Un jour les blocages, le lendemain, la blockchain. L’enfer avant les flammes… Les réformes, c’est comme pour l’avenir, il faut toujours se projeter vers le futur, même par la force. Mon "présent", c’était celui de l’internet : le web 3-0, au bon goût dépassé. Et si ça pouvait faire penser au glorieux passé de Zidane, c’était plutôt pour le côté coup de boule.
À Virtuality, Carreau du Temple, l’ambiance est loin d’être futuriste. Carrément virtuelle même. Les stands miteux et déserts rappellent d’avantage un forum pour l’emploi, en tout aussi précaire et abstrait. La défaite y est omniprésente : « Non, le bitcoin n’est pas mort, oui, 99% des NFT sont des scams », tente de rassurer un tract. Les recettes semblent datées. Si on peut « renforcer l’engagement des équipes grâce au métaverse », le ringard reprend vite ses droits oralement, où l’on parle plutôt de « team building 2.0 » (oups, 3.0). Et quand juste avant de déjeuner, une conférence veut transformer les étudiants en entrepreneurs à l’heure où la majorité galère à se nourrir, on trouve cette soupe bien impopulaire…
Si les idolâtres technologiques sont aussi sereins, c’est qu’ils ont tout compris à la société. La preuve, à quoi bon craindre quelques années de boulot en plus quand « la passion est devenue le nouveau travail » ? Mais si je suis venu, c’est pour enfin comprendre la révolution survendue du nouvel internet. Et enfin tout s’éclaire : le Web3, c’est tellement génial que ça va répondre « aux inégalités », puisque « chacun veut avoir sa part du gâteau ». C’était donc ça… Mieux : tout internaute deviendra « producteur, propriétaire et influenceur/ vendeur de contenu » dans cet avenir strictement marchand. Leur modèle rêvé et assumé : le jeu vidéo Fortnite dont ils se félicitent ouvertement que des jeunes y perdent la notion du réel sans réaliser qu’ils y dépensent pourtant de l’argent véritable…
Le projet politique et idéologique derrière : l’abrutissement par la rapacité et la boursification du monde entier via internet. Un crypto fascisme.
Et pourtant, quelques craquelures apparaissent. Dans le métaverse tout d’abord, « cette bête sauvage qui peut devenir petit chien », et qui implique de caviarder le monde numérique de publicités déguisées. Ne serait-ce pas là juste une réponse tape à l’œil aux adblockers en ligne ? Et si leur « Révolution » n’était qu’un concept marketing ? Du technowashing ?!
Agrandissement : Illustration 1
