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Billet de blog 1 juil. 2009

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Plaidoyer pour les marches LGBT

Il y a 40 ans, sur Christopher Street, à New York, les clients du Stonewall Inn se sont révoltés contre une descente policière. Dans ce bar, des hommes dansaient ensemble, des hommes s’habillaient en femme, on leur servait à boire. Chacun de ces trois délits autorisait l’intervention de la police. Les émeutes qui ont suivi ont donné le coup d’envoi des marches de protestation contre les brimades, les violences, les discriminations qui atteignent les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans).

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Il y a 40 ans, sur Christopher Street, à New York, les clients du Stonewall Inn se sont révoltés contre une descente policière. Dans ce bar, des hommes dansaient ensemble, des hommes s’habillaient en femme, on leur servait à boire. Chacun de ces trois délits autorisait l’intervention de la police. Les émeutes qui ont suivi ont donné le coup d’envoi des marches de protestation contre les brimades, les violences, les discriminations qui atteignent les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans).

Là où elles font face à l’hostilité du plus grand nombre, ces marches témoignent d’un courage exceptionnel. Ailleurs, elles sont observées avec curiosité, parfois avec bienveillance. On les compare à la tradition de ces grands carnavals pendant lesquels la transgression devient momentanément la règle. Souvent, on en oublie les revendications qu’elles portent. En France, même si elles réunissent des centaines de milliers de participants, des grincheux se font entendre en dénonçant leur exubérance provocante, stérile et finalement nuisible.

Pourtant, où qu’elles se tiennent et quelle qu’en soit la forme, ces marches s’inscrivent toujours dans un combat politique. Partout dans le monde, elles accompagnent chaque victoire emportée par le mouvement LGBT sur l’obscurantisme : la dépénalisation de l’homosexualité ; le retrait de l’homosexualité et de l’identité trans de la liste des maladies mentales ; la reconnaissance des couples homosexuels, jusqu’à l’ouverture du mariage ; la reconnaissance des familles homoparentales, jusqu’à l’ouverture de l’adoption ; l’enregistrement des changements de sexe sans atteinte à l’intégrité des personnes trans ; la condamnation des propos et des discriminations qui atteignent les personnes LGBT…

Ce combat politique repose sur des principes simples. Chaque identité individuelle est une œuvre personnelle. Ses composantes évoluent tout au long de la vie. Si nous voulons l’émancipation des hommes et des femmes, si nous voulons leur liberté, alors nous devons lever les barrières que notre société dresse sur leurs parcours personnels. Nous devons ouvrir les frontières sociales, culturelles, familiales, qui sont autant de limites à l'épanouissement individuel. Nous devons ouvrir les frontières de l'orientation sexuelle. Nous devons ouvrir les frontières du genre, et reconnaître que l'identité n'est pas une vérité biologique, mais bien une réalisation personnelle.

Ouvrir ces frontières, cela veut dire respecter celles et ceux qui les traversent en leur garantissant les mêmes droits. Celles et ceux qui franchissent les frontières de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre doivent ainsi pouvoir fonder et protéger leurs familles selon les règles du droit commun.

Les violences et les discriminations qui atteignent les personnes trans et leurs familles reposent sur les mêmes reflexes, les mêmes conservatismes, les mêmes tabous que celles qui se fondent sur l’orientation sexuelle. Il n’y a pas de distinction à faire entre un mouvement lesbien, un mouvement gay, et un mouvement trans qui auraient pris la décision tactique d’avancer ensemble. Il s’agit d’un seul et même combat. Il s’agit toujours de reconnaître à chacun la liberté de construire sa vie en dehors des chemins tracés par les traditions et les présupposés. Il s’agit toujours de placer les réalités vécues devant les vérités biologiques.

La France réserve encore le mariage aux couples hétérosexuels. Elle s’obstine à nier les liens qui unissent les parents homosexuels et leurs enfants. Elle fixe des conditions inacceptables pour l’enregistrement d’un changement de sexe.

Ce combat politique a 40 ans. Il n’est pas encore gagné. Aucune marche n’est inutile pour avancer.

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