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Billet de blog 8 nov. 2022

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Le syndrome de l’imposteur, coupable idéal désigné responsable du plafond de verre

Et si le syndrome de l’imposteur n’était qu’un coupable idéal désigné responsable du frein dans la carrière des femmes, l’Usual Suspect du déficit de femmes aux postes clés...

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Le syndrome de l’imposteur, c’est cette petite voix dans nos têtes, celle qui nous dit que nous ne méritons pas ce job, cette promotion. Cette fameuse voix qui nous chuchote sans arrêt que quelqu’un va finir par nous démasquer et réaliser que nous ne sommes pas à notre place.

Pourquoi associer femme et syndrome de l’imposteur ? Tout simplement parce qu’il est bien plus souvent mis en cause dans l’avancée des femmes à des postes de responsabilités que pour celle des hommes.

De plus en plus, on nous explique que les femmes ont moins de postes à responsabilités car elles souffrent de ce sentiment d’imposture et vont moins chercher cette promotion.

Découvrez pourquoi le syndrome de l’imposteur ne doit plus être une excuse pour expliquer les inégalités du monde professionnel.

Femme et syndrome de l’imposteur : le manque de représentation

Nous ne naissons pas avec le syndrome de l’imposteur. Cependant, celui-ci s’insinue dans nos vies dès notre enfance. En effet, le magazine américain Sciences a démontré qu’à 5 ans, les petites filles identifient une personne décrite comme intelligente, résolvant des problèmes mieux et plus rapidement que tous les autres, comme de leur propre genre. Dès 6 ans, la tendance s’inverse et elles désignent cette personne comme un garçon. Les causes ne sont pas difficiles à cerner : autour d’elles, les personnes à postes importants, avec une forte visibilité, sont des hommes. D’après un rapport de l’ONU, au 1er janvier 2021, seuls 22 pays, sur 193, sont dirigés par des femmes. Dans les films et séries, les personnages principaux, les héros, sont majoritairement des hommes, reléguant les femmes au second plan. Une étude de 2016 révèle que, sur 30 films d’animation Disney et Pixar, 22 donnent plus de temps de parole aux personnages masculins. Heureusement, les studios d’animation tendent vers l’amélioration de ce pattern. Le manque de représentation nous conditionne donc à demander moins, à rêver moins grand, à rester dans les cases imposées par la société. Les femmes racisées et/ou de la communauté LGBTQ+ sont par ailleurs les plus touchées par cette invisibilisation.

Femme et syndrome de l’imposteur : arrêtons de nous culpabiliser

 Le syndrome de l’imposteur, nous en entendons parler en long, large et travers. Une rapide recherche Google nous donne des centaines de résultats nous expliquant comment lutter contre ce syndrome, comment se sentir légitime à demander ce qui nous revient. Nous trouvons tout autant de coachs prêts à nous aider à nous débarrasser de lui. Et c’est formidable. Cependant, cela peut laisser un arrière-goût désagréable. Encore une fois, la société rend les femmes responsables de leurs maux. Plutôt que de travailler ensemble, quel que soit notre genre, a effectué un changement profond, nous demandons aux femmes de faire mieux, de faire plus, d’aller chercher elles-mêmes ce qu’elles méritent, une par une. Plus encore, nous nous considérons comme responsables de notre lenteur d’évolution professionnelle, responsables de ne pas avoir eu cette promotion, responsables de gagner moins que nos collègues masculins. Nous finissons par tout mettre sur le compte d’un manque de confiance en nous, d’un sentiment d’illégitimité.

Femme et syndrome de l’imposteur : comment agir ?

Rappel historique 

C’est la loi du 13 juillet 1965 qui a autorisé les femmes à travailler sans l’autorisation de leur mari et à ouvrir leur propre compte en banque. Certains prendront ce fait comme excuse pour expliquer qu’en 2021, aucune femme n’est présidente d’une entreprise du CAC 40. On nous dira qu’en plus de 50 ans, le monde du travail a bien évolué, que Rome ne s’est pas faite en un jour. Que leur arrivée tardive sur le marché professionnel explique les écarts de salaires, le manque de promotion, la précarité dont souffrent de nombreuses femmes dans leur milieu professionnel. Puis, on nous répondra d’être gentille et de patienter encore un peu. Or, les femmes ont toujours travaillé. Souvenons-nous que jusqu’au XIIIe siècle, les femmes pouvaient par exemple être médecins, mais elles ont peu à peu été chassées des professions prestigieuses et rémunératrices. Au XVe siècle, il y avait un salaire féminin. Pendant les deux guerres mondiales, ce sont les femmes qui ont remplacé les hommes partis à la guerre, dans les usines comme dans les bureaux. Elles ont ensuite été gentiment renvoyées à la maison pour repeupler le pays.

N’arrêtons pas le combat

Spoiler-alert : ce n’est pas le sentiment d’illégitimité qui nous empêche de dépasser le plafond de verre, c’est la société qui nous entoure. Agir individuellement, comprendre quels mécanismes faire tomber en nous, c’est un début. Mais si nous voulons faire évoluer le monde qui nous entoure, il faut opérer tous ensemble, quel que soit notre genre, notre éducation ou notre milieu. Les hommes ont tout à gagner à nous donner la moitié du gâteau. En effet, une étude de l’Observatoire Skema montre que les entreprises plus féminisées ont tendance à être plus rentables. Éduquons les nouvelles générations. Montrons des femmes leaders, des femmes ingénieures, des femmes politiques … Arrêtons de dire aux petites filles seulement qu’elles sont jolies et qu’elles doivent être gentilles. Disons-leur qu’elles sont fortes, capables, intelligentes, meneuses. Donnons-leur des modèles à suivre. Apprenons-leur à rêver grand. Comme l’a si bien dit Françoise Giroud : « La femme serait l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente ». En attendant, arrêtons de culpabiliser les femmes et de les rendre responsables de leur situation professionnelle, en invoquant le syndrome de l’imposteur. Soyons attentifs aux mots que nous employons quand nous parlons de nous, de nous appeler impertinentes quand nous demandons juste à ne pas rentrer dans le moule, à avoir ce qui nous revient et que nous posons justement, des questions pertinentes.

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