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Billet de blog 31 janv. 2023

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synthèse sur ma vision de l'agression russe en Ukraine

dans ce texte un peu long j'expose les raisons pour lesquelles j'estime nécessaire de soutenir résolument l'Ukraine dans sa résistance à l'agression criminelle de Poutine

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Sur Poutine des éléments incontestables

Poutine, mafieux de toujours

Poutine est poussé au pouvoir en 1999 par Eltsine et sa famille en échange d'un engagement de sa part de les protéger de toute poursuite pénale. Poutine a déjà mis en place un système de corruption mafieux à la mairie de Saint-Pétersbourg à la fin des années 1990. Il poursuit une fois au pouvoir suprême. Les affaires de corruption le concernant ainsi que sa famille sont nombreuses.

( voir : https://www.mediapart.fr/journal/international/261017/poutine-installe-la-corruption verticale )

Poutine, dictateur assassin

La liste des opposants à Poutine assassinés est longue ; Sergueï Magnitski, mort de manque de traitements au fond d’une geôle russe, Boris Berezovski retrouvé dans sa baignoire en Angleterre, le cou bizarrement enserré dans un morceau de tissu, d'autres, Stanislas Markelov, Anastassia Babourova ; Anna Politkovskaïa abattus en pleine rue comme Boris Nemtsov, assassiné le 27 février 2015. Sans parler des emprisonnés, empoisonnés...

Poutine, criminel de guerre

L'armée russe par décision de Poutine est intervenue en Tchétchénie et Syrie avec les mêmes méthodes qu'en Ukraine : bombardements systématiques des populations civiles pour les terroriser et utilisation d'armes « sales » interdites par les conventions internationales.

A l'inverse de ces constats que vous conviendrez tous de partager, la corruption réelle en Ukraine apparait légère et surtout Zelensky n'a jamais été accusé de corruption et il a mis en route des opérations de nettoyage de sphères proches du pouvoir. J'ajouterais également que les accusations sur une Ukraine « imprégnée de fascisme » ne résistent pas à l'analyse notamment lorsque l'on regarde les résultats électoraux de l'extrême droite ukrainienne : moins de 5% des suffrages exprimés aux dernières élections.

                                                    L'invasion de l'Ukraine : une agression inadmissible

Les raisons invoquées

Le pouvoir russe, malheureusement relayé par ceux qui lui trouvent des circonstances atténuantes met l'accent

-1 sur la menace que représente pour la Russie la présence à ses frontières de l'OTAN, non pas en Ukraine mais en Pologne et dans les états baltes. L'Otan était pourtant bien peu vivante : Macron en novembre 2019 la déclarait en état de mort cérébrale.

-2 sur le caractère néo-nazi de Zelensky ; cette accusation n'est appuyée sur aucun élément fiable.

-3 sur le soutien aux séparatistes du Donbass

Au printemps 2014 des forces séparatistes pro-russes au Donbass entament un conflit armé avec l'Ukraine. En juillet alors que l'armée ukrainienne prenait le dessus, l'armée russe intervient directement.

Les accords de Minsk en septembre 2014 sont censés régler le conflit. Les deux parties doivent respecter un cessez-le-feu et retirer leurs troupes et leur matériel militaire. L’Ukraine doit amnistier les participants au conflit, procéder à des élections locales et, dans la Constitution, reconnaître à la région une autonomie de fait. La Russie doit rapatrier son matériel et ses mercenaires, veiller à ce que les formations militaires aient déposé les armes et rendre à l’Ukraine le contrôle de sa frontière avec la Russie. Ces accords ne seront pas respectées par les deux parties et le conflit se poursuit jusqu'à l'entrée des troupes russes en Ukraine le 24 février 2022.

Rappels historiques

Les mémorandums de Budapest sont trois documents signés en termes identiques le 5 décembre 1994, respectivement par la Biélorussie, le Kazakhstan et l'Ukraine ainsi que par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie qui accordent des garanties d'intégrité territoriale et de sécurité à chacune de ces trois anciennes Républiques socialistes soviétiques (URSS) en échange de leur ratification du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. En 2009, les États-Unis et la Russie confirment la validité de ces trois mémorandums.

L'(histoire de la Crimée est particulière ; elle est peuplée majoritairement de russophones est particulier après que les Tatars en aient été déportés. D'bord russe, Kroutchev la rattache à l'Ukraine en 1954 dans le cadre de l'Urss. Lors de la dislocation de l'URSS, la Crimée se déclare république indépendante, puis accepte de se rattacher à l'Ukraine avec un statut de république autonome. Le rattachement de la Crimée à l'Ukraine comme république autonome est officiellement reconnu par la Russie en 1997. Ensuite la Crimée proclame son indépendance le 11 mars 2014. Une semaine plus tard, les dirigeants de la nouvelle république de Crimée et le président russe Vladimir Poutine signent un accord entérinant son rattachement à la Russie, en accord avec les résultats du référendum du 16 mars (« oui » à 96,77 %).

