Moi aussi je reviens du congrès du Parti du Gauche, congrès que j'ai découvert d'un oeil neuf, premier congrès dans un premier parti.
J'ai hésité avant de me décider. Outre la difficulté matérielle et financière (depuis Toulouse), j'avais peur d'avoir idéalisé ce parti que j'ai rejoint en 2012. Peur de subir ce qu'aujourd'hui bon nombre d'entre nous détestent, des bagarres d'Ego pour quelques postes. Mon activité militante en aurait été diminuée, mes idéaux ternis et mes rêves les plus fous anéantis.
Par ce billet, je donne aussi à Mediapart l'occasion de montrer leur impartialité par rapport aux soupçons formulés de ne favoriser en une que les billets portant atteinte au PG.
Afin de balancer les billets précédents émis par ceux qui ont claqué la porte du PG, il est bon de rappeler la démarche adoptée jugée adémocratique par leurs auteurs.
Il y eut au départ 5 plateformes. A la suite d'un conseil national avec des représentants élus sur le pays, certaines ont fusionné, d'autres n'ont pas eu le suffrage pour se maintenir. Au final 2 plateformes concurrentes. Elles furent soumises au vote des adhérents. D'une maigre majorité, la première, soutenue par le Bureau national est maintenue. L'histoire, le processus démocratique aurait pu s'arrêter là. A ce stade on en est déjà à 2 bruyuantes démissions rapportées par Libé et MDP.
La plateforme retenue fut soumise aux amendements. Proposés par tous les adhérents, beaucoup y ont vu l'occasion de faire muter la plateforme élue en plateforme non élue. Certes, il y a avait aussi du bon à prendre dans la seconde, on ne pouvait la jeter entière aux orties. Sur les amendements les plus clivants, la commission des amendements s'est abstenue et les a soumis au choix du congrès. Une sorte de seconde chance d'intégrer dans la première plateforme les idées de la seconde et aussi de la transformer. La cohérence a gagné et pour la seconde fois, les amendements et idées de la seconde furent rejetées pendant le congrès.
Même si les intervenants, sommités du PG sont habilement intervenus avant chaque vote du congrès sur un amendement, où à mots à demi masqués ils ont influencé le choix, on peut quand même dire que le processus démocratique fut respecté. Ce second round était-il vraiment nécessaire ? On peut se poser la question quand on voit l'amertume de ceux qui n'ont pas réussi à rendre leurs idées majoritaires au sein du parti. On peut toujours demander plus de démocratie et finir comme ND (désolé pour eux, je les aime bien) et n'accoucher de rien. On peut aussi préférer la synthèse d'un congrès du PS où l'on dit tout et son contraire afin de ne fâcher personne, quitte à recourrir au 49.3 dès le premier vote suivant le congrès.
Là, le choix est clair, quitte à faire des déçus qui n'accepent pas dans leur propre parti les règles de la démocratie quand leurs idées sont minoritaires. Je préfère pour ma part, un parti qui a une feuille de route bien tracée que bien d'autres partis qui font le grand écart entre leurs courants, où chacun fait la sienne à l'intérieur (PS, EELV et même PCF) et qui n'ont plus aucune radicalité ni visibilité...
J'ai aussi bien compris que le jour où je ne serai plus du tout en accord avec cette feuille de route, que la coupe sera pleine, que la balance penchera vers le "moins", je n'aurai alors qu'une chose à faire, quitter le parti. Mais pour autant, je ne jugerai pas utile de le salir dans un billet sur Mediapart.
Pourquoi tant de haine ?
Je dis souvent que le peuple de gauche, sans doute par ce qu'il court après des idéaux est idéaliste et perfectionniste. On peut être dans un parti sans que celui-ci nous représente à 100%, sans y être d'accord avec tout. On peut rester dans un parti parce que c'est celui avec lequel on est le plus en phase, sans être 100% en phase. Mais le peuple de gauche est perfectionniste, rêve d'un idéal, de son idéal et nous n'avons pas tous exactement le même. "Puisque c'est comme ça, je déchire ma carte!" est une phrase qui revient souvent et qui explique certainement, additionné aux histoires d'Ego, la multitude de partis à Gauche.
Il en est de même pour le candidat. Au lieu de réfléchir en se disant "celui-ci n'est-il pas le mieux pour défendre mes idées ?", on se dit qu'il n'est pas assez ceci, et trop cela...on rêve du candidat parfait, perfection à côté de laquelle le réel fait pâle figure.
A force de réfléchir négativement, de courrir après un idéal qui par définition n'existe pas, on finit par se perdre, et l'acte militant se résumer à déssiner au marqueur des moustaches sur les affiches des candidats.
G.N (PG31)