Cela fait déjà bien longtemps que nous ne nous étonnons plus de voir les promesses électorales jetées aux orties sitôt l'élection passée. La dernière échéance présidentielle en a marqué le sommet, les compétiteurs n'étant jugés qu'a l'effet produit sur l'opinion, sans que l'on tienne aucun compte de la teneur réelle des propos. Ainsi, "la croissance, j'irai la chercher avec les dents" n'a choqué personne dans la bouche de Nicolas Bruni, produisant à coup sûr son petit effet dans les temps de cerveau disponibles, malgré le ridicule total de l'assertion et son caractère naïf, voir enfantin.
Dans le même ordre d'idée, la "saine colère" de Ségolène Royal est apparue uniquement sous la stricte notion de perte de contrôle, donnant la victoire -inattendue- de Nicolas Bruni sur ce point.
Cela me semble grave, mais, me sentant un peu seul à m'en indigner, je n'insisterai pas davantage sur le sujet.
Ce qui me choque, bien plus profondément, c'est la nature même de l'exercice du pouvoir mis en place par ce président, qui constitue à mes yeux une véritable captation de démocratie.
Les personnalités, le plus souvent légitimées par un mandat électif, membres "officiels" de ce gouvernement, apparaissent chaque jour un peu plus pour ce qu'ils sont réellement; rien de plus qu'une façade de démocratie, un gouvernement de figurants.
Les véritables décisions sont prises ailleurs, dans le secret le plus total, sans aucun contrôle, par une poignée de "conseillers" divers. En effet, nous ne pouvons que constater que le véritable pouvoir décisionnel appartient à ces "hommes de l'ombre" du président (les Guéant et consorts). Le premier ministre n'est plus, au mieux, qu'un porte parole d'ailleurs souvent mal informé lui-même, semble-t-il. Qu'un membre du parlement ou qu'un sénateur n'avale pas la couleuvre qu'on lui propose, et le voilà bientôt convoqué, harcelé.
La question qu'on est en droit de se poser n'est rien d'autre que; qui, à la fin, dirige ce pays? Un gouvernement? Son président? Son faiseur de discours?
La cinquième république, quel que soit l'opinion qu'on en aie, disposait de certains modes d'auto-régulation; le dispositif mis en place par Nicolas Bruni les contourne tous. A l'heure ou le manque de contrôle sérieux a montré ses limites, au moment ou s'écroule le fantasme de l'auto-régulation, l'inquiétude la plus extrême m'envahit.
Pas vous?