Introduction
Dans la genèse, il est écrit « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur tout animal qui se meut sur la terre.(…) je vous donne toute herbe portant de la semence (…) elle sera votre nourriture.… »
Keynes a dit « À long terme, nous serons tous morts ».
Arnold Toynbee ajoute « les civilisations meurent de suicide, pas d’assassinat ».
Enfin Pour Yves Cochet : « On n'a pas à choisir si l'on est pour ou contre la décroissance, elle est inéluctable, elle arrivera qu'on le veuille ou non ».
Ce post pourrait s’arrêter là.
Tout est dit : le destin de l’homme (une espèce invasive ?) est de s’approprier toutes richesses naturelles pour son bien-être, dans ce mouvement d’appropriation le court terme prévaut sur le long terme dans nos décisions. En conséquence de quoi, il y a un risque d’effondrement de notre civilisation, car le plus probable est qu’il sera toujours trop tôt pour décider contre notre intérêt immédiat. Nous allons donc vers une décroissance forcée, pour avoir rejeté une décroissance choisie.
Je vais cependant essayer de vous en dire plus à propos de croissance et décroissance, dans une démarche de vulgarisation.
Quelles sont les limites du progrès matériel ? Pourrait-il conduire à un « effondrement de la civilisation » et à sa propre négation ou faudrait-il concevoir une bifurcation vers une « sobriété heureuse » déconnectée de l’idée de croissance ou d’accumulation ?
L’urgence écologique
Si la croissance devient un sujet d’interrogation c’est en raison du sentiment d’urgence écologique consécutive aux activités anthropiques et à l’expansion planétaire de l’espèce humaine. L’augmentation de nos consommations de ressources naturelles, la destruction d’écosystèmes naturels, peuvent-elle être poursuivies sans limites ?
Les crises pétrolières, puis la reconnaissance du changement climatique en cours, ont induit l’idée que nous devions réduire la pression sur l’environnement.
Quelques chiffres
Quelle croissance ?
La quantité mondiale de gaz à effet de serre émise en 2018 s’établissait à 49 milliards de tonnes de CO2, soit une augmentation de 50 % par rapport à 1990 et environ cinq tonnes par Terrien.
Les 1 % les plus riches (77 millions de personnes) ont généré en 2019 autant d’émissions de carbone que les 5 milliards de personnes, soit les deux tiers, les plus pauvres de l’humanité en 2023. En 2019. Les 10 % les plus riches sont responsables de la moitié des émissions mondiales.
Si on calcule l’empreinte écologique, l'ensemble des ressources disponibles sur Terre et qu'on divise par la population mondiale, chaque être humain dispose théoriquement de 1,9 hectare.
En 2023, selon le WWF pour régénérer ce que l’humanité consomme aujourd’hui, il nous faudrait l’équivalent de “1,7 Terre” en termes de surface. Si toute l’humanité consommait comme les Français, nous aurions besoin de 2,9 planètes.
En 2023, au niveau planétaire, le "jour du dépassement » était le 2 aout : A partir du 2 aout, nous avons vécu 5 mois en entamant le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre.
Si l'on regarde l'évolution de l'empreinte écologique de la France, celle-ci baisse en tendance depuis l'an 2000 et avec 4,8ha par habitant en 2019 nous avons retrouvé le niveau de l'empreinte de 1966. Mais si l'on raisonne en empreinte globale, compte tenu de l'augmentation de notre population notre empreinte collective est encore supérieure de 35% à celle de 1966, malgré nos efforts récents.
Pour comparaison, l'empreinte écologique des Etats unis est de 8 ha/h, celle de la chine 3,7 ha/h., celle de l'Arabie saoudite est de 5,8 ha/h.. Elle peut être inférieure à 1 ha/h. dans certains pays d'Afrique ; la moyenne mondiale se situe à 2,6 ha/h.
L'empreinte écologique mondiale a en fait dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980. On surconsomme les réserves, en surexploitant les milieux.
La Croissance
Avant la Révolution industrielle, la croissance économique est essentiellement liée à celle de la population : on produit plus parce qu’il y a plus d'individus pour produire, mais le niveau de vie varie peu.
À partir du 18ième siècle, la croissance économique se déconnecte de celle de la population et l’augmentation du niveau de vie devient exponentielle. Cela s'explique essentiellement par le progrès technique.
La croissance économique, aussi bien comme phénomène que comme donnée objectivable, est quelque chose de récent, lié à l'apparition de statistiques nationales.
Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie. Ces transformations sont, désignées par le terme de développement économique.
