Mon cher François,
Cela fait tout juste deux ans que nous avons mêlé nos destinées.
Aujourd'hui je ne te cache pas que ma déception est grande et qu'un bilan s'impose.
Tout d'abord il faut que tu saches, car je crois ne te l'avoir jamais dit, que tu n'étais pas mon premier choix. Bien entendu, tu faisais partie d'une bonne famille, bien éloignée du modèle de mes propres parents que je cherchais justement à fuir. " L'Union Maman-Papa", comme nous nous plaisions à la nommer et que, t'en souviens-tu, nous avions fini par simplifier sous l'acronyme d'UMP, nous en rigolions, nous nous en moquions bien souvent, certains que nous étions alors de ne jamais suivre le même chemin.
Non, sincèrement, si j'avais eu le choix, c'est vers cette Dame du Poitou que mes pas se seraient portés: je la voyais comme la seule personne suffisamment créative pour affronter l'avenir avec succès.
Hélas, c'est toi qui m'a été proposé.
Pour autant, c'est de gaité de coeur que je t'ai donné mon accord, et sois bien certain que le sourire qui illuminait mon visage le jour de la Grande Cérémonie n'était pas feint. J'étais vraiment heureux; l'Union Maman-Papa s'éloignait à grands pas et je me sentais plus libre, enfin!
Aujourd'hui j'estime avoir été manipulé. L'accusation est grave, aussi vais-je l'argumenter.
Tu es un fin connaisseur de la nature humaine, ainsi qu'un grand séducteur. Tu as parfaitement compris que pour m'avoir à toi, il te fallait railler ce modèle de l'UMP. Mais il n'a pas fallu attendre plus de quelques mois pour que tu apparaisses sous ta vraie nature.
Tu conviendras donc comme moi que notre union, basée non pas sur une totale confiance mutuelle, mais bien sur un tissu de mensonges, est désormais vouée à l'échec, et que le divorce entre nous est déjà consommé.
Soyons adultes, et tentons de trouver ensemble le moyen de sortir dignement de cette comédie qui n'a que trop duré.
J'attends de ta part des propositions en ce sens. Je suis encore jeune et je compte bien refaire ma vie sur des bases plus solides et plus saines.
Te souhaitant bonne lecture,
Gilles.
P.S.: En attendant l'officialisation de notre rupture, je te laisse l'usufruit de tous nos biens communs: n'en profite pas pour dilapider la maigre part qu'il nous reste de notre ancienne fortune.