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Billet de blog 18 janvier 2023

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Réforme des retraites : pouvons-nous gagner la bataille ?

Nous sommes à la veille d’une mobilisation qui s’annonce de grande ampleur contre la réforme des retraites. Comme en 2010 qui avait rassemblé nombre de travailleurs.ses, à travers 8 grandes manifestations… avant qu’elles ne s’étiolent et que les états-majors des organisations syndicales de l’époque n’abandonnent progressivement le combat. La situation sera-t-elle différente cette fois ?

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 Biais de confirmation et fabrique de l’opinion

Lorsque l’on veut convaincre, on utilise parfois le biais de confirmation. On cite les sources qui nous arrangent en omettant les autres.

On emploie des arguments qui servent la cause et qui sont partagés par un certain nombre d’individus, en se gardant bien de préciser la proportion de citoyen.nes qu’ils représentent ; on néglige de préciser l’échantillon.

Venant du gouvernement qui défend sa réforme et qui cite Raymond ou Jacqueline qui vont profiter des prétendus progrès apportés, ce n’est guère étonnant que soient utilisés de tels stratagèmes.

Mais nous sommes souvent confrontés à l’utilisation de cette méthode par les médias qui seraient censés transmettre l’information et non défendre et servir sans y paraître l’idéologie dominante.

Les jours passés en fournissent de savoureuses illustrations.

Des sondages indiquent en effet que 70% de la population française est opposée à cette réforme des retraites du gouvernement Borne et du Président Macron.

Pourtant, si vous ouvrez un journal ou allumez votre radio, inlassablement, vous entendez ces jours-ci des témoignages qui ne sont en rien représentatifs des mêmes proportions, donnant autant la parole à ceux qui soutiennent la réforme ou n’y trouvent pas grand-chose à redire qu’à ceux qui la combattent.

Vu les sondages, l’unité à gauche et l’ampleur de la colère, rendre compte de l’opinion des Français pourrait être de donner à entendre davantage les personnes contre la réforme et donner une moindre place à ceux qui sont pour.

Evidemment, permettre à toutes les opinions de s’exprimer est essentiel et salutaire en démocratie. On remarquera au passage qu’il n’en est pas ainsi de tous les sujets, notamment dès lors qu’il s’agit des questions écologiques ou économiques, mais passons.

Cette façon qu’ont les médias d’amoindrir ainsi l’ampleur du niveau d’opposition citoyenne à la réforme est-elle seulement une sorte de déni de réalité de la part des rédactions ? Ne s’arrogent-elles pas aussi un rôle de garant d’une certaine idée de ce que doit être l’ordre social, l’économie et la politique ?

Quoi qu’il en soit, au final, ce sont toujours les mêmes intérêts qui sont servis, que ce soit de façon manifestement réfléchie, ou pas.

L’intérêt général l’emportera-t-il ?

Nombre des témoignages que l’on entend à la radio ou que l’on peut lire dans les journaux et qui s’opposent à la réforme des retraites mettent en jeu des situations personnelles ; des femmes ou des hommes qui devaient partir sous peu à la retraite et qui devraient finalement travailler quelques mois de plus pour certain.es, quelques années pour d’autres. Ou bien encore des travailleurs.ses qui subissent une pénibilité la plupart du temps non reconnue par la réforme.

Mais qu’en sera-t-il lorsque le gouvernement, après des mobilisations qui s’annoncent fortes, répondra à quelques attentes catégorielles ? Quand certains critères de pénibilité seront mis à l’étude dans une échéance indéfinie ou que la mise en œuvre de la réforme sera décalée dans le temps pour quelques un.es ?

Le risque est grand de voir le mouvement s’éteindre progressivement sous l’effet du doute, des fausses promesses et des coups de communication du gouvernement ou d’un Président de la République qui reviendra une nouvelle fois tenter de remporter le César de l’interprétation à grand renfort de travelling dans une intervention télévisée pleine d’empathie, de gravité et de responsabilité.

Nous devrions, à la veille de cette grande mobilisation contre la réforme des retraites, nous engager moralement à poursuivre le mouvement tant que la réforme demeurera injuste envers les moins favorisés et le plus grand nombre.

Il existe de nombreuses solutions pour financer le faible déficit annoncé du système de retraites comme l’a reconnu le Conseil d’Orientation des Retraites l’année dernière. Le COR relevait que toutes les options politiques étaient envisageables.

L’égalité salariale entre les femmes et les hommes rapporterait 5 milliards d’euros de cotisations. Augmenter les cotisations patronales et/ou salariales de 14 euros par travailleur.se résorberait le déficit. Sans parler du partage du temps de travail et la mise en place de taxations (les dividendes distribués en 2022 aux actionnaires du CAC 40 se sont élevés à 80 milliards d’euros…).

Une réforme avant tout idéologique

La réforme a, sinon pour objectif premier, au moins comme bénéfice secondaire le fait de renforcer le sentiment d’insécurité dans l’avenir dans un contexte où tout un chacun est fragilisé par l’inflation, la hausse du coût de l’énergie, les catastrophes écologiques en cours, la perte de lien social et d’esprit de solidarité.

Cette insécurité amène lentement mais sûrement, et avec le soutien de la publicité, nombre de Français.es vers l’idée qu’il vaudrait mieux se protéger, anticiper, prévoir. Derrière tout cela, c’est l’ouverture d’une voie royale à la retraite par capitalisation qui étend ses tentacules sur notre société et vient détruire l’un des systèmes de protection sociale les plus performants au monde.

Les plus riches n’en ont jamais assez et le gâteau des retraites est trop énorme pour ne pas se laisser tenter.

 Pas de fatalité

Un nouvel amoindrissement de notre système de protection sociale signerait encore un peu plus l’étiolement du dogme de l’intérêt général qu’il nous faut défendre bec et ongles.

Il n’est plus temps de déambuler gentiment dans les rues de nos villes. Les dénis de démocratie et les destructions par la finance sont paroxystiques.

Si nous voulons inverser la tendance, c’est le pays entier qu’il faut bloquer, ce sont les secteurs stratégiques qui doivent être affectés, seul moyen d’atteindre le cœur d’un système devenu mortifère pour l’ensemble des êtres vivants.

Allons marcher, défendre les alternatives auprès du plus grand nombre, occuper les ronds-points.

Arrêtons le travail ou, pour toutes celles et ceux qui n’en ont pas les moyens, contribuons aux caisses de grève, même modestement, pour que ceux qui en ont le pouvoir nous permettent de gagner collectivement cette bataille.

Grégory LEBERT

militant EELV Quimper Cornouaille

candidat EELV NUPES aux élections législatives de juin 2022

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