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Billet de blog 13 août 2015

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Fragment de vie d'intérimaire...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand on est intérimaire, on bosse parfois quasi à la "carte". Contrat de travail hebdomadaire, ou bi hebdomadaire, ou bien encore mensuel quand ce n'est pas pour une journée ou deux. Le mois travaillé est payé le mois suivant, (souvent le 12 du mois), possibilité d’acompte pour celles et ceux qui n'arrivent pas financièrement à atteindre cette date, mais ensuite il faut savoir gérer tout cela, ce n'est pas forcément évident. Toujours est il qu'un intérimaire ne reste pas moins salarié et donc protégé par le code du travail.

Fragment : Médecine du travail en mission intérim

Une entreprise temporaire me propose une mission et 2 jours après une visite auprès du médecin du travail. L'entreprise temporaire me fait savoir qu'elle prend en charge le temps de la visite une heure ; passé ce délai, je devrai selon elle rattraper le temps de travail non pris en charge dans l'entreprise utilisatrice. Le travail en question commence à 7h30 le matin, la visite est à 8h30. Les deux lieux sont trop éloignés l'un de l'autre, 20 km. En accord avec l'entreprise temporaire et l'entreprise utilisatrice, je commencerai la journée de travail après ma visite auprès du médecin du travail. De 7h30 à 8h30 donc, le temps est rémunéré comme du temps de travail, mais ensuite, il faut "rattraper".

Je fais savoir au téléphone à mon interlocutrice que je n'ai jamais vu ce cas de figure et qu'il me semble bien que tout déplacement à la médecine du travail est considéré comme du temps de travail quelque soit la durée de la visite. L'interlocutrice me dit : "Nous avons toujours fonctionné comme ça." Elle est de bonne foi, elle se renseigne auprès de sa collègue salariée, comme elle. Elle lui répond : "Oui, je crois." En fait, elle hésite, elle n'est pas sûr, elle ne sait pas. Elle me dit : "C'est les infos que je dois retransmettre." OK ! L'entreprise temporaire n'est pas d’accord, pour elle, pas de rémunération au delà d'une heure. Très bien, je cherche l'article en question, je le trouve, je fais un copier/collé, je le transmet par mail à l'entreprise temporaire :

Article R4624-28 du code du travail :

" Le temps nécessité par les examens médicaux, y compris les examens complémentaires, est soit pris sur les heures de travail des salariés sans qu'aucune retenue de salaire puisse être opérée, soit rémunéré comme temps de travail normal lorsque ces examens ne peuvent avoir lieu pendant les heures de travail.
Le temps et les frais de transport nécessités par ces examens sont pris en charge par l'employeur."

Je fais ma visite auprès du médecin du travail, je regagne mon poste de travail à 9h30. Il aurait fallu "rattraper" une heure. Je ne rattrape rien.

Le lendemain, "la chef d'agence" de l'entreprise temporaire me téléphone. Elle me demande la photocopie de ma carte grise en me disant d'un ton hautain : "Vous savez pourquoi n'est ce pas ?" Oui je sais pourquoi, je sais maintenant que je serai pris en charge intégralement, mais je sais surtout que des milliers d'intérimaires ont certainement "rattraper" un temps qu'ils n'auraient pas dû en plus des frais de transports perdus à cause de cette enseigne temporaire. Le temps de trouver l'article du code du travail ma pris 10 minutes. Le code du travail est si compliqué...

Depuis combien de temps l'entreprise temporaire agit elle ainsi ? Est elle en règle aujourd'hui ? La conversation téléphonique est sèche. Mon mail ne lui a pas plu, ça tombe bien, moi non plus, "la chef d'agence" ne m'a pas plus. Pas question de renouveler un contrat hebdo pour une voleuse de salaire qui rechigne à respecter le code du travail. Pas question d'augmenter la marge d'une enseigne temporaire de la sorte. Pas question de gagner moins pour qu'elle gagne plus. À la date d'échéance du contrat hebdo en cours, terminé, fin de mission !

Cela peut paraître anodin ou superflu pour certains à première vue. Ceux là ont la vue bien basse pour les 509 300 intérimaires de ce pays -chiffre 2013 INSEE- 

Parfois, il n'y a même pas de visite auprès du médecin du travail. On voit d’abord ce que l'intérimaire donne, on verra après...

Les intérimaires sont les salariés les moins biens protégés, les plus exposés aux accidents du travail à cause du manque de formation, ceci en raison du caractère "temporaire" de leur contrat de travail. Ils travaillent au sifflet, à la schlague...

Répétez le auprès des intérimaires que vous connaissez, informés les de leurs droits, ils sont comme tout salariés protégés par le code du travail, dites-leur, c'est de la bonne propagande.

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