
Belchite... À seulement 49 kilomètres de la capitale provinciale, Saragosse, l'horreur est toujours présente face à ses lambeaux architecturaux. L'atmosphère y est apocalyptique. Cette ville fantôme se dresse devant nous, sous une chaleur écrasante et un vent sahélien irrespirable. Avec la poussière arrachée de ses rues, la ville nous projette dans une errance et nous replonge dans cette période d'une brutalité inouïe.
Belchite, à la frontière entre l'État républicain et les forces fascistes, est devenu le théâtre d'une des batailles les plus sanglantes et les plus importantes de toute la guerre civile Espagnole (1936-1939). La ville a d'abord été occupée par l'armée nationaliste après le coup d'État du général Francisco Franco, mais elle a été récupérée par l'armée républicaine au cours d'un siège de quinze jours qui a pratiquement détruit la ville.
Lors de la bataille de Belchite, les maisons, les édifices ont été bombardées et les habitants massacrée. Ernest Hemingway, Martha Gellhorn et de nombreux autres volontaires étrangers des Brigades internationales républicaines ont été horrifiés par cette mise à mort dont ils ont été témoins. Un journaliste a décrit « une ville tellement ravagée qu'il était souvent impossible de dire où étaient les rues". Des habitants déblayaient des tonnes de gravats, pour retrouver les survivants, mais ils ne trouvaient que mort, désolation, tristesse et désespoir.
Lorsque Belchite fut reconquise par le dictateur Franco, il la laissa en état pour rappeler son pouvoir brutal et comme avertissement à tous ceux qui voulaient s'opposer à lui... Il ordonna qu'elle soit laissée en l'état, comme un monument "vivant" de la guerre...
Dans le contexte actuel, où la question du déboulonnage de figures historiques peu recommandables, est posée sur l'échiquier de la déontologie, au nom du respect humain, faut-il rendre muet ou non, l'écho d'une vérité qui nous garderait éveillé et nous éviterait de reproduire l'irréparable...?