Historiquement, tant du point de vue de l'évolution biologique, que du point de vue biographique, l'action précède la pensée.
La matière vivante a pour caractères principaux d'être "organisée" et "active", dans le sens "téléonomique" de maintenir son organisation très improbable, contraire au mouvement général "entropique". L'activité vivante "choisit" et "rejette", "pour" se maintenir et proliférer. En outre, elle "évolue", propose sans cesse à son environnement de nouvelles formes, de nouvelles manières d'agir. Cetrtaines perdurent, d'autres disparaissent. La tendance est à la diversité et à la complexité croissantes...lorsque les conditions environnementales le permettent.
Notre branche particulière de la vie, l'espèce "homo sapiens", manifeste des "nouveautés" elle est "faber", "socius", loquens", "sapiens".
De sa lignée primate, elle a conservé le caractère social, le caractère "démuni" des nouveaux-nés qui appelle le maternage ; la motricité préhensile fine, bilatérale ; la vision stéréoscopique, tri ou quadrichromique ; l'équipement buccal et digestif d'omnivores ; la capacité à assurer ses conditions de survie avec des périodes d'éveil longues et annuelles (sans "hibernation"), une digestion plus rapide que celle des herbivores, une longévité plus grande, une activité de satisfaction des besoins vitaux qui n'exige pas plus de la moitié des périodes d'éveil..
Son changement d'habitat (et la marche bipède qui l'a causé-permis) , l'hypertrophie des zones corticales de son cerveau, ont été des facteurs de l'apparition d'une activité nouvelle : la pensée. En même temps, la descente du larynx rendait possible l'émission de vocalités très diversifiées, utilisées socialement :le langage. D'où sa conquête de l'ensemble de sa planète...
Mais la pensée est, d'une certaine façon, la négation de l'action. Paul Valéry l'a dite "agir sans agir". Et on sait bien que l'urgence, le danger, l'exaltation en sont ennemis. Elle demande du calme, du "recul", du temps plus long que celui de l'action. D'une autre façon, elle permet de rendre l'action plus efficace, moins coûteuse en temps et énergie . Et, à bien y réfléchir, c'est la pensée qui a permis à l'action de, parfois, l'emporter sur la "réaction" pure et simple. Hésiter, c'est montrer que l'on est capable de penser...