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CES DERNIÈRES SEMAINES, Emad Burnat a passé plus de temps sur la scène des festivals de cinéma du monde entier que dans ses champs d'oliviers. Ce paysan palestinien de 39 ans est le réalisateur du documentaire le plus acclamé du moment, co-signé avec l'Israélien Guy Davidi. Récompensé au festival Cinéma du réel qui s'est achevé début avril à Paris, Five Broken Cameras (Cinq caméras brisées) a récolté en six mois la bagatelle de neuf prix, notamment à Sundance et Amsterdam, les deux rendez-vous les plus prestigieux de la planètedocumentaire.
A la fois intimiste et politique, douloureuse et distanciée, cette chronique de la lutte d'un village de Cisjordanie contre l'occupation israélienne est en passe de devenir un film-événement. La chaîne publique France 5, qui l'a cofinancé, devrait le diffuser à l'automne. Le succès qu'il rencontre pourrait même lui ouvrir les portes d'une sortie dans les salles hexagonales. Le sacre a un parfum de revanche pour Emad Burnat, ancien jardinier en Israël, qui a été blessé à plusieurs reprises durant le tournage et qui a perdu cinq caméras dans cette aventure, toutes fracassées par des soldats ou des colons israéliens. "Je filme pour guérir", dit-il sur le ton doux-amer qui imprègne tout son film.