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Billet de blog 8 juillet 2023

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Néologisme: consentementwashing

J'ai reçu d'Enedis un courrier me présentant le contexte d'utilisation de mes données (une étude sur les consommations électriques) et m'informant des modalités d'opposition à leur utilisation. Bien qu'il n'évoque par le consentement, cette notion est au coeur de l'éthique en recherche et est également évoquée par le RGPD.

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Bonjour,

Cette étude est certainement très intéressante. Mais je ne peux en aucun cas consentir à l'utilisation de mes données, dans la mesure où vous ne me demandez pas de consentir mais de céder.

Ayant moi-même fait de la recherche pendant une dizaine d'années, je comprends parfaitement la difficulté que vous souhaitez résoudre (le peu d'accords que vous recevrez, si les personnes doivent faire la démarche de consentir). Mais l'éthique impose d'affronter ces difficultés et non de les contourner. En tout cas, dans la recherche. Ce qui, apparemment, ne vaut pas pour les entreprises ni pour l'Etat français depuis quelques années (ex: Mon Espace Santé créé par défaut).*

Par ailleurs, il n'est pas stipulé dans votre courrier de quand à quand ces données seraient récoltées. Cela aussi est problématique. Cela signifierait-il que la collecte a d'ores et déjà débuté?

Je récuse donc cette façon de ne pas demander le consentement avant d'agir, alors que le consentement implique de demander l'accord de la personne avant de faire quoi que ce soit.

Je récuse également cette façon de forcer la main de vos clients/bénéficiaires/de mes concitoyen·nes en jouant sur le levier cognitif du "moindre effort". Effectivement, le RGPD stipule que le consentement "assure aux personnes concernées un contrôle fort sur leurs données, (...) en leur permettant de choisir sans contrainte d’accepter ou non ce traitement". Le fait de devoir activement refuser de vous autoriser à collecter nos données constitue en soi une contraint, puisque cela va à l'encontre du principe du moindre effort. A ce titre, votre pratique de la demande du consentement n'est qu'une façon de plus de nous conditionner collectivement à accepter tout et n'importe quoi, sous n'importe quel prétexte. Dans le contexte actuel, cela s'apparente à une forme de dressage. J'ose le néologisme: c'est du consentementwashing.

Enfin, je récuse vos pratiques de recherche/étude concernant la demande de consentement, parce qu'elles contribuent à brouiller cette notion, alors même que beaucoup de personnes travaillent à une éducation collective au consentement, dans l'intérêt des femmes, des enfants, des personnes en situation de handicap, des personnes très âgées, et plus généralement des personnes vulnérables.

Je réitère donc mon refus que vous utilisiez mes données.

Par ailleurs, je me réserve le droit de publier ce mail sur mon blog.

Bien cordialement,

Stéphanie Gosset

Consentement et RGPD: https://www.cnil.fr/fr/les-bases-legales/consentement

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