La guerre n'est pas admissible

Des responsabilités sont indéniables :

  • de l'Europe qui n'a pas su construire une défense européenne commune

  • des États-Unis qui se comportent en super puissance partout dans le monde

  • de l'ensemble du monde occidental qui n'a pas su saisir la main tendue par Gorbatchev lors de la dissolution de l'Union soviétique

Mais cela ne justifie en aucun cas l'utilisation de la force militaire. Les états connaissent tous des problèmes de minorités linguistiques, voire nationales. Le respect des trois principes suivants est donc un impératif de sécurité internationale:

  • respect du droit des minorités à leur langue, à leur culture, à leur autonomie jusqu'au droit à l'auto-détermination dans le cadre de procédures démocratiques réelles.

  • respect des frontières des états, ne pouvant jamais être modifiées par la politique du fait accompli et de la violence

  • et ce dans le cadre de la résolution non-violente des conflits

    A ce sujet un aparté important : se réclamer de la non-violence comme je le fais, n'implique pas de se coucher devant un envahisseur. Je rappellerais cette phrase de Gandhi:
    « Je crois vraiment, affirme-t-il en 1920, que là où il n’y a que le choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence... Je préférerais que l’Inde eût recours aux armes pour défendre son honneur plutôt que de la voir, par lâcheté, devenir ou rester l’impuissant témoin de son propre déshonneur. »

                                                                               Quelle issue ?

Le déséquilibre des forces

La Russie compte environ 146 millions d'habitants (2021), l'Ukraine 44 millions (2018)

Avant février 2022 la Russie a une armée de plus de 600 000 soldats, l'Ukraine 280 000.

le PIB de la Russie est de 1 647 milliards de dollars US en 2021 celui de l'Ukraine est de près de 157 milliards.

La Russie a beaucoup plus d'armes que l'Ukraine et a les armements nucléaires. Suite aux mémorandums de Budapest de 1994 l'Ukraine a remis à la Russie la totalité des armements nucléaires qui étaient sur son sol.

Au vu de ce déséquilibre de forces, Poutine a cru qu'entrer en Ukraine et renverser les dirigeants légitimement élus serait un «jeu d'enfant » La vaillante résistance du peuple ukrainien l'a mis en échec et lui a barré la route de Kiev.

Pourquoi il faut armer les ukrainiens !

Dans ce contexte déséquilibré, qui risquerait de jouer en faveur des russes à terme et étant donné le manque de respect de Poutine pour ses soldats et leur vie, ne pas aider les Ukrainiens en leur fournissant les missiles et avions pour abattre les drones et missiles que les Russes envoient sur leurs cités, en leur fournissant les armes leur permettant de l'emporter c'est être complice de Poutine !

L'emporter pour les Ukrainiens ...

cela veut dire repousser les Russes hors d'Ukraine en tout cas hors du Donbass et alors forcer la Russie à une négociation en cinq points :

  • sortie des troupes russes de toute l'Ukraine y compris de Crimée

  • organisation sous contrôle de l'ONU de référendums en Crimée et dans le Donbass sur le choix des populations locales : rattachement à la Russie, autonomie politique dans le cadre de l'Ukraine, rattachement pur et simple à l'Ukraine

  • plan économique de reconstruction de L'Ukraine avec une forte contribution de la Russie

  • enquête et condamnation des responsables de crimes de guerre et ensuite commission de réconciliation qui comme à la sortie de l'apartheid en Afrique du Sud amnistie les condamnés

  • acceptation par la Russie de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, neutralisation éventuelle de l'Ukraine,...

Les conditions d'un accord

Ce type d'accord demande une remise en cause du pouvoir de Poutine en Russie, ou en tout cas que la Russie avec lui ou sans lui se rende compte qu'elle ne peut gagner cette putain de guerre.

J'espère également que cela permette ensuite (et en prenant le temps qui sera nécessaire) de construire une Europe de la défense non agressive et autonome des États-Unis qui rende obsolète l’Otan et rêvons un peu la dénucléarisation de tous les pays possédant l'arme nucléaire. J'espère également que la Russie retrouve un régime démocratique.
Mais j'insiste de nouveau cela exige d'aider l'Ukraine à vaincre la Russie sur le sol ukrainien. Et c'est à l'Ukraine démocratique de négocier les accords de paix mais ni à l'UE, ni aux États-Unis.
Les conséquences de cette guerre

Les conséquences ne peuvent avant son issue être toutes tirées, mais d'ores et déjà plusieurs s'imposent :

  • Poutine à redonner vigueur à l'Otan ; de nouveaux pays veulent y adhérer, tels la Finlande et la Suède.  Les États Unis ont renforcé leur leadership sur le monde occidental.

  • Poutine a également renforcé la coopération au sein de l'Union européenne.

  • Les pays limitrophes de la Russie mais aussi les autres pays occidentaux font exploser leurs budgets militaires. Il est compréhensible que face à un Etat belliqueux dirigé par un dictateur sans principes ils ne se sentent pas de baisser leur garde et de se désarmer.

  • Poutine a vivifié en Ukraine une haine contre son régime mais malheureusement également contre la Russie, sa culture et sa langue. Vu les destructions, les morts et blessés, cette haine est compréhensible et sera dure à surmonter.

  • Au niveau international les réactions des pays du sud, qui prennent une attitude de neutralité voire de soutien à Poutine, sont largement déterminées par leur refus du colonialisme et du néocolonialisme des pays occidentaux. Que restera-t-il de l'altermondialisme ?

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