Réponse à un commentaire de René Lorient à propos du parcourt de la flamme olympique à Paris

N'est-ce pas étonnant que la société actuelle soit justement autant attaché à ses symboles?
C'est qu'au départ, pour qu'un symbole soit édifiant, et relayé, il faut qu'il cache une idée simple ou une valeur simple: la flamme, c'est la paix, la croix gammée, l'horreur absolue (du moins en Europe), etc... Le problème, c'est quand on soumet le symbole à un contexte: par contraste, cela tend à engendrer d'autres symboles qui ne sont pas, ceux-là, tout à fait délimités. Ils deviennent sujet à interprétation: hier, la flamme a été éteinte plusieurs fois. Qu'est-ce que ça veut dire, symboliquement ? Rien que sur cela, on peut déjà discuter.
Le mot, "olympisme", en lui-même est un symbole mais que devient-il quand on le mesure aux faits ? Je passe sur 1936, sur 1972, mais il y a eu les jeux Coca Cola, la corruption lorsqu'ils ont été confiés à Salt Lake City, des manifs réprimendées en Corée du Sud une semaine avant les jeux de Séoul ... A l'épreuve de l'histoire, l'olympisme, c'est une catastrophe ! Et tout cela devrait nous être livré sans un examen de notre part. Autre exemple: les valeurs du sport, c'est intouchable, ça ! Alors c'est quoi, ces valeurs ? La compétition, le fait qu'on gagne parce qu'on est le plus fort, la loi du plus fort quoi ! Le meilleur footballeur du monde qui marque un but de la main et qui est encensé pour ça : tricherie. Une athlète, l'une des plus grande, qui meurt d'une crise cardiaque, aux alentours de 30 ans: j'ai pas de mots pour cette valeur là. C'est vrai que là, je suis de mauvaise foie parce que j'aime ce spectacle et la notion de dépassement de soi.
Ce qui m'a frappé, en lisant votre commentaire, René, c'est le caractère quasi religieux qui entoure ce qui vous appelez l'idéal olympique. Vous auriez pu utiliser quasiment le même vocable en parlant d'un dieu. Attention, je ne suis pas du tout en train de vous taxer de fanatisme, je veux juste pointer cette sorte de transfert du sacré, de la pureté, qui se fait, à l'heure où nos églises se vident, de dieu vers cette "valeur olympique". Et c'est le même besoin de sacré que j'ai ressenti dans la déception sincère de David Douillet, hier (quoi qu'on puisse penser de l'homme par ailleurs).
D'ailleurs, à bien y regarder, les dernières cérémonies d'ouvertures de JO, ressemblent à des messes. Ecoutez les commentateurs des télés, c'est édifiant.
Alors, il a fallu, pour que l'humanité avance, pour qu'il y ait les progrès que vous avez mentionnés, que certains bousculent les valeurs, quitte à proclamer "dieu est mort". Il faut les bousculer, ces JO, il ne faut pas les laisser ronronné tranquillement tous les 2 ans. et franchement, est-ce que ça sert vraiment encore à quelque chose les JO ? Il faut arrêter ces jeux du cirque ridicule.