Les théories explicatives de la croissance économique sont relativement récentes. Elles tendent à mettre en avant le rôle primordial du progrès technique. Sur le long terme, il serait capable de rendre plus productive une économie. Sans lui, la production moyenne par habitant finirait par stagner.
Au vingtième siècle, après la crise de 1929, la préoccupation majeure a été de déterminer les conditions de la croissance. Il s’agit de conduire la bonne politique économique pour garantir la meilleure croissance, équilibrée.
Avec Schumpeter, La croissance économique se définit comme synonyme de « progrès » : un processus cyclique de création, de destruction et de restructuration des activités. C’est un processus de destruction créatrice. Le concept d'innovation tendra à remplacer celui de progrès. Schumpeter estime que la technique et le progrès technique permettent de produire plus avec moins.
Avec l’apparition de la problématique environnementale à la fin du 20ième siècle la théorie de la croissance prend de nouveaux développements : pour certains, ce ne serait plus tant le progrès technique en lui-même qui serait générateur de croissance que l’énergie mise en œuvre.
Gaël Giraud et Zeynep Kahraman montrent que le PIB est fortement dépendant de l'énergie :
Une baisse de 10 % de la quantité d'énergie disponible dans une économie donnée entraîne une baisse de 6 % à 7 % du PIB. Ces auteurs ont une approche biophysique de l'économie qui tient compte des ressources naturelles et des sources d'énergie en plus du capital et du travail.
Toutefois l’énergie nécessite technique, capital et travail être mise en œuvre.
Xavier Sala-i-Martin avance que plus un pays est riche, moins il croît vite. Cette hypothèse est connue sous le nom de convergence conditionnelle.
Thomas Piketty fait l'hypothèse que la période de forte croissance économique est terminée et qu'il y a toutes les raisons de penser que la croissance devrait revenir à un niveau plus faible dans un régime stationnaire : la croissance a-t-elle un avenir ?
Il existe une relation équivoque entre l'économie et l'environnement. Les économistes voient l'environnement comme une partie de l’économie, alors que les écologues voient plutôt l'économie comme une partie de l'environnement.
En économie, les courants théoriques dominants, l'école classique et l'école néoclassique, n'ont retenu que les deux facteurs de production capital et travail, négligeant le facteur terre (l'environnement).Un modèle de développement qui permet de concilier progrès technique, productivité, et respect de l'environnement est à repenser.
Sortir du modèle « croissantiste » ?
Économie et entropie
Au début des années 70, L’économiste et mathématicien Georgescu-Roegen tente un rapprochement entre l'économie en général et un principe physique. Il estime que le modèle économique néoclassique ne prend pas en compte les phénomènes de dégradation de l'énergie et de la matière. Il pense pouvoir fonder quant à lui son modèle économique sur le deuxième principe de la thermodynamique et la notion d'entropie, selon lequel, par le biais des différents processus de production, la matière et l'énergie se dégradent de manière irréversible.
Il rappelle le deuxième principe de la thermodynamique, selon lequel l’énergie d’un système clos tend inéluctablement à la dégradation thermique, son entropie, aux dépens de l'extérieur. Il rappelle aussi que le processus économique matériel ne peut se répéter et s’accroître indéfiniment dans un monde où les matières premières sont limitées.
Cette notion d’entropie établit un pont entre processus physiques et processus économiques.
Cette analogie remet fondamentalement en cause la notion de croissance économique pour prôner une bio-économie que la nature imposera, en raison de la finitude de certaines ressources et de l'entropie de tous processus productifs.
Georgescu-Roegen est considéré comme le principal théoricien du concept de décroissance. L’entropie contraindra notre système économique à plus ou moins long terme.
Le club de Rome
A la même époque, Le « rapport Meadows », commandé par le Club de Rome, intitulé les limites de la croissance met en évidence l'impossibilité d'une croissance illimitée dans un monde fini. L’intérêt de ce rapport était qu’en extrapolant les tendances existantes sur plusieurs indicateurs, des scenarii étaient élaborés et simulés sur ordinateurs.
La croissance démographique alors était forte. On pouvait s’attendre à une population de plus de 12 milliards d’individus au milieu du 20ième siècle. La croissance économique mondiale croissait plus rapidement encore que la croissance démographique.
Le rapport conclut que les ressources énergétiques telles que le pétrole ou le gaz, ne seraient pas suffisantes pour assurer la pérennité d’une telle croissance au-delà du 21ième siècle. Les progrès scientifiques ne sont susceptibles que de retarder l’échéance de la pénurie. On peut prévoir que la croissance sera dans le siècle à venir handicapée par le prix croissant des ressources naturelles. De plus, la croissance est à l'origine d’une très forte pollution probable que la planète ne pourrait absorber.
