Déracinée
D'abord,
Ce fut l'odeur de ma sœur Tabac,
Sœur lointaine,
Consumée.
Ensuite,
Ce fut l'odeur d'un charnier entier de mes frères arbres
sédimentés pour continuer à faire vivre les profondeurs de notre mère-terre,
Calcinés.
Maintes fois transplantée avec bonheur,
Je suis
Déracinée.
De là-bas,
J'ai gardé le goût de la terre,
L'odeur de l'air,
Le cocon de mes plantes-sœurs
Et de ma plante-sœur préférée qui me faisait de l'ombre
Un rosier magnifique à l'odeur réconfortante
Et la saveur de l'eau fraîche qui entre nous circulait...
Sans plantes-sœurs à mes côtés
Ce sol inconnu
Pauvre
Glyphosaté comme peut l'être la pensée
Me répugne
L'air est irrespirable
Et l'eau me noie
Comme une colère dépressurisée qui ne laisse que le vide
Maintes fois transplantée avec bonheur,
Déracinée
Je suis