Nous sommes, depuis les théoriciens grecs, les clercs médiévaux et jusqu'aux chercheurs de métiers actuels, la seule civilisation qui a autonomisé et confisqué le champ de l'enquête, en professionnalisant le métier d'enquêteur (on appelle cela un scientifique ou un expert), aspirant tout le savoir légitime comme produit de l'activité de quelques uns. C'est une confiscation d'une grande violence (Une saison chez les vivants/ Baptiste Morizot).
Vacciner est une technique que l'on connaît depuis longtemps : Dès le début du XVIIIème siècle on savait – et sans doute bien avant – que nous nous étions immunisés contre certaine maladie dès lors que nous y avions survécu. C'est ainsi que le grand savant Daniel Bernoulli (1700-1782) considérait comme moins grave les décès de quelques enfants liés à l'inoculation de la variole (10% néanmoins) que la mort de jeunes adultes « essentiels à la vie de la nation »(Lise Barnéoud : Immunisés ? Un nouveau regard sur les vaccins .- Premier parallèle, 2017 p.88)
Aujourd'hui la vaccination est une technique qui s'est beaucoup améliorée au fil du temps, Mais comme on ne comprend toujours pas très bien le mécanisme de l'immunité, c'est un outil extrêmement complexe, car comme le dit le mathématicien David Hilbert (1862-1943) « Il est enraciné dans les sciences mathématiques que toute avancée réelle marche main dans la main avec l'invention d'outils plus performants et de méthodes plus simples ». Le moins que l'on puisse dire concernant la vaccination, c'est que la méthode n'est pas simple et que l'outil n'est pas très performant. A la décharge de nos médecins, reconnaissons que le monde des bactéries et des virus est lui même bien compliqué.
Grâce à la vaccination la variole a totalement disparue et nous sommes complètement protégé de la diphtérie et du tétanos ; ce sont d'indiscutables victoires, (remarquons que les batailles gagnées contre ces maladies sont dues à des bactéries, êtres vivants en moyenne cent fois plus grosses que les virus dont on discute toujours la nature). Mais pour le reste, les vaccinations contre la rougeole qui protège les nourrissons, la rubéole qui protège les fœtus posent des questions de type coût-avantage car elles obligent à vacciner toute la population alors que les risques sont relativement minimes , on peut se poser par exemple la question de ne vacciner que les parents, futurs parents et entourage des bébés, Le risque pour les oreillons étant si faible qu'à titre personnel je m'interroge sur la pertinence de ce vaccin.
La vaccination est une technique et comme l'a montré Jacques Ellul ( Jacques Ellul : Le bluff technologique .- Hachette 1988), la technologie soulève trois questions : 1)Tout progrès technique se paie ,2) le progrès technique soulève des problèmes plus difficiles que ceux qu'il résout 3)les effets néfastes sont inséparables des effets positifs, Pour illustrer cette analyse je prendrais l'exemple de la vaccination contre la poliomyélite.
Echapper pour de bon à la chaleur de la ville et être envoyé dans un camp de vacances à la montagne ou à la campagne était considéré comme la meilleure protection d’un enfant contre le risque de la polio. Ou alors, passer l’été au bord de la mer à une centaine de kilomètres, sur les plages du Jersey Shore. (Némésis / Philip Roth p.15).Aujourd'hui le virus sauvage de la polio a pratiquement disparu ; il reste quelques poches en Afghanistan et au Pakistan , mais le virus « vaccinal « c'est à dire celui que l'on inocule chaque année à des millions de personnes fait plus de victime que le virus sauvage. Comment cela s'explique :
Il existe deux vaccins différents . Celui de Salk (Jonas Salk 1914-1995) plus cher qui utilise un virus mort et pour cette raison ne présente aucun risque pour la personne vaccinée , c'est pour cette raison qu'il est le seul utilisé dans les pays occidentaux. S'il protège de la maladie il a le défaut de ne pas empêcher la prolifération du virus qui peut rester vivant dans l'estomac d'une personne infectée.
Le vaccin de Sabin (Albert Sabin 1906-1993) est un vaccin oral utilisant un virus atténué , il est très bon marché ayant été conçu pour cette raison, Albert Sabin refusant de breveter son vaccin empêchant toute exploitation commerciale par les industries pharmaceutiques. Le vaccin étant administré par la bouche empêche toute prolifération du virus dans l'estomac. Il a potentiellement la possibilité d'éradiquer totalement le virus à la surface du globe. Il a cependant l'inconvénient de provoquer la maladie dans la proportion de 1 à 4 cas par million de personnes vaccinées ce qui le rend totalement rédhibitoire en Europe et aux Etats-Unis où personne n'accepte de « choisir » ce risque puisque nous sommes protégés de toute façon par l'autre vaccin. (Barnéoud opus cité p.41). De toute façon le risque est extrêmement limité puisque nous ne buvons plus que de l'eau potable.
Les cas de poliomyélite sont aujourd'hui plus souvent provoqués par le virus inoculé que par le virus sauvage. En occident seules les personnes immunodépressives courent un risque extrêmement minime et serait encore plus faible si d'une part on permettait au Afghans et aux Pakistanais d'accéder à l'eau potable et d'autre part on assurait une couverture complète de ce vaccin en Syrie au Congo, au Nigéria et en Inde ou le virus atténué est toujours présent. En attendant le vaccin est obligatoire pour tous les bébés de France à deux mois avec un rappel à quatre mois. Ce vaccin ne présente aucun danger. Néanmoins il est administré avec des sels d'aluminium, une question qui fait débat en France.
