Dans le clair-obscur d’une nuit sombre,
je frissonne, le cœur battant ...
Frêles navires au bord du gouffre,
mes pensées tanguent et chavirent.
.
Soudain, rouge et noir, vert et blanc,
un cerf-volant couleur Palestine,
virevolte sur la toile nocturne.
Refaat Alareer ! Ton cerf-volant,
broyé par l’ouragan des drones,
se déchire et tombe.
.
Au fond d’une fosse sordide,
tu gis, les membres brisés,
le corps ravagé.
Tes ultimes soupirs m’appellent,
bousculent mes rêves, m’invitent
à ton chevet.
.
Comment trouver des réponses
aux impossibles questions ?
Ton regard incrédule, anxieux,
m’interroge et m’oblige ...
.
Pourquoi tant de familles ensevelies ?
Pourquoi tant d’êtres humiliés ?
Rêves anéantis au fond des tombes
et libertés bafouées ! Pourquoi ?
.
Les œuvres de mort se répètent ...
L’immensité de l’horreur nous sidère !
Sur cette terre violée, l'espoir
et la lumière, où se cachent-ils ?
.
Dans le ciel blafard de Palestine,
Refaat Alareer, trouverai-je
les réponses que tu attends ?
.
Les mémoires se perdent,
le temps s’écoule, et pourtant
tu es toujours là !
Comme tes frères,
comme ton peuple,
tu as faim, tu as froid,
tu trembles et tu gémis
mais tu es proche et vivant,
et si lointain ...
.
Comment peut-on se résigner ?
Comment ne pas être révolté ?
Loin des champs dévastés,
tes poèmes sont la clé de l’espoir !
Ils brisent les jougs, les carcans ...
Ils ouvrent grand les rêves d’enfants.
.
Refaat Alareer, tu dépasses l’oubli et la mort.
Le temps qui s’arrête te retient par la main.
Défiant les mâchoires d’acier, la vigueur de tes sarments
ouvre les cœurs blindés d’une humanité déchirée.
.
Du ciel tourmenté, des trombes d’eau
s’épandent sur les landes desséchées !
Tes pleurs fécondent les terres brûlées,
où les graines, une à une, se mouraient.
.
Quand l'aube timide, à peine se dévoile,
mille fleurs percent les sols désolés,
et, frêles liserons, s’enroulent vers le ciel !
A ton soleil, mille bourgeons s’éveillent.
.
L’aquilon brise tes chaînes ...
Oisillon sur la branche décharnée,
tu frissonnes, tu hésites, tu t’envoles …
Tu es maintenant libre à jamais !
.
Refaat Alareer, poète sacrifié,
par le mystère de tes poèmes,
tu libères de la mort et de l’oubli,
tous les enfants de Palestine !
Dans nos cœurs, ils vivent.
Tu es pour eux, pour nous,
le semeur d'étoiles.