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Billet de blog 7 juillet 2024

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Ouf. On a encore le temps de s'y mettre...

Le RN n'a pas une majorité à l'assemblée nationale. On a droit à une respiration. Mais si on ne veut pas repartir en apnée, il va falloir structurer une démocratie populaire citoyenne et apartisane, maintenant.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La campagne éclair de ces législatives, et la menace imminente du fascisme, a vu une implication impressionnante de la société civile, et du tout-un-chacun. Dans la mobilisation aux urnes, mais aussi dans les tractations, dans le porte-à-porte, dans les cellules d'appel.

Mais cela n'a rien d'un élan démocratique. Comme d'habitude, les débats ont étés faits à huis clos. Comme d'habitude, nous nous sommes accrochés aux lèvres de quelques dirigeants. Comme d'habitude nous n'avons eu qu'un choix pour éviter le pire, qu'un seul grand programme. Au sein de ce grand groupe, seul brandir un drapeau en manif pouvait défendre plutôt un parti que les quatre autres.

Dans le programme du Nouveau Front Populaire, on trouve trois propositions démocratiques :

  • "Défendre la décentralisation effective en renforçant la démocratie locale dans l’unité de la République", pour le moins évasif
  • "Instaurer le référendum d’initiative citoyenne (RIC) et renforcer le référendum d’initiative partagée en abaissant notamment le seuil de signatures citoyennes pour son déclenchement", qui renverra encore à un vote binaire
  • "Organiser des états généraux des quartiers populaires et des états généraux des espaces ruraux pour construire une véritable égalité territoriale, notamment dans les services publics", qui se concentre sur un public, sur un sujet

Pas de projet pour la nuance, pas de projet perrein et global pour la discussion.

La structure de l'engagement politique citoyen me choque, et ce depuis mes premières vélléités d'engagement sérieuses, en 2022, avec la NUPES. Plusieurs fois j'ai voulu participer aux mouvements, aux réflexions, je m'imaginais participer à des réunions publiques, pouvoir donner ma voix pour faire avancer le débat.

Mais quand je cherchais comment m'engager en politique, la première réponse était très violente: il fallait choisir un Parti. Je pouvais alors rejoindre des groupes locaux, pour aller tracter et défendre le programme du Parti. Ecrit par qui ? Ensuite, si je participais à suffisamment d'actions, je rentrais dans les boucles, et je pouvais être invitée à des meetings, à des rencontres, pour entendre des membres du Parti, candidats ou élus, m'expliquer les lignes et le programme du Parti. Ecrit par qui ? Enfin, après monstre investissement, je rentrais finalement dans des débats entre gens qui défendent le même programme, pour s'engueuler sur des points de détail d'idées politiques ou de comment les mettre en oeuvre. Sinon, je pouvais aller en manif, défendre une idée déjà choisie sur un sujet déjà choisi, faire masse, me faire gazer, puis rentrer chez moi.

Mais où est la pluralité dans tout ça ? Ce que je voudrais, c'est de débattre avec mes voisins. C'est de débattre avec des personnes qui ont des idées différentes des miennes. C'est d'entendre les voix d'ailleurs. C'est de comprendre ce qui ne leur va pas dans le programme du NFP par exemple, plutôt que d'essayer aveuglément de les convaincre qu'il sera bon pour eux. C'est d'avoir une émulation d'où puisse sortir des idées nouvelles.

Je ne remet pas en cause l'utilité des structures politiques; l'utilité d'une vision politique claire. Mais les politiques servent à assurer une réponse cohérente aux problèmes de la société. Ces problèmes-ci doivent êtres formulés par la société en question, et pas par quelques éditorialistes ou par les passants au marché entre le fromage et le poisson en période électorale. On peut faire mieux.

Mais pour faire cela, on ne peut pas attendre les bonnes volontés de nos élus. On doit organiser ça nous-même, la société civile. Organiser un mouvement de débats citoyen, apartisan. Aller chercher les idées en celles et ceux qui "n'ont pas le temps" mais qui "n'en pensent pas moins". Lutter en permanence contre l'isolement, vecteur pernicieux de désinformation.

Et surtout, il faut que ce mouvement rende les structures politiques redevables, au-delà des élections. Il faut qu'on sache formuler des objectifs, des attentes, des exigences claires, et qu'on arrive à évaluer leur travail sur ces aspects.

On pensait qu'on avait trois ans pour s'organiser. On est en fait en retard de bon nombre d'années. On rattrape le temps perdu maintenant ! J'en appelle à la constitutions de groupes locaux, de plateformes de discussions, autour d'un seul objectif : le débat populaire citoyen apartisan.

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