et que, jusquà présent, les seules manières dont nous ayions pu faire vivre nos sociétés ont été au service d'un seul, ou d'un petit nombre ; mais avec des failles permettant à un nombre bien plus grand de "mener leur vie" (ou de le croire).
Aujourd'hui, nos activités, nos savoirs, nos pouvoirs sont si énormes et si enchevêtrés que nul n'est capable, ne serait-ce que d'entrevoir les innombrables liens qui nous rattachent les uns aux autres. Et nos regroupements, de proximité, de travail, de famille, de loisirs, de "gouvernements", sont eux aussi si nombreux et si emmêlés, chacun appartenant à au moins une dizaine de groupes , de dimensions et de durée diverses, à buts différents, où il tient une place, a un statut, poursuit des activités séparées...Chaque groupe est, d'une certaine façon, un "organisme", mène sa vie à sa façon...Les "politiques" ont l'ambition de coordonner individus et groupes, de faire de ce fouillis un organisme. Y parviennent-ils ? On peut en douter...
Mais ce n'est qu'à cause de notre faible participation à ces groupes "de coordination" que sont les syndicats, les partis. Ils sont plus difficiles à identifier, apparaissent plus "lointains" de chacun que ses voisins, ses amis, ses collègues : cela est dû, justement, à leur caractère "généraliste".. Nous sommes responsables, chacun et tous, de prendre part à la coordination de routes nos activités , ou de l'abandonner à des "spécialistes", qui justement ne pourront être généralistes...Souvenons-nous : la royauté, le clergé ont voulu être spécialistes de nos coordinations ,sans vouloir que chacun des autres en prenne sa part. Cela n'a pas marché, pour une société moins nombreuse et moins complexe que la nôtre.
Chacun doit devenir organisateur, faute de quoi nous ne serons qu'un fouillis, pas une société auto-organisée.