GILDAS LE DEM (avatar)

GILDAS LE DEM

Abonné·e de Mediapart

21 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 août 2020

GILDAS LE DEM (avatar)

GILDAS LE DEM

Abonné·e de Mediapart

Cori Bush, la possibilité d'un basculement du vote afro-américain

GILDAS LE DEM (avatar)

GILDAS LE DEM

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est trop tôt pour tirer ds conclusions nationales de la victoire de #CoriBuch à Saint Louis. Ce qu'il y a de certain en tout cas, c'est que Cori Bush l'a emporté, après avoir échoué en 2018, face à un candidat noir (Lacy Clay) qui était, s'il en est, un pur représentant de l'establishment noir au sein du parti démocrate (soutenu par Nancy Pelosi ou Kamala Harris, il était surtout l'héritier d'une véritable dynastie de notables noirs).

On le sait désormais, la déconvenue de Bernie Sanders dans les primaires était largement due à la défection du vote noir dans les états du sud, ou plus précisément, à la défection du vote noir âgé, qui avait préféré jouer, avec le vote en faveur de Joe Biden, la carte de la réassurance face à la crainte d'un backlash en cas de réélection de Donald Trump. Et il faut comprendre cette attitude, même si elle peut sembler décevante au regard de l'audace du mouvement Black Lives Matter, et des propositions plus générales de la campagne de Bernie (notamment concernant la réforme radicale du système judiciaire et carcéral) — tant l'histoire et la mémoire de la communauté afro-américaine est remplie d'amères déceptions.

Au contraire, les militants de la campagne de Bernie avaient su entraîner l'ensemble de la minorité latino par un immense travail de conviction des plus jeunes militants latinos, notamment auprès de leurs ainés, dont l'affiliation au parti démocrate et à son establishment était, il est vrai, plus récente, et moins ancrée dans les habitudes électorales que celle des électeurs noirs âgés. Et qui restait heurtée, aussi, par les politiques migratoires initiées sous Barack Obama (même si ces dernières ont, bien entendu, été incomparablement aggravées sous Donald Trump).

Mais — et il faudrait pouvoir disposer de, et regarder le détail des chiffres du vote, spécialement au regard de l'âge des électeurs — il se pourrait maintenant que sous l'effet 1) de la nouvelle crise raciale déclenchée par le meurtre de George Floyd, et le peu de répondant, voire l'indifférence de l'establishment démocrate 2) de la virulence avec laquelle la crise du Covid 19 touche spécialement les afro-américains, et l'intensification de la crise sociale qui s'ensuit 3) paradoxalement, du fait que la victoire de Biden soit, à l'heure qu'il est, quasi-assurée face à Donald Trump (dont la menace d'une reconduction à la Maison Blanche, et avec elle d'un contrecoup envers la communauté noire, semble donc s'éloigner), la majorité de la minorité noire puisse à son tour basculer dans le camp progressiste.

C'est, du moins, ce qu'on peut espérer. Cori Bush, activiste proche du mouvement Black Lives Matter, infirmière qui soutient et incarne avec force la proposition d'un Medicare For All, soutenue par Bernie Sanders enfin, personnifie en effet à merveille la possibilité d'un pareil basculement. Et ce qui semblait improbable après les primaires présidentielle est devenu réel hier à Saint Louis.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.