Le mot est entendu,ou lu, chaque jour. En 1962, J.Gabel la disait "fausse conscience"...Et, souvent, on l'emploie pour signifier "l'idée fausse des autres", à tel ou tel sujet. Parce que moi, (ou "nous") bien sûr; je ne pense pas idéologiquement , sous-entendu...
Dans mes écrits, depuis les années 70, j'ai élaboré une autre signification du mot. Pour moi, le fonctionnement idéologique est une des dynamiques inévitables de notre pensée .J'y vois une lointaine descendance des "réactions inconditionnelles" de tous les vivants ; et des "réactions conditionnées" de tous ceux qui sont assez complexes pour pouvoir "apprendre". Les choix, appétences, attirances des êtres vivants ; et leurs rejets, craintes, fuites , se déclenchent à partir de "stimuli", bien étudiés par les biologistes...et bien connus de tous, puisque nous avons "dressé", ou vu dresser, des animaux ; piéger d'autres ; et que, nous aussi, nous avons nos goûts et dégoûts, acquis depuis notre petite enfance, et remis, ou pas, en question plus tard...
Les choix et rejets acquis déclenchent les comortements correspondants à partir de percepts mémorisés. Pavlov avait cru "conditionner au son d'un sifflet" la sécrétion gastrique d'un chien, en l'associant à un don de nourriture. Plus tard, il dut s'apercevoir que le stimulus élu par le chien n'était pas le son du sifflet, mais la blouse blanche de son garçon de laboratoire... Le percept déclencheur peut être en provenance de n'importe quel organe sensoriel ; il est "associé" à une réaction , toujours la même , qui peut être organique (sécrétion, panique,)et /ou motrice (attaque, fuite, catatonie "de disparition", etc...). les conditionnements acquis peuvent être utlisés pour le dressage, la chasse , la pêche ...et l'éducation, délibérée ou incidente. Chacun de nous a des "routines", qui sont des conditionnements.Prendre un crayon de la manière particulière qui permettra d'écrire ne demande aucune réflexion, pour ceux qui ont appris.
Et les domaines du langage et de la pensée se conditionnent aussi...A-t-on besoin de réfléchir pour appeler par son nom quelqu'un que l'on connaît? Pour dire ses noms et prénoms, pour énoncer une phrase familière ("Passe-moi le sel, s'il te plaît!") ? C'est ainsi que des mots acquièrent une "couleur" particulière, selon la société dans laquelle on vit, et l'histoire unique de chacun (la madeleine de Proust).. Et notre pensée "colore" mots et idées, en positif/négatif, comme les conditionnements. Nous sommes spontanément manichéens, notre logique la plus "évidente" est binaire. Vrai/faux, bon/mauvais, existe/n'existe pas, réel/virtuel , sont des couples catégoriels utilisés "sans y penser"..
C'est que, le stimulus des plus simples vivants devient, chez de plus évoluées, "signal", puis "indice"...et, chez nous "signe" ou "symbole".
Nous "sélectionnons", sans nous en rendre compte, les aspects de la situation qui nous "parlent", sont pour nous "signifiants".. Et, de même qsu'un animal ne "voit" pas ce qui n'est pas signifiant pour lui, génétiquement ou par conditionnement , de même nous sommes rendus "aveugles" ou "sourds" à ce qui "ne nous dit rien.", surtout s'il y a autre chose d'"intéresant" à notre portée...C'est ainsi que des mots agissent sur nous par leur son ou leur forme écrite, avant toute réflexion...et même bloquant la réflexion, souvent. C'est cela que je nomme "fonctionnement idéologique".
Cette manière de réagir est inévitable, et n'a pas que des inconvénients. S'il nous fallait une longue étude avant chacun de nos actes ou de nos paroles , nous ne ferions plus grand'choe, et nous nous mettrions en danger chaque jour . mais ne plus fonctionner qu'ainsi, dans notre monde complexe et puissant, c'est se confiner aux routines, faire confiance à nos conditionnements, même si la situation a changé...
Si cette analyse intéresse des membres du clib, je peux développer,et illustrer dans des domaines comme "les blogs", "les articles", les débats", les votes", "la violence", "la démocratie", etc. ,qui semblent passionner beaucoup d'entre nous. Et, bien sûr, je suis ouvert à la critique...
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