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Billet de blog 25 octobre 2018

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CANTAT et le harcèlement des médias - Une autre violence

Quand l'image de Bertrand Cantat illustre des faits et une thématique qui n'ont rien à voir avec son histoire... y compris sur Médiapart (réputé plus intelligent que ça !)

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 le 25/10/2018, 10:54, à propos de l' Article Comment les médias français couvrent #MeToo

Si votre article mérite d'être lu, ses "illustrations" photographiques hélas prennent le chemin inverse : CANTAT, toujours Cantat pour illustrer, non pas un lynchage public qui pourrait être dénoncé, mais précisément cette violence faite aux femmes.

Pourtant, Cantat, c'est autre chose. Marie T. n'était pas sans défense, ni soumise, ni une "femme battue"  !

Cantat a été le bouc émissaire : trop de talent, trop engagé, trop pertinent, trop beau aussi peut-être...

Aujourd'hui, ses fans, qui ont assisté impuissants à son agression médiatique cet été, ont réagi.

Une lettre a été rédigée à l'attention des rédactions pour dénoncer le harcèlement et la calomnie dont il a fait l'objet et qui auraient pu aussi le tuer.

On pensera ce qu'on voudra de la forme et du fond.

L'important est de savoir qu'ils sont des milliers à s'être mobilisés en dépit d'une presse qui les bâillonne.

Nous sommes un pays de droit, mais là, on s'interroge un peu sur l'intérêt qu'il y a à s'y soumettre...

Voici la lettre :

"Chers journalistes de presse, de radio, de télévision, de blogs, chers chroniqueurs de tous poils, 

chers tous qui avez...un jour... choisi le plus beau métier : celui de nous informer. Vous êtes nos oreilles et nos yeux, notre voix parfois, vous êtes notre fenêtre ouverte sur l’horizon, qu’il se situe ici, tout près ou plus loin.

Vous êtes tout sauf notre conscience, et pourtant... c’est bien sur vos mots, sur votre souci d’exactitude, vos témoignages, votre sincérité, vos investigations impartiales, votre éthique absolue.. que se bâtit jour après jour notre confiance. 

Si d'aventure, cela venait à ne plus être le cas, aucun JT, aucun éditorial ni aucune colonne ne mériteraient d’être lus ni entendus. 

Votre indépendance est la première garantie de notre démocratie et votre intégrité celle de notre liberté. Pourtant.. il arrive parfois que nous soyons saisis d’une amère inquiétude. Lorsque le pas devient du trot et le trot du galop, on sent l’aspiration du vide et le danger qui guette... quand un mot en entraîne un autre, moins désiré, et que la surenchère de l’incroyable et du croustillant oublie la vérité du premier, l’extravagance du second puis l’énormité calamiteuse du troisième... C’est ainsi que le réel se perd en une fiction sans borne. Il est de ces faits divers qui deviennent catastrophes entre vos lignes tendues, de ces échafauds qui se dressent sans raison, de ces femmes et de ces hommes qui finissent pendus haut et court sur la place publique de vos rubriques. 

Nous ne pourrons oublier l’exemple de cet homme, Bertrand Cantat,, qui, lors d’une malheureuse querelle d’amoureux autant jaloux que transis, asséna quatre gifles violentes à sa compagne, entraînant sa mort, aussi incroyable qu’inexpliquée (hémorragie cérébrale provoquées par les de fortes secousses, selon les légistes lituaniens et français) qui fut condamné justement pour « Coups volontaires ayant entraîné involontairement la mort » et qui purgea sa peine dans les geôles lituaniennes puis françaises ...  avant de reprendre son métier d’artiste dans la discrétion et la sobriété ...durant les huit années qui suivirent. 

La justice des hommes avait enquêté, expertisé, tranché puis condamné. Mais quelques-uns d’entre vous, attisés par l’émoi que cette tragédie moderne avait suscité, ont cru bon de ré-écrire l’histoire ... en remplaçant tout d’abord les 4 gifles par 20, puis 30 puis 36 coups de poings, et plus récemment par « de grands coups de pieds écrasant le cerveau » de la dulcinée.

Comme un plat trop triste et trop fade qu’il faudrait relever, certains d’entre vous, les plus pervers sans doute, ont cru devoir user de piment et de sang pour atteindre l’écœurement général. Celui qui fait vendre du papier et trembler les foules, celui qui conduit le peuple à la déraison et décuple toutes les passions par ces manipulations. Il est une forme de commerce que d’exploiter cela et nous le savons toutes et tous, un mensonge asséné appartient autant à son auteur qu’à tous ceux qui le diffusent, l’enregistrent ou l’impriment. 

Le cas de ce rockeur engagé et altermondialiste, penseur libre parfois désabusé, passé  du statut de poète maudit (après son crime) à celui de l’homme le plus haï de France (depuis 2017 et les excès médiatiques qui ont suivi), doit retentir comme un signal d’alarme. C’est la démonstration de la fragilité de cette infime frontière, pourtant sacrée, qui sépare la vérité (graal de votre métier de journaliste)  de l’immensité trouble et ténébreuse du mensonge. 

Nous sommes une multitude, de l’autre côté de vos caméras, de vos kiosques à journaux, de vos écrans,de vos micros, à faire encore cette différence car notre éducation, par chance, nous a appris cette distinction.

Ce drame moderne aura été le plus grand écart entre fiction et réalité et peut-être la première fois qu’aucun de vous ne s'est levé, au milieu de la meute assoiffée de scoop exceptionnel, pour rétablir un semblant de justice, de droit et de véracité. 

Entendez donc nos voix qui s’élèvent et ce grondement sourd qui monte de nos rangs, comme une immense indignation devant trop de manipulations. Il faudra bien qu’un jour, au beau milieu de la folie des hommes, vous rendiez des comptes et que vous admettiez, en substance, que quatre gifles ne font pas et de ne feront jamais trente-six coups de poings."

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