Gillou38100

Chercheur en entomologie

Abonné·e de Mediapart

21 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 décembre 2024

Gillou38100

Chercheur en entomologie

Abonné·e de Mediapart

La faillite morale du Point !

Suite à la qualification du génocide en cours à Gaza par Amnesty International, le journal, Le Point du 11 décembre 2024, publie une tribune de Caroline Yadan visant à discréditer cette ONG. Un moyen radical de camoufler une vérité qui fâche par la calomnie.

Gillou38100

Chercheur en entomologie

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Amnesty International, la Palestine et Israël

Amnesty International, mondialement reconnue pour son travail méthodique en faveur des droits humains, a été l’une des premières grandes associations des droits humains à caractériser, documenter et condamner l’apartheid dont sont victimes les Palestiniens de Cisjordanie. Apartheid dénoncé comme tel par d’autres ONG comme Human Rights Watch ou B’Tselem.

Le 5 décembre 2024, Amnesty International franchit encore un pas, dans la condamnation des crimes commis par l’armée israélienne, dans les territoires palestiniens occupés. Dans un rapport qui fera date, elle qualifie de génocide les terribles massacres qui se succèdent depuis plus de 14 mois à Gaza.

Selon le journal Le Monde, c’est le quatrième rapport d’un groupe de défense des droits humains à conclure qu’il y a bien génocide à Gaza, venant après : - La rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires occupés, Francesca Albanese, - la Fédération internationale des droits de l’homme et - le Comité spécial des Nations unies chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes.

Des réactions vives en Israël et parmi les soutiens d’Israël

Cette accusation répétée de « génocide », provenant d’une ONG aussi prestigieuse qu’Amnesty International, a provoqué la réaction immédiate d’Israël, comme l’explique Chloé Ferreux sur France Info : « Israël qualifie ce rapport de "calomnie antisémite" ».

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, Oren Marmostein, va encore plus loin en qualifiant Amnesty International « d'organisation déplorable et fanatique ».

La critique en France n’est pas en reste, comme le montre cet article de Caroline Yadan, députée du groupe « Ensemble pour la République », paru le 11/12/2024 dans le journal Le Point : « La faillite morale d’Amnesty International ». Elle s’indigne qu’Israël puisse être traité de la sorte par Amnesty et utilise les « grands moyens » pour disqualifier le jugement porté dans son rapport.

En introduction, elle affirme qu’Amnesty International est infiltrée par les islamistes d’Al Qaïda, et donc complaisante avec « Oussama Atar, djihadiste qui deviendra le cerveau des attentats du Bataclan ». 

Puis, elle laisse sous-entendre qu’Amnesty International pratiquerait le deux poids deux mesures : accabler Israël sans condamner l’Algérie qui emprisonne Boualem Sansal.

Sa critique fait mine de s’intéresser au contenu du rapport mais dénigre immédiatement le travail sérieux et méthodique d’Amnesty International, allant jusqu’à prétendre « il est en réalité tissé de mythes et de slogans, sans aucune substance. Six pages et 2 500 caractères qui tiennent en définitive en deux mots : manipulation et omissions. ». Enorme mensonge lorsqu’on sait que le rapport d’Amnesty International, épais de plus de 300 pages, est le fruit de neuf mois d’enquête, enquête menée par une organisation financièrement indépendante, intègre, et reconnue mondialement pour la spécialité de son combat : le respect des droits humains !

Enfonçant le clou, Caroline Yadan insinue qu’Amnesty International encourage le terrorisme « Pire encore : en qualifiant à tort la riposte d'Israël de génocidaire, la position d'Amnesty encourage toutes les organisations terroristes à adopter ces tactiques de boucliers humains. ».

Cette même députée avait auparavant déposé un projet de loi pour lutter contre les « formes renouvelées d’antisémitisme » où fleurit l’amalgame entre antisémitisme et antisionisme.

Elle peut se prévaloir d’être un fidèle serviteur du gouvernement israélien. Son but, évident, est de faire taire, encore et toujours, les partisans de la Palestine libre qui réclament la fin du génocide à Gaza et la libération de la Cisjordanie sous occupation et apartheid.

***

Non, Amnesty International n’est pas tombée dans la « Faillite morale » en qualifiant de génocide ce qui se passe à Gaza, et en le condamnant.  Bien au contraire, c’est Caroline Yadan, autrice de ce pamphlet, et le journal Le Point, autorisant la diffusion de mensonges et de calomnies, qui se vautrent dans la faillite morale !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.