La tragédie en cours, la « guerre » dont a parlé Macron est l’arbre pourri qui cache la forêt en décomposition. Pendant qu’une partie de la France et du monde se bat contre la mort, contre le virus, une autre partie, confinée dans son égoïsme et son obscénité est rivée aux écrans, et regardent avec effroi les courbes de la bourse faire du yoyo. A coup de milliards de dollars par ci, de milliards d’euros par là, ils achètent, ils vendent, essayent de faire un petit sous au passage, analysent les signes de la sacro sainte reprise qui viendra, c’est certain et qui remettra le monde sur pied, et surtout sur les mêmes rails, jusqu’à la prochaine crise. En 2008, nous avons déjà épongé les conneries de ces irresponsables qui aveuglés par le gain, le toujours plus sont prêt à tous les sacrifices pour renforcer leurs pouvoirs et nourrir leur insatiable soif de richesses. Et une fois de plus, devant nos yeux ébahis, mesdames et messieurs, on va nous la refaire à l’envers, nous forcer à courber l’échine et à accepter d’être les dindons de l’histoire.
Pendant que certains citoyens meurent seuls, que les équipes de soignants se saignent, d’autres pleurent car « la bourse de Paris est dans le rouge, les investisseurs s’inquiétant de la propagation de l’épidémie de Covid-19 aux USA » alors que « mercredi, les marchés avaient enregistré leur deuxième séance de gains décents ». Quelle putain d’obscénité, quelle putain d’indécence ! Quand est-ce qu’on arrête cette mascarade, qu’on identifie clairement les responsables de cette crise sanitaire et écologique, et qu’au minimum on les foute au placard ? Ces pilleurs stupides qui se foutent de tout, qui emmerdent les hommes et le vivant en général, ces criminels en costume, ces clowns !
Macron est du même bois. Avec sa tête et son discours de premier de la classe, son timbre lénifiant et ses idées d’Enarque bien dressé comme un clébard.
Les services de santé se plaignent depuis des années du manque de moyens, ploient sous une pression de plus en plus grande chaque jour, avec des pans entiers de secteurs médicaux abandonnés (la psychiatrie notamment). Et ce délabrement organisé du système de santé (mais pas seulement) n’est pas le fait du hasard, de l’histoire, ou du temps qui passe. Il est la résultante directe des choix politiques de nos « élites » successifs, des coupes budgétaires à répétition, à la précarisation de plus en plus fréquente des travailleurs. Nos « élites », vous savez ces gens pour lesquels nous votons et qui sont sensés faire des choix éclairés pour nos sociétés. Quelle blague !
Hier, cet âne annonce, devant le sacrifice des soignants en première ligne et la mort de certains d’entre eux, qu’il va enfin leur distribuer quelques miettes des milliards d’euros (2000 milliards aux USA, 700 milliards d’euros en Europe, 300 milliards en France), qui bientôt vont couler à flot et irriguer notre sacro saint système capitaliste et libéral. Alors que ça fait des années qu’on nous explique qu’il n’y a plus d’argent !
Au delà de l’obscénité du moment et du contenu de cette annonce, il reconnaît clairement que le droit de grève ne sert à rien, que la lutte sociale est aphone et inutile.
En gros, qu’on a droit de manger dans la gamelle capitaliste que quand on l’aide à se maintenir en place et à renaître : courageux soignants, chevaliers modernes, vous auraient droit à nôtre obole, mais d’abord stoppez moi ce vilain virus, qu’on puisse reprendre notre séance collective de viol massif de la planète et des hommes !
Ça me donne personnellement envie de vomir, ça fait monter en moi une colère profonde et froide et puis aussi une sacrée envie de révolution et de renversement. Envie de casser des choses, de renverser la table, de profiter de cette pause pour rebattre les cartes et faire éclore une autre société, moins vorace, moins avide, moins rapide, moins violente.
Plus juste et plus douce. Cette fois on ne doit pas revenir en arrière !
Depuis le début du confinement, qui oblige notre monde toxicomane à un sevrage général et violent, on est comme hébété, on a du mal à croire et à voir nos sociétés arrogantes et hyper connectées s’effondrer comme un petit château de cartes. Et pourtant… Quelle claque !
Vécu de Lozère, via les articles et via la radio, c’est vertigineux et hypnotisant. J’ai si souvent rêvé à ce moment, à la chute du capitalisme et de ses théories libérales destructrices. J’en ai rêvé et le Covid-19, un virus parfaitement naturel, dénué de capacité de calcul, amoral, invisible et incontrôlable le fait… Il nous impose par sa virulence une remise en cause totale de nos modèles de vie et de nos économies… C’est un moment dramatique et lumineux ! Nous sommes forcés de regarder avec effroi à l’intérieur de nous et d’analyser les immenses dérives dont nous sommes tous responsables : l’hyper consommation, l’hyper mobilité, l’hyper connectivité, l’hyper plastique, l’hyper pollution, l’hyper prédation, le tourisme et l’industrie de masse. Notre immense connerie et notre prétention encore plus grande !
Le rythme affolant et envahissant qu’on nous impose est soudainement cassé. Chez nous, comme pour se raccrocher à ce vieux monde à la dérive, on a continué à se réveiller tôt et à réveiller les enfants aussi, pour leur faire l’école à la maison et ne pas sortir de la camisole temporelle qu’on nous impose depuis qu’on est gamin : le jour appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Quel proverbe de merde !
A force d’observer nos chats, nos chiens qui passent le plus clair de leur temps à pioncer et à se lécher le trou de balle… On a craqué… On se réveille vers 8h-9h, et ça fait un bien fout ! Le réveil, on t’emmerde ! Mort aux horaires, mort aux plannings, mort au travail sous toutes ses formes ! Vive la glande, les repas en famille, les parties de cartes, les séances de DVD de films qu’on a vu cinquante fois !
Il n’y a plus d’horizon, plus de perspectives claires. On navigue à vue, sans pouvoir planifier quoi que ce soit, perdu au milieu d’un épais brouillard. Et malgré l’angoisse et l’anxiété que provoque cet état, c’est jouissif… Ne plus rien faire, plus de plans de carrières, plus de projets, plus d’avenir, juste celui d’aller faire trois courses pour renouveler le stock de bières, de légumes et de pâtes si nos chers concitoyens en ont laissé…
Il y aura eu un avant.
Mais pour que tous ceux qui sont touchés dans leur chair et dans leur famille trouvent un sens à ces sacrifices et à cette crise, il faut impérativement un après. Cette crise du sens de nos sociétés doit nous conduire à la construction d’un Nouveau Monde, collectif, fraternel, solidaire et respectueux de notre planète et des êtres vivants qui tentent encore désespérément d’y survivre.
Une révolution nous a été imposée par le Covid-19. Emparons nous d’elle, agissons , réglons nos comptes au vieux monde, et de cette obscurité, faisons jaillir la lumière.
Salut fraternel à tous.