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Billet de blog 23 octobre 2015

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Alphabet : Nos enfants sont des génies

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Une étude faite à Yale que 98% des enfants jusqu’à 3 ans sont des génies,  pourcentage qui tombe à 2% chez les plus de 25 ans. Entre les deux, le système scolaire a labouré les têtes, transformant tout le monde en être uniforme, boosté à l’esprit de compétition. C’est l’un des arguments massue à prétention scientifique énoncé par le neurobiologiste Gerald Huther qui cite une étude faite à l’Université de Yale aux Etats-Unis, pour fustiger le système scolaire dans Alphabet de Erwin Wagenhofer. Système scolaire accusé de tuer la créativité que chaque enfant a en lui.  

On pourrait d’abord opposer qu’il n’y pas que l’école qui uniformise aujourd’hui, la publicité, la télévision, Internet y contribuent énormément. Ensuite qu’est-ce qu’un génie de deux ans, et un génie de 30 ? Très difficile de répondre et d’ailleurs le film ne s’attarde pas sur la définition se satisfaisant de l’argument d’autorité qu’il porte avec lui : c’est une étude qui vient de Yale alors, c’est du sérieux.

Quelque vrai soit le constat qu’il porte, le film multiplie ce genre de procédés, insistant sur les titres de spécialistes de ceux qui prennent la parole comme pour nous priver  de tout esprit critique (un paraadoxe pour des apôtres de la "pensée divergente" : Sir Ken Robinson pédagogue ennobli par la reine d’Angleterre,  Arno Stern allemand qui a fui le nazisme, l’apatride qui a découvert en 1946 la puissance créative des dessins d’enfants. Sinon pour montrer que les cadres des entreprises trop formatés ont besoin de penser outside of the box, on fait un tour chez Mc Kinsey, leader mondial en consulting management où l’on assiste à un concours de chefs d’entreprise qui doivent montrer leur créativité.

C’est le paradoxe du film, alors même qu’il propose de refonder toute l’éducation, il se rapproche des boites de consulting où les mots de créativité ont autant de sens que dans la publicité, c’est-à-dire, comment donner envie d’acheter un produit à un client potentiel ? Bref bien loin de contester le système qu’il voudrait combattre, le film l’entretient en fournissant à tous les professionnels du management et de la communication le vocable et l’emphase qui leur permettront de crédibiliser leur mission.

Alphabet est un film qui pose de bonnes questions mais qui reste à un stade très naïf. A un moment, j’ai repensé à l’idée d’Hanna Arendt selon laquelle l’école se doit d’être conservatrice pour développer l’esprit de révolte chez les élèves. Je pensais aussi à mes propres souvenirs d’école, on apprenait tous  la même chose et où c'est parce qu'on partageait quelques bases communes (car l'école n'est pas tout dans lavie même si c'est beaucoup, en tout cas, ce ne sont pas que des cours) qu'on apprenait à vivre aussi ensemble. Et je repensais aussi à Rousseau dans l’Emile qui lui aussi a tenté de faire une éducation adaptée à l’enfant. Et qu’on avait nullement besoin de connaître la neurobiologie pour essayer de penser à former un homme libre.  

Guillaume Goujet

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