Par le jeu de ces interactions, une consommation excessive des ressources naturelles peut entraîner une crise économique durable. Ainsi, la croissance économique s’arrêtera faute de matières premières ou de ressources naturelles, la population diminuera faute de nourriture ou, en raison de conflits armés.
Cela conduit les auteurs à envisager pour l’avenir plusieurs scénarios, et ils constatent que les seuls scénarios sans effondrement sont ceux qui abandonnent la recherche d'une croissance exponentielle illimitée.
Le Rapport Meadows constitue l’acte de naissance d’un courant de réflexions sur les impacts environnementaux des activités humaines, rompant avec la dichotomie entre capitalisme et socialisme, centré sur la question de la propriété des moyens de production et de la répartition des richesses.
L'étude a inspiré de multiples réflexions sur le concept de développement soutenable, qui s'est progressivement imposé depuis les années 1980 et 1990 dans la communauté internationale.
Le développement soutenable
En 1987 le rapport Brundtland donne la définition du développement soutenable :
C’est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et notamment des besoins essentiels des plus démunis qui sont prioritaires, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.
En 1992 le sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, consacre le terme « développement soutenable », et marque la naissance de l'Agenda 21, sa mise en œuvre à l’échelle locale.
On distingue habituellement trois domaines de soutenabilité, « trois piliers », qui sont l'environnemental, le social et l'économique. Dans sa conception, la notion de développement soutenable inclut une notion d’équité, accessible à tous.
En 1979, Hans Jonas, philosophe, introduit le concept de responsabilité des générations présentes vis-à-vis des générations futures, des vies potentielles. Cette responsabilité, jusqu’alors était absente du calcul économique ou même de la notion de planification.
Dans le développement soutenable, la préservation de l'environnement doit être accompagnée de la « satisfaction des besoins essentiels (l’emploi, l’alimentation, l’énergie, l’eau, la salubrité). Cela se heurte à une difficulté, qui est de définir ce que sont les besoins des générations présentes, et plus encore ce que seront les besoins des générations futures.
La consommation de ressources et la production de déchets sont très inégalement réparties sur la planète.
Néanmoins, la détérioration de l’environnement et celle de la société affectent d’une manière particulière les pays les moins avancés.
La définition du développement soutenable issue de la commission Brundtland peut apparaître à certains dépassée. En effet, il ne s'agirait plus de viser, comme dans les années 1980, la satisfaction des besoins lointains de générations futures mais la satisfaction actuelle des besoins, compromise par les crises environnementales et sociales que connaît le XXIe siècle.
Aujourd’hui, les décroissants se démarquent du concept de « développement soutenable »
Mesurer le développement
L’objectif de développement soutenable induit nécessairement son évaluation et donc la recherche d’indicateurs plus riches que les indicateurs économiques traditionnels, tel le PIB.
La mesure du développement soutenable est polémique, d'une part, il ne se traduit pas naturellement de manière quantitative, et, d'autre part, sa définition inclut une « appréciation » des faits qu’on veut mesurer.
À la fin des années 1990, le WWF va diffuser abondamment la notion d’« empreinte écologique » qui se mesure en « hectares globaux ».
La lutte contre le changement climatique quant à elle, a popularisé l’empreinte carbone.
En dépit de ces controverses techniques, quelles que soit les options retenues, le fait de disposer d'indicateurs de développement soutenable permet de baliser le chemin et de réduire l'impact environnemental. La véritable problématique est celle du rythme de cette réduction et de son adaptation aux menaces environnementales.
Décroitre ?
Effondrement
Depuis plus d'une décennie les alertes de scientifiques se multiplient et sont convergentes sur un possible effondrement des systèmes naturels.
Le Journal officiel définit l'effondrement comme "une Théorie selon laquelle des populations végétales et animales, voire des écosystèmes, sont voués à disparaître du fait d’une surexploitation qui excède leur résilience, entraînant la perte des services écosystémiques et un effondrement de la civilisation qui dépend de ces services".
Les risques d'effondrement du monde industriel contemporain concernent la possibilité que des bouleversements majeurs affectent l'environnement et les sociétés humaines avant la fin du XXIe siècle en raison notamment de l'extinction en cours de nombreuses espèces vivantes et du réchauffement climatique. Ces risques sont de nature systémique.
De nombreuses menaces environnementales sont autant de causes d'un possible effondrement. C'est leur interconnexion qui accrédite la théorie d’un possible effondrement systémique global.
Les premières études rigoureuses et vérifiables n'apparaissent qu'à partir des années 1970.
