Dans les trois billets précédents, j' ai évoqué les racines biologiques du fonctionnement idéologique (en le rattachant aux conditionnements) ; puis, sres rapports posssibles avec la dynamique proprement humaine (praxis/pathos/gnosis) au niveau individuel ; et, enfin, ses relations avec les catégories de temps et d'être.
Aujourd'hui, retour vers Henri Wallon : "l'homme est, de part en part, et individuel, et social." Disons donc quelques mots sur les relations individu./ société, dans leurs rapports avec le fonctionnement idéologique.
A. tout groupe humain a ses fonctionnements idéologiques, personnels et de groupe
1/ de l'ethos à la culture: l'animal humain est social, mais, de plus, individuellement plus divers que dans toute autre espèce , et il ne passe pas sa vie au sein d'un groupe unique.. Il a, aussi, développé ses potentiels de faber, loquens, sapiens. Il est "multi-ethos."
La triade fonctionnelle praxis/pathos/gnosis est l'une des conséquences importantes de ces particularités , en même temps qu'elle en est productrice. Par ailleurs, les groupes humains sont innombrables, de toutes dimensions, de tous habitats, avec des activités très nombreuses et très diversifiées..Il s'ensuit que les interactions entre individus, entre individus et groupes, entre groupes, sont d'une richesse et d'une intrication proprement inimaginables.
2/ caracrère évolutif "culturel" : et ces relations changent très vite et très diversement dans le décours du temps. Il y a coupure de tempo entre évolition biologique et évolution cultrurelle (tout comme il y eut coupure de rythme entre évolution cosmologique, et évolution biologique) Ces trois "histoires" coexistent, et interfèrent entre elles.
3/ caractère "idéologique" des "esprits de groupe" humains . Homo sapiens est seul à présenter un fonctionnement idéologique...parce qu'il est seul à avoir des idées. Il a élaboré, à partir de l'activité vitale de choix-rejets, un manichéisme "spontané" de la pensée. Bien sûr, c'est dans son groupe de vie que tout individu humain se transforme en personne . Le petit d'homme aura à faire avec une idéologie familiale ; puis scolaire, puis du groupe de ses pairs, de son "coin", de ses activités de loisir,de son métier, des médias, etc...Ces "idées groupales" ne sont pas toutes semblables; Et c'est leur emprise diverse sur lui ; et ses statuts et pouvoirs divers dans chaque "milieu de vie", qui vont entrer en concordance ou en conflit... C'st là que les catégories de "groupes d'appartenance, de référence, d'aspiration, par exemple, peuvent être utlies pour décrypter une équation personnelle.
4/ l'action des systèmes idéologique : les fonctionnements idéologiques individuels ou de groupes pénètrent et mettent en forme le langage, le jugement, les actions individuelles et/ou de groupes. En même temps, les paroles ou écrits, les décisions, les actions confortent ou remettent en cause les systèmes idéologiques.. Et- des orientatons idéologiques peuvent se renforcer mutuellement, ou entrer en conflit d'où l'une sort vaincue, au niveau d'un groupe ou d'un individu.., en partie ou en totalité.
5/les fonctionnements idéologiques ont pour armes les symboles :avant même l'apparition des idées chez sapiens, les animaux avaient parcouri des étapes menant du stimulus au signal (conditionnement), puis à l'indice (le flair du chien fonctionne sur "indices"), et enfin au signe (conditionnement humain : "Ici!" n'existe que pour un chien dressé). Sapiens a franchi un nouveau pas, qui mène du signe au symbole. Le symbole est signifiant "par lui-même", hors de la présence de ce qu'il signifie, hors des situations où il pourrait devenir mobilisateur..
La dernière étape est celle de la construction de "systèmes symboliques" . Chacun de ceux-ci se caractérise par un répertoire de symboles , et des règles d'association de ces symboles en des ensembles signifiants.
Il va rester, pour un prochain billet, la description des fonctionnements idéologiques, dans leurs traits les plus marqués, au sein de notre paysage humain actuel. Et à proposer des attitudes, des modes d'organisation et d'action, susceptibles d'atténuer leurs effets éventuellement néfastes.