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Henri Sterdyniak, économiste atterré, explique la transition impossible des retraites si on conserve le système actuel pour les gens de 44 ans et plus. Mais pourquoi cet âge ? Des journalistes, forcément bien informés, ont répété que notre fringant président de 42 ans voulait être concerné par la retraite à points. Il vaut mieux regarder une pyramide des âges pour comprendre.
1975, c'est la fin du baby boom, les actifs d'après sont moins nombreux par an. Notez aussi que la natalité chute dramatiquement depuis 2010. Mêmes causes, mêmes effets. La fin du baby boom a été sonnée par le choc pétrolier, on a d'abord reporté les naissances pour attendre de meilleures années, et puis il a été trop tard pour l'horloge biologique. La crise financière produit les mêmes effets en ce moment. Ce ne sont plus les guerres qui crantent la natalité, mais l'économie.
Il est donc clair que pour assurer la retraite des nés après 1975 selon le régime général actuel, il faudra augmenter la part du PNB allouée aux anciens, ce que ce gouvernement refuse absolument. Alors où est le piège ? Comme l’État français a régulièrement sacrifié des générations de jeunes à la guerre, il décide cette fois de sacrifier la retraite des boomers, parce que de toute façon les vieux ne consomment pas, et les hospices privés ne sont pas rentables. C'est une euthanasie plus douce que 1914.
Et comment ? Très simple. Il suffit de bien séparer les caisses et d'en mettre une en faillite, le régime général, où plus personne ne paiera après 2037 ; tandis que la caisse à points va se remplir à neuf. Les boomers finiront aux minimas sociaux. Les malins vont faire des petits tas bien cachés, trop ne verront pas la différence avec leurs revenus d'aujourd'hui, et beaucoup vont payer la facture du capitalisme jusqu'au bout de leur vie, après avoir souffert au travail, ils ne retrouveront rien de ce qu'ils ont cotisé.
Quelle est l'attitude politique conséquente ? Il faut bien sûr lutter pour essayer de garder ce qui reste, mais le système actuel est de moins en moins solidaire, et rien de légal ne peut arrêter la réforme actuelle, ou alors un début de guerre civile pour commencer à tout refonder. Donc le plus gros passera en escroquant les masses, tout en lâchant quelques avantages catégoriels à des minorités symboliques, comme les danseurs; les pilotes, ou les avocats.
Vais-je mourir dans la misère gentiment ? Les vieux ont la détermination de ceux qui savent qu'ils vont mourir de toute façon. A tous, puissiez-vous avoir et garder santé et bonheur, on va en avoir besoin. Laissons nos enfants, ce n'est pas à eux de se battre cette fois-ci.