gregoire.hk (avatar)

gregoire.hk

Auteur Journaliste

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 septembre 2023

gregoire.hk (avatar)

gregoire.hk

Auteur Journaliste

Abonné·e de Mediapart

GoGo gadgeto Entreprenariaux [Version Courte]

Retour gonzo sur le Go Entrepreneurs, Ex Salon des Entrepreneurs (avril 2023).

gregoire.hk (avatar)

gregoire.hk

Auteur Journaliste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Faut que tu ailles chercher de l’argent à la région, il y en a plein, tu vas voir ». C’est par ces mots chaleureux en un temps où l’argent, il faut pourtant aller en récupérer partout sauf dans les poches des plus grandes fortunes, qu’on arrive au Go Entrepreneurs. Un gros machin aux relents de meeting macroniste déguisé, organisé début avril par le groupe Les Echos/Le Parisien à la Defense Arena (à ce niveau, ce n’est plus un Ménage, c’est l’Ethique qui est javellisée). Une opération com’ offerte sur un plateau pour y distiller l’idéologie gouvernementale : remplacer les citoyens par des entrepreneurs.

Les VRP d’Etat sont ici chez eux, venus « tenir le rang de grande nation entrepreneuriale qu’est la France ». Pas besoin de chercher les casseroles, elles sont exposées sur scène, mais ne résonnent pas. Olivia Grégoire (ministre déléguée chargée des PME) ne boude d’ailleurs pas son plaisir : « Dans ce pays, on a un certain talent pour commenter les mauvaises nouvelles. Là, je vais vous en donner de bonnes. Les pessimistes peuvent partir ». Ceux qui n’aiment pas l’entreprise ou osent la critiquer, c’est pareil. Comme persifle l’animateur, Jean-Michel Bâtard : « certains trouvent de bon goût de tancer la finance qui exploiterait Pierre Paul Jacques… » (tout en levant les yeux au ciel).

Les médias, ces méchants anticapitalistes sont aussi rhabillés par la ministre : « 49% des jeunes sont prêts à se lancer dans l’aventure entrepreneuriales. Des chiffres que je partage car ils ne ressemblent pas à ce qu’on peut lire et entendre ». Un peu plus tard, Marlène Schiappa, (secrétaire d’Etat à l’ESS et à la vie associative, pour rappel) venue sous haute sécurité en plein dans les prémisses de l’affaire du fond Marianne et de sa couverture toute en finesse et drapée de détournement pour Playboy, en rajoutera une couche. Quitte à séparer le bon grain de l’ivraie dans cette « jeunesse » qui peut parfois se fourvoyer : « on dit la jeunesse contestataire, individualiste, mais je ne suis pas d’accord quand je vois tous ces futurs entrepreneurs ». L’avenir est sauf.

L’Etat aussi. Ou plutôt ce qu’il est devenu. Le projet politique macroniste est explicite dans la bouche de Jean-Noël Barrot (ministre délégué à la transition numérique) : il fallait créer « l’environnement le plus souple possible pouvoir entreprendre. (…) ‘’L’accompagnement’’. Cette logique a infusé dans l’ensemble des services de l’Etat au service des entrepreneurs. ». Les citoyens eux, peuvent toujours se démerder (ou créer leur boîte). A tous niveaux, les intervenants de l’Etat sont venus expliquer à quel point les aides financières sont nombreuses et faciles à obtenir.

Le ruissellement, c’est ici que ça se passe et ça dégouline un peu partout. Et pourquoi se gêner ? Après tout, ici, c’est une fête géante, grande roue gigantesque et absurde à l’appui. Ou plutôt un cirque sordide, avec des performances de danse en interlude. Et les fauves sont bien là, mais en costumes. « Entrez dans l’arène » indiquait un portique à l’arrivée qui forçait la métaphore du sport de combat ; « Lâchez prise » indiquait un slogan libertarien habituel un peu partout. Les aventuriers solitaires ressemblaient pourtant bien plus à des adolescents bien incapables de lâcher les mamelles d’un gouvernent nourricier. Il fallait croire que les entreprises oubliaient un peu vite que la main invisible existe bel et bien : c’est celle de l’Etat.

Ps : Le clown en sous-chef était malheureusement absent, Tartare Man lui-même, Olivier Dussopt. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir été prévu initialement. Mais un jour de manif, il faut croire que ça aurait pu « énerver ». Alors, il fallait l’effacer. Manque de pot, un trombinoscope dans le programme imprimé laissait toujours apparaitre son sourire crétin. Mais personne ne craquait. Tout allait bien.

*La Défense Arena, un lieu aussi froid qu’un couteau sous la gorge, aussi agréable pour les yeux que du gaz lacrymogène et aussi doux qu’un coup de matraque dans les côtes.

Illustration 1
Ex-Croissance © Johanna Beaussart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.