On voit que la technique du vaccin contre la polio pose de nombreuses questions économiques, sociétales, de santé publique,La technologie ne se suffit jamais à elle même comme on a souvent l'impression de le croire et elle ne nous met pas non plus à l'abri d'une erreur humaine.
Le Coronavirus ressemblant d'une certaine manière au virus de la grippe, observons la situation. La grippe tue rarement, moins de 0,007%, certaines années les vaccins ne réduisent le risque d'être malade que de 20%. 90% des décès ne concernent que les plus de 65 ans et malheureusement le vaccin est particulièrement inefficace chez les personnes âgées ce qui confirme l'intuition que plus on est vieux , plus on est vulnérable. De fait l'organisme des vieillards est de moins en moins capable de fabriquer des anticorps. Le virus de la grippe étant insusceptible de disparaître et les enfants étant le vecteur le plus important de transmission la logique voudrait que l'on vaccine les enfants chaque année pour protéger leurs grand-parents, mais pour quel réel bénéfice ?
C'est donc cette ambivalence du progrès technologique qu'il faut interroger. Personne ne discute aujourd'hui du bilan coût-avantage des vaccinations ;sachant que les coûts pour la société sont les profits des industries pharmaceutiques et sur cette question nous voyons trop bien que c'est le chat qui surveille la coupelle de lait.
L'impact à long terme d'un vaccin contre le Coronavirus est inconnu comme l'est celui de la grippe. On sait aujourd'hui que la létalité du Coronavirus est moins liée à sa propre virulence qu'à la réaction immunitaire qu'elle provoque – les orages de citokines- or le vaccin sert justement à mobiliser cette réaction immunitaire. Il est admis, sans vouloir polémiquer, que d'autres types de traitements de la maladie sont possible. Sur le long terme sachant que les obèses sont des personnes à risque , ne serait-il pas plus utile de combattre cette épidémie sociétale plus facile à éradiquer puisqu'elle ne dépend que de nous plutôt que le Coronavirus.
Last but not least , le Coronavirus étant capable de muter très facilement , vacciner ne risque t-il pas de créer un mutant encore plus dangereux. Sommes nous sûr de maîtriser toutes ces techniques ? Notre environnement corporel est constitué de milliards de virus, l'idée de séparer les bons des mauvais virus est illusoire, c'est là où se situe le bluff technologique en attendant nous avons besoins de soins, de médecins et de lits d’hôpitaux qui manquent cruellement.
L'habitude est prise depuis longtemps de répondre à un problème induit par une technologie par une nouvelle technologie annihilant les effets de la première, l'effet feedback cher à Jacques Ellul.
Pendant cette crise du Covid-19 nos dirigeants se sont appuyés sur un conseil scientifique qui a cependant refusé d'assumer la responsabilité des décisions à prendre, Ils n'ont pas voulu jouer le rôle de technocrates c'est à dire d' hommes ou de femmes qui prétendent diriger la nation en fonction de leurs compétences (Jacques Ellul opus cité p.71). Mais s'il y a un domaine où la compétence technique est totalement confisquée par les technocrates, c' est bien celle qui affirme qu'il n'existe aucunes autres solutions que la vaccination . Le débat démocratique est terrassé par la technocratie et son opacité. Déjà en 1988 Jacques Ellul disait que cette technocratie s'était muée en aristocratie ; certes ils tirent leurs titres de noblesse de leur savoir et non de leur naissance , Enarques, Polytechniciens , membres des Instituts mais ils se comportent comme tous les aristocrates, entregent, cooptation , privilèges et totale irresponsabilité juridique.
Cette technocratie n'est pas que française, elle est mondiale et elle a créé un système global c'est à dire une mondialisation construite sur un seul modèle technologique. Il faut lui reconnaître des succès éblouissants ; la mise sous contrôle à travers les GAFAM - géants du Web - de presque toute la population à l'exception des chinois qui ont mis en place leur propre système. Une organisation unique d'un système de transport sur terre air et mer assurant un libre échange parfait , si performant qu'il donne l'impression que le coût du transport est négligeable. De la possibilité pour les hommes de se déplacer à la vitesse du son, nonobstant la présence des virus.
Vacciner le monde entier en commençant par l'Afrique, tel est le projet fou de Bill Gates, un projet technocratique visant à faire croire à la possibilité d'un monde sans souffrance, sans maladie , une sorte de flèche du progrès qui conduirait inexorablement vers une possible immortalité, le projet transhumaniste. C'est hélas exactement le contraire qui se produit, l’espérance de vie dans le monde diminue et particulièrement dans nos sociétés avancées mais il faut comprendre à l'instar de Bruno Latour que « Tout se passe comme si une partie importante des classes dirigeantes était arrivée à la conclusion qu'il n'y aurait pas assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. Par conséquent, elles ont décidé qu'il était devenu inutile de faire comme si l'histoire allait continuer de mener vers un horizon commun » (Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s'orienter en politique ; la découverte.- Paris 2017)
Ouf, ce transhumanisme ne concerne qu'une certaine élite, qui a oublié que ce qui fait de nous des êtres humains doués d'amour, de compassion c'est notre vulnérabilité : un bébé immortel dès son premier jour serait un monstre. Ce projet est un projet de haine contre l'humanité ; en attendant le bluff technologique rapporte énormément,