Les éléments de langage du gouvernement restent inchangés. L’ampleur des mobilisations, le pacifisme et la détermination de celles-ci n’y changent rien. Ni plus, ni moins que les éruptions de colère et parfois de violences matérielles. A tout ceci nous obtenons pour seule réponse déni, mépris et novlangue.
Quand à cela s’ajoute le spectre de l’abandon de la mobilisation par certains syndicats si le Conseil constitutionnel validait la loi imposée par 49.3, on finirait presque par se dire que tout est cadenassé. Circulez, y’a plus rien à voir.
Peut-être pouvons-nous revenir très simplement à ce qui nous a réuni jusqu’à présent dans cette lutte.
Une réforme superflue et totalement injuste, défendue par un argumentaire mensonger.
- Oui, les carrières hachées seront les plus impactées et donc les femmes les plus malmenées.
- Non, il n’y aura pas une retraite minimale à 1200 euros pour des milliers de personnes.
- Oui, il y a certes moins d’actifs pour financer les retraites, mais la richesse que nous produisons a été multipliée par 5. Une meilleure répartition de cette richesse permettrait d’avoir un système de retraites parfaitement équilibré.
De nombreuses alternatives existent. Repenser nos productions et la manière de financer notre protection sociale est indispensable à l’heure où nous devons réduire la croissance dans de nombreux secteurs. A tout cela, partis politiques, économistes, syndicats, associations et citoyen.nes ont apporté des réponses et propositions crédibles.
Nous nous sommes battus durant 3 mois. Des levers aux aurores pour des actions de blocage, des journées de grève et des pertes de salaires, des réunions, des dizaines d’heures de discussions et des manifestations massives, à 11 reprises… Et tout ça pour obtenir quoi ? Pour parvenir au retour de la retraite à 60 ans ? Non ! Même pas. Pour le moment, nous ne sommes même pas parvenus à éviter de devoir travailler 2 ans de plus, jusqu’à 64 ans minimum…
Marine Tondelier le résumait simplement, le gouvernement promet aux futurs retraités de rajouter à leur carrière les 2 pires années, les plus difficiles, les dernières, et d’ôter de leur retraite les 2 meilleures, celles où les chances d’être en bonne santé sont les plus fortes.
Nous sommes lassés et fatigués, certes. Mais est-il alors envisageable de nous arrêter là ? Allons-nous courber l’échine devant les prétendues injonctions des institutions financières ou agences de notation ? Allons-nous céder à un Président à la légitimité particulièrement réduite et au comportement qui interroge les médias du monde entier ?
Et au-delà des retraites, allons-nous accepter de voir ainsi une crise démocratique s’enkyster et donner à penser que ce gouvernement ou d’autres peuvent faire de notre modèle social ce qu’ils veulent ?
Nous sommes aujourd’hui encore à un moment décisif où il nous faut reprendre notre souffle, revenir aux enjeux essentiels et retrouver courage et enthousiasme.
Nous sommes tout près d’obtenir le retrait de cette loi mais aussi à 2 doigts de baisser les bras pour certain.es.
Ce n’est pourtant pas le moment ! Surtout pas, car nous allons l’emporter ! Non pas pour humilier nos adversaires qui sont capables d’user de toutes les méthodes – y compris la violence - pour imposer leur modèle mortifère.
Nous allons l’emporter parce que nous avons affirmé dignement notre volonté de ne pas passer notre vie à la gagner ni à poursuivre sur la voie qu’on trace pour nous et qui nous promettrait dans bien des domaines des perspectives calamiteuses.
Ce ne sera pas une victoire magnifique, ce ne sera pas une conquête sociale, mais l’empêchement d’un recul majeur et c’est déjà quelque chose.
Car nous allons retrouver un horizon. Encore un peu lointain mais qui se dégage peu à peu. C’est la renaissance d’un espoir d’avancées sociales possibles, grâce à notre unité. C’est un regain d’énergie dont nous allons bénéficier pour gagner réellement des conquêtes en matière de justice sociale, écologique et de démocratie.
Pour rester si inflexible, c’est que le gouvernement doit en avoir conscience et le craindre. Regroupons-nous, réorganisons-nous localement et nationalement et préparons l’après Conseil constitutionnel. S’il valide la loi. Il va nous falloir rester unis et combatifs, comme nous le sommes à Quimper et partout en France.
Multiplier et poursuivre les points de blocage comme les manifestations classiques, jusqu’au pourrissement, non du mouvement mais du gouvernement…