Les principaux facteurs d'effondrement sont l'approche des limites physiques (manque de ressources et énergie), le dépassement de seuils de basculement irréversibles (des systèmes climatiques et écosystémiques), l'inertie de notre société et la vulnérabilité des réseaux.
Les dégradations environnementales ont un coût, qui pourrait devenir prohibitif et annuler les gains de la croissance.
Le rapport « Global Tipping Points », paru en 2023 à l’occasion de la COP28 , en se référant au concept de « Point de bascule », décompte 25 points de bascule planétaires.
La Décroissance économique
La réponse technologique est insuffisante face à la crise écologique. Un rapport récent de l’agence environnementale européenne (EEA), indiquait, qu’au plan mondial, on n’observait aucun découplage entre la croissance économique et l’empreinte matérielle. La consommation de ressources augmente au même rythme que celui du PIB. Le rapport conclut que ce découplage est hautement improbable avec le modèle économique dominant, intensif en besoins matériels.
Dans son livre « sans transition », JB Fressoz, ne parle que de la transition énergétique mais il nous alerte sur la complexité des systèmes techniques que nous utilisons, leur nature symbiotique.
En 40 ans, la quantité de co2 émise pour produire 1$ de PIB mondial a diminué de 40% sans pour autant réduire la quantité totale de co2 émis, car simultanément le PIB a crû de 412% ! Ces chiffres interrogent : peut-on sérieusement tabler sur le seul progrès technologique pour régler la question climatique et poursuivre en parallèle la croissance économique ?
Le constat de base de la décroissance est parfois résumé par ce slogan : « une croissance infinie dans un monde fini est impossible ». Cela revient à poser la question du découplage du PIB d’avec les pressions environnementales. Peut-on avoir une croissance économique soutenue, et en même temps réduire significativement notre impact sur l’environnement ? Si oui, on a ce qu’on appelle de la « croissance verte » ; si non, il faut décroître.
La décroissance est un concept fondé sur le rejet du productivisme et de la poursuite de la croissance économique comme objectif des politiques publiques. Né dans les années 1970, il s'appuie sur l'idée que la croissance du produit intérieur brut (PIB) ne garantit pas l'amélioration des conditions de vie de l'humanité et la soutenabilité du développement.
Les « décroissants » se prononcent pour une éthique de la simplicité volontaire qui s’inscrit dans la continuité de la critique de la société de consommation.
Le mot « décroissance » en matière économique apparaît sous la plume d'André Gorz dans un article paru dans le Nouvel Observateur du 19 juin 1972 dans lequel il parle de « la nécessaire réduction de la consommation ». En 1975, il fait le constat que seule la décroissance économique peut enrayer le processus de destruction des ressources et du milieu.
Si la décroissance implique la récession et son corollaire la perte de qualité de vie pour toutes ou parties des catégories sociales, faut-il nécessairement passer par une crise économique plus ou moins violente pour échapper à l’effondrement et atteindre cette société « post-croissance » ?
La théorie croissantiste n’est-elle pas fondée sur une triple illusion : celle d’une croissance démographique continue, celle d’une énergie disponible inépuisable et celle d’une planète « incorruptible » ?
Or, on table désormais sur une réduction prochaine de la population humaine qui pèsera nécessairement sur le taux de croissance du PIB. Par ailleurs tendanciellement, le taux de croissance du PIB décroit à mesure que les nations s’enrichissent.
Le concept de décroissance soulève de multiples questionnements. Notamment sur la crise écologique planétaire.
Certains « décroissants » considèrent les « technologies vertes » comme une nouvelle « fuite en avant technologique » : elles perpétuent la prédation des ressources naturelles. Le pic pétrolier n'est qu'un aspect de la situation, des pics de production seront bientôt franchis avec les composants électroniques, avertit l'ingénieur Philippe Bihouix. Selon lui, il faut mettre un terme au mythe de l’innovation et surtout répondre à des besoins vitaux et non superflus.
Les décroissants dénoncent le matraquage publicitaire, instrument de propagande du productivisme et qui impose une culture marchande.
La plupart des décroissants dénoncent dans l'idéologie de la croissance, une conception du monde utilitariste marchande et lui opposent une approche désintéressée, fondée sur la simplicité volontaire.
La simplicité volontaire (sobriété heureuse)
La simplicité volontaire, ou sobriété heureuse, est un mode de vie consistant à réduire intentionnellement sa consommation.
La simplicité volontaire, consiste à rechercher le bonheur dans l'appréciation éthique pour améliorer la véritable « qualité de vie ». Elle s'oppose au discours économique et social dominant centré sur le progrès technique et le développement de la consommation. Elle s’appuie sur l'opinion que la consommation n'apporte pas le bonheur et accroît l'aliénation. Le bonheur par la consommation est une course sans fin.
