Les trois jeunes femmes du groupe de punk rock russe Pussy Riot ont été condamnées chacune à deux ans de camp, vendredi 17 août, par un tribunal de Moscou, pour "vandalisme" et "incitation à la haine religieuse", à l'issue d'un procès qui a acquis une résonance internationale.
Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans – qui comparaissaient depuis la fin juillet et étaient en détention provisoire depuis six mois –, avaient chanté en février une "prière punk" dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir.
Pour la juge Marina Syrova, elles ont "violé l'ordre public" et "offensé les sentiments des croyants", motivées "par la haine religieuse" et sans exprimer de repentir. Les six mois qu'elles ont passés en détention provisoire seront déduits de leur peine, qu'elle serviront dans un camp de régime moyen, et non sévère.
"TROÏKAS DE L'ÉPOQUE DE STALINE"
"C'est une honte ! C'est une injustice !" ont crié plusieurs personnes dans la salle du tribunal à l'annonce du jugement. Nadejda Tolokonnikova a souri en entendant sa condamnation. La lecture du jugement a duré près de trois heures, la juge reprenant en grande partie les arguments avancés le 7 août par la procureur, qui avait alors requis trois ans de camp contre les accusées. Elle a mis l'accent sur le caractère "sacrilège" de la "prière", citant largement les déclarations d'employés et membres de la sécurité de la cathédrale qui ont porté plainte pour les "souffrances morales" occasionnées.
Les trois femmes ont déjà reçu de nombreuses marques de soutien international, notamment de la part de députés allemands, de la chanteuse américaine Madonna, de l'artiste d'avant-garde Yoko Ono, veuve de John Lennon, ou encore de l'ex-Beatles Paul McCartney. Une journée mondiale de soutien aux Pussy Riot a d'ailleurs lieu vendredi, avec des actions dans de nombreuses capitales, dont Paris, Londres, Varsovie ou encore New York.
La "prière punk" qui a déclenché ce procès n'était pas le premier coup des Pussy Riot. Le 20 janvier, huit d'entre elles avaient entonné sur la place Rouge une chanson intitulée Poutine a fait dans son froc, en référence aux récentes manifestations de l'opposition – alors que selon un sondage, cité vendredi par le quotidien Vedomosti, la cote de popularité du chef de l'Etat est au plus bas depuis son arrivée à la tête de la Russie en 2000, avec seulement 48 % de personnes satisfaites contre 25 % d'insatisfaites.