Vendredi 6 mai 2016
A l ’attention de monsieur le maire d’Argenteuil,
Je vous avais écrit une première lettre[1] il y a une semaine mais sans doute ne l’avez vous jamais reçue puisque je n’ai eu aucun signe de votre cabinet en retour.
Faut dire, sincèrement, que je doutais d’un tel geste de votre part ayant entendu que plusieurs personnes avaient essayé de vous interpeller via votre compte twitter avant d’être rayées de la liste de vos contacts.
On m’avait prévenu : monsieur le maire d’Argenteuil donne rarement de réponses et préfère empêcher des débats plutôt que de les susciter.
Je n’ai personnellement pas de compte twitter et je dois vous avouer que la limite d’un tweet à 140 caractères n’est pas toujours pour moi la meilleure façon d’échanger.
J’étais devant votre mairie, mardi 3 mai, et j’ai rencontré d’autres personnes qui vous attendaient pour tenter de mieux comprendre ce qui motivait vos décisions…
J’ai appris, par un argenteuillais, que récemment vous vous étiez opposé à ce que 4 photographies – pourtant exposées peu de temps avant dans la médiathèque d’Argenteuil – puissent figurer au sein d’une exposition qui rendait hommage, à « la marche des beurs »…
J’ai découvert également qu’une de vos premières décisions de maire d’Argenteuil a été de supprimer de la programmation de votre théâtre municipal 4 ballets malgré des danseurs et des chorégraphes qui s’étaient engagés depuis longtemps à intervenir dans les écoles d’Argenteuil afin de faire perdurer un tissu social et une certaine idée de la culture…
C’est incroyable finalement ce qui se passe à quelques kilomètres de la capitale !
Argenteuil est si proche de Paris que j’ai pu regagner la capitale en un quart d’heure et m’engouffrer dans une salle de cinéma d’Art & d’essai qui n’avait pas reçu tout à fait les mêmes consignes que votre salle de cinéma municipale… C’était à quelques mètres de la place de la Nation, sur le boulevard Diderot… Vous savez, celui qui a dit un jour :
“Je puis tout pardonner aux hommes, excepté l'injustice, l'ingratitude et l'inhumanité.”
Grâce à vous, je suis allé voir « LA SOCIOLOGUE ET L’OURSON », un film dont j’avais raté la sortie…
Merci monsieur le maire de m’avoir donné l’opportunité de voir ce film !
Comme le dit « la maman ours » dans ce film, en sortant sur un terrain qui n’est pas le sien : « Je ne veux pas avoir un jugement sans connaître… ».
J’avoue avoir été très étonné de ce que j’ai vu et entendu lors ce cette projection, monsieur le maire… La salle était pleine et la qualité de l’écoute à l’intérieur de celle-ci était rare… Parfois il y avait bien des spectateurs qui souriaient ou un enfant qui riait mais je vous assure qu’en aucun cas la sérénité de l’assistance n’a été troublée. Aussi, quand les lumières de la salle de cinéma se sont rallumées, je suis resté, pour voir si ce que vous aviez imaginé allait se passer… J’avais un peu peur car aucun CRS ne semblait avoir suivi votre opinion et la salle n’était livrée à aucune surveillance particulière.
Je regrette sincèrement que vous n’ayez pas assisté à la qualité des débats où chacun se respectait et tolérait parfois une opinion qui n’était pas forcément la sienne… Aucune agressivité dans les questions posées…
Mais avez-vous vu vraiment ce film avant de le déprogrammer de votre cinéma municipal ?
Je ne reviendrai pas ici sur l’autre film – 3000 NIGHTS – que vous censurez également en l’empêchant de passer dans votre cinéma municipal. Je ne suis pas objectif puisque, c’est vrai, j’en étais « partie prenante »… J’ajouterai juste que si Samuel (mon assistant), LES FILMS D’ICI (la co-production française) et moi-même avions vu dans le scénario de 3000 NIGHTS la moindre volonté de son auteur de dresser des individus les uns contre les autres alors nous ne nous serions pas engagés sur ce film et nous ne le défendrions pas aujourd’hui comme nous le faisons…
Mais peut- être pourriez vous prendre votre téléphone pour appeler le maire d’Annonay (un peu plus loin de Paris, c’est vrai) où ce film a été récemment plébiscité lors d’un petit festival puisqu’il avait reçu « le prix du public »…
Et puisqu’une opportunité m’est encore donnée de vous rencontrer demain, samedi 7 Mai, sur le parvis de votre Hôtel de ville, sachez que je me tiendrai à votre disposition si vous désirez échanger plus longuement… Je ne sais pas si j’aurai la chance de vous croiser mais j’espère qu’il y aura une personne dans l’assistance qui pourra me dire comment il est encore possible aujourd’hui, en France, qu’un maire puisse censurer deux films alors que ceux-ci ont reçu le visa d’exploitation du ministère de la culture et du Centre National de Cinématographie…
Je vous prie d’agréer monsieur le maire mes salutation distinguées,
Gilles Porte (directeur de la photographie du film 3000 NIGHTS et spectateur du film LA SOCIOLOGUE ET L’OURSON)
http://www.gillesporte.fr
[1] Publié sur le site de l’AFC qui est celui d’une association de cinéma.
http://www.afcinema.com/Lettre-ouverte-a-M-Georges-Mothron-maire-d-Argenteuil.html