Vingt ans après leur mariage, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair se trouvent de nouveau sous les projecteurs, mais pour d'autres raisons. Que s'est-il passé ? Le livre "Les Strauss-Kahn", écrit par les journalistes du Monde Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin (Ed. Albin Michel), raconte cette alliance du pouvoir et de la gloire, puis la lente descente aux enfers. Lobbying de l'agence Euro RSCG, courtisaneries, protections politiques... Tout concourait pourtant au maintien du silence.
Nicolas connaît trop Dominique (...). Avenue du Maréchal-Maunoury, chez les Sinclair, ou chez les Sarkozy, juste de l'autre côté de la Seine, les couples se lancent des invitations. "Plus souvent chez moi", plaisante Nicolas Sarkozy. Ils se croisent ailleurs, chez Jacques Attali, qui a élu domicile juste en face de la mairie de Neuilly, et les convie à sa pendaison de crémaillère, ou encore chez François Pinault. Quand Alain Minc et sa femme dînent également autour de la table, le conseiller du Tout-Paris soupire souvent, moqueur : "En vous entendant, on se demande vraiment qui est le maire de Sarcelles et qui est le maire de Neuilly !"
(...) Par-delà les petites trahisons et les courtisaneries, leurs mondes sont restés mêlés - amitiés et relations entrecroisées. En 2007, Bernard-Henri Lévy, l'ami d'Anne et le compagnon de ski de Nicolas Sarkozy, s'est rallié à Ségolène Royal après sa victoire à la primaire. Faute de mieux, a-t-il expliqué à son ami Dominique. Simone Veil, elle aussi proche de la journaliste, a au contraire choisi de soutenir le candidat de l'UMP. Sa protégée, Rachida Dati, à laquelle elle a offert sa robe d'avocate, s'est liée en revanche avec Henri Proglio, l'un des rares complices de DSK. C'est lui qui les a présentés. Lorsque Dominique a croisé la jeune femme pour la première fois, il a aussitôt téléphoné au patron de Veolia : "J'ai rencontré une fille, elle est pour toi." Rachida, depuis, est devenue (...) l'une des ministres vedettes de Nicolas Sarkozy. Parfois, sur leurs serviettes de plage qu'ils collent côte à côte sur le sable doré de Porto-Vecchio, Ramzi Khiroun, l'âme damnée de "Strauss", et Franck Louvrier, chargé de la communication de l'Elysée, en rigolent ensemble : "C'est fou comme ils se ressemblent !"
Au cabinet de Sarkozy, on sait donc que, lorsqu'il se rend aux Chandelles, un club libertin au centre de Paris, DSK abandonne sa voiture à quelques mètres, au rond-point, plutôt que de se garer dans la rue Thérèse, trop étroite. Qu'il ne se cache pas pour se rendre à l'Overside, cet autre club échangiste de la rue du Cherche-Midi. On connaît aussi des affaires plus ennuyeuses, survenues au bois de Boulogne, au coeur du 16e arrondissement, dans les circonscriptions tenues par deux élus UMP, Pierre-Christian Taittinger et Bernard Debré.
Mais voilà qu'à l'hiver 2006-2007, c'est un deuxième incident, plus grave, qui est remonté jusqu'à la place Beauvau. Un policier est tombé, dans la nuit, sur plusieurs voitures arrêtées, non pas au bord mais au milieu de la chaussée, dans une des allées du bois. Si on en croit la buée qui voile les vitres, les occupants sont nombreux. Le policier tape à la fenêtre de l'une des voitures, une portière s'ouvre. Parmi les occupants, Dominique Strauss-Kahn. Y a-t-il eu une note écrite détruite plus tard à la broyeuse ? Un simple récit a-t-il suffi ? Une chose est sûre : lorsque Alain Gardère [patron de la sécurité publique parisienne] (...) retrace le récit devant le ministre et son directeur de cabinet, Claude Guéant, Sarkozy rit à gorge déployée, sans pouvoir s'arrêter (...).
"Les Strauss-Kahn"
Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin
Albin Michel, 272 p., 19,50 €
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