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Billet de blog 24 juillet 2024

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Lucie Castets et le NFP : faire politique

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Quoi qu'il doive en être du destin de Lucie Castets et d'un gouvernement de gauche, je ne peux m'empêcher ce matin de me réjouir de ce que ceux qui (à droite, mais aussi ce qui était plus troublant, à gauche) 1/ s'étranglaient, au soir de l'annonce de la création du Nouveau Front Populaire, de voir la gauche s'unir et dépasser les divisions des élections européennes, 2/ puis nous annonçaient, dans l'entre deux tours des législatives, une nouvelle défaite de la gauche, et qu'il fallait donc à toute force bâtir une grand coalition et reprendre le chemin de la stratégie du consensus au centre, 3/ s'émouvaient à nouveau, au soir du second tour, de ce que le NFP reste uni, et uni sur la base d'un programme et de la nécessité d'une rupture, pour parler comme Lucie Castets, se voient aujourd'hui démentis.
Comme toujours, ceux qui déclaraient tout cela impossible ne le disaient, ne le clamaient haut et fort, que pour ne pas se le rendre possible. Mais nous savons aujourd'hui que c'était possible, qu'il y avait aussi du possible (du possible sinon j'étouffe !) de ce côté là.
Et que ce qui apparaissait comme une position raisonnable (la dite grande coalition) se révèle être ce qu'elle était : de la politique en chambre et sur le papier. Je n'évoquerai même pas la haine, le plus souvent, de LFI, qui motivait sourdement cette prise de position ; cette haine s'est depuis étendue à EELV, et il a bien fallu, à gauche, se rendre au fait que la haine de LFI était en vérité la haine de la gauche tout court.
Bien entendu, ceci n'annule pas un autre fait : il est évident que Macron, et plus généralement les macronistes sont des forcenés. Mais précisément, pour une question de méthode, qui est tout autre chose que le rêve précipité d'une grande coalition, et aussi par volonté d'éclairer, de dévoiler comme le dit encore Lucie Castets, la réalité des positions politiques et des rapports de force (c'est, en somme : faire de la politique et de la pédagogie politique), il fallait bien procéder par étapes. Avec ordre. Un ordre des raisons qui est tout le contraire d'une arithmétique et d'un brouillon sur le papier.
Je l'ai souvent dit : le plus juste, le plus sage des diagnostics aussi, au sortir de la dissolution, puis du résultat du second tour, me semblait être celui (peut-être parce qu'il s'y connaît en dissolution ratée !) de Dominique de Villepin.
À savoir qu'en cas de crise politique aigue, il convient de ne pas ajouter de la confusion à la confusion, de l'obscurité à l'obscurité, et qu'il faut procéder du plus simple au plus complexe. Diviser les difficultés, quitte, donc, à ce que Macron se refuse à nommer un gouvernement NFP, ou que, s'il arrivait que celui-ci soit constitué, celui-ci soit censuré et tombe.
Alors, il sera bien temps, mais il sera temps à ce moment là seulement, de laisser sa chance à une grande coalition pour ceux qui voudraient s'y rallier. Puis, par la suite, d'envisager une nouvelle dissolution si cette option se révélait également non-viable. Enfin, d'aller vers une présidentielle, que celle-ci soit, ou non, anticipée.
Bref, il fallait faire de la politique, et ce n'est pas sale que de dire cela. C'est même salutaire, après des années de dépolitisation sous le mot d'ordre mortifère du consensus au centre (je dis mortifère, car c'est évidemment cette attitude post-politique qui est l'une des raisons de la confusion qui nourrit la montée du Rassemblement National). Et le NFP, et désormais, avec lui, Lucie Castets, font de la politique et de la bonne politique. De la guerre de positions. Il va nous falloir réapprendre nous-mêmes à en faire partout.

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