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Billet de blog 18 août 2015

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Gaspar Noé : Love affair

Moins de 16 ans ou moins de 18 ans, le débat qui a alimenté la polémique depuis la sortie de Love le 15 juillet dernier, est un peu débile, car Love est loin d’être le film porno qui était annoncé au moment de sa promotion cannoise. Certes les scènes d’amour sont non simulées, mais finalement, on est un peu déçu et on les regarde parfois avec le même œil impressionné et légèrement stupide qu’on regarde la qualité des effets spéciaux dans Avatar. Dans les deux cas, on semble nous inviter à valider, à constater comme « c’est bien fait ».  

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Moins de 16 ans ou moins de 18 ans, le débat qui a alimenté la polémique depuis la sortie de Love le 15 juillet dernier, est un peu débile, car Love est loin d’être le film porno qui était annoncé au moment de sa promotion cannoise. Certes les scènes d’amour sont non simulées, mais finalement, on est un peu déçu et on les regarde parfois avec le même œil impressionné et légèrement stupide qu’on regarde la qualité des effets spéciaux dans Avatar. Dans les deux cas, on semble nous inviter à valider, à constater comme « c’est bien fait ».  

Bref, pas de quoi crier au scandale, à moins de penser qu’il est mal de montrer le sexe froid, un sexe éternellement post jouissance même pendant les scènes d’excitation. Love souffre du même défaut que La Vie d’Adèle où la volonté de filmer en longueur l’amour donnait aux étreintes sauvages et répétées une dimension glaciale. Chez Noé, le sexe est plutôt raccroché à l’épuisement et on a toujours la sensation d’être en bout de course, d’arriver trop tard. C’est pourquoi, peut-être finalement, ce sont les scènes de post-coïtum qui sont les plus belles, clair-obscur verdâtre, rappelant certaines séries de la photographe  Annie Leibovitz. Jamais vulgaire, jamais vraiment osé, Love joue sur les tabous du cinéma mainstream sans jamais le quitter. Et, un mois après la sortie du film, on se demande si toute cette polémique alimentée par Maraval (producteur de love et de La Vie d’Adèle), la Ministre de la Culture Fleur Pellerin en passant par l’association marquée  extrême droite, la bien-nommée  Promouvoir, n’est pas une mascarade  qui vise à faire parler du film. Mais si le paranoïaque a toujours raison, il est aussi ridicule de voir des complots partout.

Au cours de la promotion du film, Noé a déclaré : « c’est mon film le plus fleur bleue ». Vrai ! Le réalisateur franco-argentin, spécialisé dans la provocation, volontiers classé trash hardcore, a signé quelque chose comme les confessions d’un ado attardé. Le récit en flash-back de la grande passion amoureuse entre  Electra, artiste peintre en devenir (Aomi Muyok, rien que pour elle, magnifique, « foutrement suave », habillée en rouge ou en jaune, on peut voir le film) et Murphy l’américain, jeune apprenti-réalisateur, a tout du souvenir de jeunesse fantasmé, idéalisé. Romantique et naïf. Avec une vision du couple stéréotypé, et donc en partie juste : l’homme « pense trop avec sa queue » ; tandis que la femme, sans doute plus à même de dissocier sexe et sentiments apparaît, en dernier ressort, davantage préoccupée par la maternité.

Bref, Love est un bon documentaire sur les joies et les déboires des couples en 2015, bien filmé mais pas vraiment original dans le propos. Heureusement, la mise en scène à la fois simple et hypnotique qui est aujourd’hui la marque de Noé (et le travail de son chef-opérateur Benoit Debie) transcende l’ensemble. Aussi, malgré tous ses défauts, son côté un peu niais, Love est-il un très bon moment de cinéma.     

GG

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