La simplicité volontaire est une des composantes de la décroissance, elle se situe dans le cadre de l'initiative individuelle.
Le concept de simplicité volontaire est une représentation positive de la décroissance : consommer moins et mieux n'est pas vivre moins bien. C’est aussi une formulation globale des solutions mise en œuvre pour la transition écologique (consommer moins, utiliser des biens plus durables, réutiliser, substituer).
Critique de la décroissance
Pour de nombreux économistes, la croissance économique est perçue positivement.
À l'inverse, les épisodes de décroissance économique sont perçus négativement et qualifiés de récession économique. Mais pour le chercheur Wim Naudé, le monde connaît déjà une décroissance.
Une des critiques opposées à la décroissance par ses détracteurs est que les classes bourgeoises des pays développés, sous couvert de protéger l'environnement, souhaiteraient empêcher les pays dits « en développement » d'emprunter le même chemin économique que les pays occidentaux.
La décroissance démographique
Selon l’ONU, à l’horizon de la fin du siècle le tiers de la population vivra en Afrique. Le taux de croissance global de la population ralentit et la population mondiale pourrait se stabiliser, voire décroitre.
Ce qui constitue une nouvelle donne depuis le 19ieme siècle, pour l’économie libérale. La croissance peut-elle se poursuivre si la population décroit ? Ce sont aussi les régions les plus exposées aux conséquences du changement climatique qui devrait connaitre la plus forte natalité, une surmortalité n’est pas à exclure.
Le dernier rapport de l’ONU prévoit à partir de 2080 un déclin de la population mondiale. Selon ces dernières perspectives, la population mondiale progresserait de 8,2 milliards d’individus aujourd’hui à 10,3 milliards en 2084 avant de décroitre.
Le nombre annuel global de naissance a déjà atteint son maximum en 2016, le taux de fécondité, lui, va basculer au niveau mondial sous le seuil de « renouvellement des générations » avant 2030.
Une part « productive » de plus en plus restreinte de la population devra satisfaire les besoins d’une population « non productive » de plus en plus importante.
Le capitalisme tel qu’on le connaît aujourd’hui n’est pas prêt à faire face à un tel choc. La croissance, déjà en net ralentissement depuis un demi-siècle, ne pourrait encore que ralentir.
La baisse de la démographie alimente le discours nataliste d’un déclin démographique à enjeu civilisationnel. Le discours nataliste s’accompagne alors d’une rhétorique anti-wokiste qui peut aller très loin. Les responsables de la menace d’effacement démographique deviennent donc, pour l’extrême droite, les féministes et les « lobbies LGBT », mais, aussi, les droits acquis par les femmes dont le droit à l’avortement.
Conclusion
La décroissance suggère de vastes questions philosophiques qui n’ont pas été traitées dans cet exposé didactique. La prise en compte de l’environnement dans le développement est récente, elle pose des questions méthodologiques complexes encore en débat et génère un bruit de fond idéologique.
La décroissance est-elle un rêve de riche ? Politiquement, le concept est « invendable ».
La décroissance constitue une critique non marxiste de l’économie libérale, héritière de théories classique puis néo-classique.
A l’accumulation continue de « richesses » rendue possible par le progrès technique, elle oppose les limites physiques de notre environnement, l’irréversible dégradation des ressources non renouvelables l’impossible justice sociale entre dix milliards d’humains.
Elle fait le constat de l’échec probable du développement soutenable.
A la notion abstraite d’ « utilité », dénuée de jugement moral, elle oppose une utilité empirique associée aux besoins primaires d’une l’humanité omniprésente, condamnée à un rationnement au moins temporaire, face aux défis des crises écologiques.
La décroissance démographique est prévisible, la dénatalité s’accélère. Elle permettra de réduire l’impact écologique de l’humanité, mais, compte tenu du niveau élevé de population et de la consommation, elle ne suffira pas pour régler la crise écologique à temps. Par contre elle va imposer une contrainte à notre modèle économique libéral fondé sur la croissance sans limite.
Ce rationnement ne peut être géré par les seules « lois du marché » qui conduiraient nécessairement à privilégier un intérêt individuel à court terme au détriment de l’intérêt collectif de l’humanité, et à considérer comme acceptable moralement que la population humaine soit une variable d’ajustement spontanée.
Cependant ne nous trompons pas d’objectif : ce qui est en jeu ce n’est pas la décroissance économique en soi, c’est la décroissance des impacts multiples et convergents sur l’environnement et la bonne question résultante est : est-il possible de réaliser cette décroissance à temps, sans décroissance économique ?