Nous avons ici un statut double, généré par la dualité :le journal/le club.
Cela me semble dû, d'abord, à l'outil : le Net change les rapports antérieurs entre humains. Pouvoir s'informer sans obstacles de lieu ou d'heure; et, plus, pouvoir se parler (par écrit, mais pas seulement) avec la même liberté, augmentée par le caractère "virtuel" de la chose. Voilà de quoi "libérer" des timidités, amoindrir des interdits, émigrer vers un autre milieu que celui qui s'impose à nous dans le quotidien, mais sans rêver... Pouvoir, lecteur, être plus "intervenant", plus vite, plus personnellement que dans les "courriers des lecteurs" de la presse papier ...Rien d'étonnant à ce que ce soit si tentant.
En même temps, l'abonnement rend lecteur potentiel, et membre potentiel d'un groupe variable d'échanges sur tous sujets. Un journal, ^sous quelque forme qu'il se présente, peut vivre de deux façons : en vendant ses informations à ses lecteurs ; en vendant son lectorat à ses annonceurs. (source principale de revenus de la presse écrite, à part rarissimes exceptions ; ce qui explique qu'il existe des "gratuits" papier) Mediapart, sans publicité, ne peut compter que sur ses "ventes" (sous forme exclusive d'abonnements). Mais, de surcroît, l'abonnement fait office de "cotisation au Club". Un club, on y adhère et on y cotise, pour poursuivre ensemble une activité particulière (qui donne son nom au club : de foot, de bricolage, de tyroséméiophilie, etc...). Mais ce club est différent : on vient s'y faire connaître (individus ou associations), s'y exprimer (plus librement et anonymement qu'en face à face), y nouer des liens d'amitié, y disputer des duels "par écrit".Mais "tous sujets, tous niveaux". C'est une forme perfectionnée des mails et blogs. Et la "dir-rédac" peut y lire et y intervenir "en temps réel", y puiser des "sources",des "rebonds".
Cette dualité complexe fait, pour moi, de Mediapart un "lieu" attractif et satisfaisant.