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Billet de blog 28 avril 2020

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Le choléra selon Giono : toute ressemblance avec le Covid-19 serait fortuite

Cet homme, cette femme a aimé, haï, menti, souffert et joui de l'amour, de la haine et du mensonge des autres. Mais aucune trace à l'autopsie...Qui me certifie que la haine, la jalousie n'ont aucune part dans ces taches pourprées et livide, ces charbons intérieurs que je découvre dans les follicules muqueux intestinaux? Le Hussard sur le toit -éd. Gallimard - p. 377

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est une histoire d’amour extrêmement chaste. Giono montre ainsi qu'à cinquante cinq ans, quand il fait paraître « Le Hussard sur le toit », il n'est pas encore vacciné contre son désir originel de pureté : C'est la pureté de leurs sentiments qui sauvera Angelo et Pauline du choléra.

 Totalement insouciant Angelo prend des risques insensés pendant l'épidémie mais auprès de sa belle – et alors qu'il est amoureux sans jamais vouloir se l'avouer - il prendra de multiples précautions, veillant à ne boire et ne lui faire boire que du thé à l'eau bouillie.Ce n'est pas la nature, ou l'air qui est corrompu, comprend t-il très vite mais l'eau qui est altérée et sans doute par la faute des hommes.

Voilà en quelques mots ce que nous raconte « Le Hussard sur le toit » : la pureté de la nature et la corruption des hommes. Arrivant à Manosque , accusé d'avoir empoisonné les fontaines, Angelo l'insouciant, le pur, est pourchassé par les habitants. Cela sans nul doute rappelle de mauvais souvenirs à Giono , maltraité lui-même dans sa ville à la fin de la seconde guerre mondiale.

L'air qui empeste fera, qu'après de multiples péripéties Angelo et Pauline quitteront ensemble la région, Ils vont à cheval, à pied , à dos de mule jusqu'à Gap à travers bois, vers l'Italie. C'est l'enchantement de la langue de Giono, avec lui nous allons sentir les paysages, le thym et la sarriette, l'éclat blanc du soleil à son zénith ou la teinte abricot à l'heure où il se couche, les hêtraies alternativement bleues ou rougeoyantes selon les nuances du ciel , l'odeur de la pluie ou du cheval que l'on bouchonne. Cela parlera à tous ceux qui aiment la nature et plus particulièrement aux amoureux de longues cavalcades en forêt.

 Il faudra attendre l'avant dernier chapitre pour découvrir un vieux médecin bougon , célibataire endurci , mélancolique mais pas misanthrope, fou ou poète comme on voudra. Il aura le mot de la fin : Le choléra ne se transmet pas par contagion mais par prosélytisme, et c'est ainsi que Pauline à la fin du roman sera définitivement immunisée.

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