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Billet de blog 20 janvier 2025

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Deux en un !

J'ouvre mon blog à mon amie Rachel, La Balbousté. Elle nous montre la métamorphose, étrange, surprenante, de Manuel Valls, à ses débuts, ardent partisan de la Palestine libre, et devenu en deux décennies le défenseur d'un Israël dominateur ! Mais quelle mouche l'a piqué ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un glorieux « Fanfan la Tulipe », début 2000, et, réapparaissant en 2024, cet homme politique coriace, sec, rigide. Entre les deux que s’est-il passé ? Qui, quoi a ainsi laminé Manuel Valls au point de ne plus pouvoir reconnaître en lui « l’humaniste » inscrit dans ma mémoire ?

Image indélébile : un personnage bondit sur la scène, cheveux noirs, chemise blanche. Silhouette juvénile qui capte et renvoie la lumière, dont la voix galvanise le public de la Mutualité. Dès les premiers mots, sa fougue embarque la salle. Il dénonce l’oppression, l’injustice, clame son soutien au peuple palestinien qui « le verra toujours à ses côtés », son admiration pour Leïla Shahid, qui prendra la parole après lui. Il condamne l’impunité des dirigeants israéliens. Fougueux, véhément, sincère il nous enthousiasme. Pas près de l’oublier celui-là !

Lors d’un court séjour à Paris avec mon conjoint, l’annonce d’une soirée consacrée à Israël-Palestine, avec la participation de Leïla Shahid, nous avait poussés à y assister. De Manuel Valls, je ne connaissais pas grand-chose d’autre que le nom et, peut-être une tendance gauche PSU. Oublié le nom de deux autres intervenants, leurs visages restent flous…

Comment gommer pareille sincérité, tirer un trait sur son enthousiasme et ma totale, mon immédiate confiance en l’homme que j’avais découvert ? Comment abandonner cette image inscrite dans ma mémoire 20 ans auparavant ? Et tous ces gens, ces camarades d’un soir, assemblés là, visiblement touchés, comme je l’étais moi-même, par son discours, que pensent-ils aujourd’hui ? Pour nous tous qui applaudissions à tout rompre un Manuel Valls, méconnu de nous jusqu'à cette conférence, quelle trace laissée dans les mémoires ? Essaient-ils comme moi, de faire le tri, de réévaluer l’homme politique et les personnages qu’il incarne tour à tour ?

Le comble, une fois revenu à la politique française, oublieux des serments qu’il avait faits en partant à Barcelone, Manuel Valls s’indigne face à la menace d’arrêter Netanyahou, « le chef d’un état démocratique » qui lutte, « pour défendre son pays contre la barbarie du Hamas » ! Un député, un Ministre, au visage rigide, au regard absent, fermé. Plus rien chez lui du tout feu, tout fou, tout flamme, qui avait éclaboussé de bonheur, la salle de la Mutualité.

Certes, il y eut des précédents : le sort de Georges Ibrahim Abdallah, le plus vieux prisonnier de France, ne dépendait que de la décision de Manuel Valls, alors, ministre des Affaires étrangères. Malgré ses longues années de prison, malgré sa peine largement purgée, malgré le fait que sa culpabilité n’ait jamais été prouvée, au moment où il est devenu libérable … ce fut un refus !  

Ce soir, après la libération des otages, il lui a été demandé, sur LCI d’en faire le commentaire. Et, me voilà à nouveau stupéfaite ! Seul le » Hamas » était indispensable à son discours. Il a bien fallu qu’il prononce le mot « palestinien », il l’a fait, rapidement, une seule fois, du bout des lèvres. Il n’avait que faire de ces gens-là ...

Cet enthousiasme qui a uni plus d’un millier de participants à la Mutualité ne serait-il pas pris, à l’heure actuelle, pour une vague d’antisémitisme manifeste, pour un soutien à des terroristes ? Serait-il toujours perçu pour ce qu’il était : un élan de solidarité ?

Que faire devant cette juxtaposition d’images, que penser de cette «  mutation » entre l'autrefois et l'aujourd’hui d'un homme politique  qui ne semble pas en être contrarié ? Une adresse s’impose : qu’attendez-vous, Monsieur Valls II, pour mettre la main au collet de Valls I, pour le traduire en justice et l’incarcérer, ainsi qu’il conviendrait ?

A moins de suggérer à ses amis politiques d’organiser une soirée avec, en clou de spectacle, une valse à deux temps, un Valls remplaçant l’autre, et Vallsi-versa ! La valse à l’envers, c’est bien la java ?

 Rachel, La Balbousté ! avec le soutien des deux petits lutins d' "Une parole libre et non faussée"

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