Sous le slogan "Ils veulent ruiner le pays, il faut l'empêcher", une foule multicolore venue de toute l'Espagne a envahi Madrid samedi pour protester contre la politique de rigueur, au moment où le pays, miné par le chômage, tente d'éviter un sauvetage financier global.
Les autorités ont estimé la participation à 65.000 personnes, mais les organisateurs n'ont pas donné de chiffre.
"Ils baissent les salaires, ils augmentent les impôts, nous revenons 20 ou 30 ans en arrière", lance Roberto Saldana, un pompier de 44 ans venu de Huelva, en Andalousie, uniforme bleu et casque rouge sur le crâne.
"L'avenir, je le vois très noir", résume Rian de los Rios, une fonctionnaire madrilène de 55 ans.
"Mon salaire? De moins en moins, et de plus en plus d'heures", explique-t-elle dans un sourire amer, en racontant que ses deux filles de 26 et 28 ans, faute de trouver du travail malgré leurs diplômes d'études supérieures, ont rejoint le flot de jeunes Espagnols partis pour l'étranger.
Déjà, le gouvernement a sacrifié la prime de Noël des fonctionnaires, augmenté les impôts et la TVA, réduit les allocations chômage. L'objectif est de ramener le déficit public, qui a atteint 8,9% du PIB en 2011, à 6,3% cette année, 4,5% en 2013 et 2,8% en 2014.
Mais ces efforts pourraient ne pas suffire et l'Espagne risque de devoir demander à ses partenaires européens un sauvetage financier global, qui serait assorti d'une rigueur encore accrue.