Pour prolonger les vacances, les salles obscures sont toujours promesses de voyages, de dépaysement. C’est le moins qu’on puisse attendre de L’Etrange Festival qui commence aujourd’hui à Paris (jusqu’au 15 septembre) d’explorer de nouveaux mondes bizarres. La peur est au programme avec, entre autres, Big Bad Wolves, la nouvelle vague du cinéma d’horreur israélien, Murder Party horrifique et caustique de l’américain Jeremy Saulnier, un thriller coréen (Confession of a murder) mais aussi des classiques Maniac avec Joe Spinelli (qui ridiculise le mauvais remake de Franck Khalfoun, découvert l’année dernière), l’excellent El Chuncho signé Damiano Damiani (mort cette année) avec Gian Maria Volonté, grand western politique italien.
A Paris toujours, la cinémathèque commence la saison 2013-2014, avec une rétrospective Piccoli, grand acteur pervers, (du 4 septembre au 4 octobre 2013)
Enfin, parmi les 14 sorties de la semaine, on notera trois ressorties : Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy, l’amour et le destin), Rashomon (Kurosawa, l’esprit du Samouraï), et surtout Runaway Train, très grand film d’action des années 80, par l’américano-tarkovskien Konchalovski.
Mais pour cette rentrée, on a choisi de parler de Ma Belle Gosse, un premier film français signé Shalimar Preuss. Parce que le film nous ramène en vacances sur les plages de l’île de Ré : la pêche aux crabes dans les rochers, les étoiles de mer, les enfants, les parents, des jeunes filles en fleur qui courent sur la plage, le vent, les fortifications… ça commence comme un film de vacances, un film entre amis… On filme une vie confortable dans sa banalité, sa quotidienneté. Mais, de ce beau portrait de famille se détache rapidement Maden, 17 ans, adolescente aux cheveux courts (une fois, on a l’impression même de revoir Anna Karina jeune). Elle rompt avec les jeux innocents et tourne autour de la prison de St Martin de Ré. A l’intérieur, un condamné avec lequel elle entretient une correspondance amoureuse depuis des mois…
Ma jolie Gosse, c’est un peu Plus belle la vie (chaque vie est pleine de drames) filmée par Pialat, (le temps dilaté à l’extrême, l’économie de moyens, le style réaliste et un son mono qui plonge dans le réel d’une situation. Une fois n’est pas coutume, les parisiens devront attendre pour voir ce drame intimiste épuré qui caresse avec la légèreté d’une brise de mer.