Que ce soit sous forme de "points sur 20", ou d'une gamme de "lettres" , accompagnés ou non d'"appréciations" lapidaires et convenues , toute "notation" dans l'enseignement m'apparaît comme une erreur, et même une faute grave.
Idéologiquement , on voit bien que ce qu'est l'élève, comment il agit et pense, est laissé de côté. On est dans une mentalité patronale : bn rétribue une production. Le vocabilaire courant trahit bien cela : "ça ne vaut pas plus de...", "c'est bien payé", "peut mieux faire". "évaluation". Et les A, B, C, D, évoquent fâcheusement les "agences de notation" financières. Rien d'étonnant, dès lors, que des pressions "conformisantes" soient vues -et recherchées ou combattues- si souvent.
On va aller jusqu'à une note sociale, avec l'entrée au programme, comme discipline, de "cours" des comportements sociaux scolaires...
Les notes sont, à mes yeux, commodité, paresse, routine (les parents, l'administration sont "demandeurs").
Les versions de "socle commun" qui se sont succédées récemment témoignent d'un malaise devant ces pratiques de notation. Et, paradoxalermernt, ne les remettrent pas en cause. Qu'est-ce qu'une "compétence" ? C'est un ensemble variable et difficilement "définissable" de savoir-faire, de savoirs, d'activité personnelle, avec ses formes et ses mobiles, avec ses parts routinières, innovantes, conscientes, machinales. Une compétence n'est jamais "disciplinaire", mais personnelle et évolutive en permanence... Elle ne relève pas d'une "évaluation", mais de bilans multiples (de la part du sujet, de ses pairs, de ses proches, de ses "responsables sociaux"). Elle n'est pas "programmable", mais à tester dans la mise en oeuvre de projets, détection des obstacles et manques, à particulariser en tant qu'apport personnel à un projet d'"équipe "échéancé", à objectif défini, et non par rapport à la réussite ou non de ce projet. Une analyse multicritériée de cet apport contribuera à un portrait évolutif des compétences... et à un projet personnel de pratiques, d'étude, de réflexion et débats en vue de les multiplier, les utiliser avec plus de pertinence et d'efficacité, dans la participation à des "équipes" diverses, chacune oeuvrant à un projet délimité.
Ce que je viens d'écrire, je le crains, rencontrera des oppositions, des craintes, multiples de la part de divers acteurs de cette question de l'éducation, qui concerne tous les humains. Mon souhait est que l'on puisse en débattre, avec des arguments, des matériaux (compte-rendus d'"expétiences" vécues ou concertées , recueil d'observations contrôlables, propositions de "mises en forme verbale" accessibles à tel ou tel groupe social concret, confrontation à des savoirs faisant consensus en sciences humaines, etc...).
D'ores et déjà, on conjecturer qu'une partie des lecteurs de ce billet y "réagiront" affectivement... servant aux autres et à moi-même de sujets d'étude. Qu'y faire? Merci à ceux qui en débattront sans hâte, et avec minutie.